Couleurs des pigments

De Maisons Paysannes de France

Il existe une grande diversité de pigments purs en poudre. De compositions diverses et présentant une variété de couleurs, ces pigments sont soumis à des conditions d'utilisation précises.

Ils sont donc classés suivant différentes catégories et présentent des caractéristiques propres.

Les poudres portant la désignation "substitut" sont composées de pigments organiques et de charges minérales qui permettent de reconstituer la nuance de pigment véritable mais à un prix de revient moins élevé.

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Recueil technique Peintures et pigments

Ce recueil présente tous les conseils de la revue Maisons Paysannes de France en matière de pigments et de peinture: pigments spécifiques à une région, comment créer votre peinture…

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Les pigments blancs

  • les pigments d'argent "toxique" (carbonate hydraté de plomb). Ce blanc, très opaque, donne un film très solide. L'huile est le liant le plus utilisé. Il faut éviter les mélanges avec les cadmiums et les bleus outremers.
  • le blanc de lithopone (sulfure de zinc et sulfate de baryte). Ce blanc couvrant donne de la luminosité aux nuances. Il est entre autres très utilisé pour la préparation des enduits.
  • le blanc de Meudon ou blanc de Marly (carbonate de chaux naturelle). Il est considéré comme une charge naturelle tendre qui entre dans la composition d'enduit à l'eau. Il est souvent utilisé avec le blanc de lithopone.
  • le blanc de titane (dioxyde de titane) a une bonne stabilité à la lumière. Très couvrant, il se mélange à tous les pigments. Son association avec le blanc de zinc est conseillée.
  • le blanc de zinc (oxyde de zinc) se mélange à tous les pigments. Il donne un blanc relativement peu couvrant mais le film est solide. Remplace le blanc d'argent.

Les pigments bleus

  • le bleu azur (ton). Composé à base de bleus de phtalocyanine, ce pigment a un bon pouvoir couvrant et une bonne tenue à la lumière. Il donne un bleu turquoise vif et lumineux. Il peut être employé dans toutes les techniques.
  • le bleu de céruléum, "substitut" (composé à base de sulfate de baryte et de bleu de phtalocyanine) imite le céruléum véritable et possède les mêmes qualités de tenue à la lumière. Son pouvoir colorant est très élevé. Il est employé dans toutes les techniques.
  • le bleu de céruléum véritable (stannate de cobalt) sera préféré par l'utilisateur qui cherchera à obtenir une couleur opaque. Très stable à la lumière et inaltérable en mélange, son prix de revient est cependant élevé bien qu'il soit utilisable dans toutes les techniques.
  • le bleu de cobalt "véritable" (le cobalt est un métal blanc, voisin du fer et du nickel dont on tire différents pigments dont l'aluminate de cobalt). Cette teinte est très pure. Excellente résistance à la lumière. Il est stable dans les mélanges et se trouve utilisé dans toutes les techniques.
  • le bleu outremer clair (silico-aluminate de sodium polysulfuré). Très proche du cobalt, il donne des dégradés très frais. Il contient du soufre, il ne faut donc pas le mélanger au blanc d'argent et aux jaunes de chrome. Convient à toutes les techniques.
  • le bleu de Prusse (ferrocyanure ferrique) est un pigment difficile à broyer et à mouiller. Il a une assez bonne tenue à la lumière sauf dans les couleurs à l'huile où il a tendance à noircir. Son ton est frais en transparence et a une action siccative sur les liants gras. A déconseiller pour les fresques malgré son pouvoir colorant très élevé.

Les pigments jaunes

  • le jaune brillant (à nuance chaude) est obtenu par un mélange complexe qui a une bonne tenue à la lumière. Il s'emploie avec des liants comme l'huile, l'acrylique ou le caparol.
  • le jaune cadmium "véritable" (sulfure de cadmium). Ce pigment minéral est opaque, intense et couvrant. Il s'emploie dans toutes les techniques et possède une résistance à la lumière. Il ne fait pas bon ménage avec le blanc d'argent et les jaunes de chrome.
  • le jaune cadmium "substitut" (pigments monozoïques et charges minérales) présente une bonne tenue à la lumière. Il est stable dans tous les liants mais, pour la fresque, seuls les cadmiums véritables sont conseillés.
  • le jaune de chrome "toxique" (chromate de plomb). Ce pigment est l'ancêtre des cadmiums. Il a un pouvoir couvrant élevé. Donne un film très résistant mais, outre sa toxicité, présente certains aspects négatifs: il noircit en vieillissant et ne résiste pas à la lumière. Totalement déconseillé pour la fresque.
  • le jaune citron. Pigment azoïque de bonne lumière, ton jaune-vert, il sert de nuance de base pour une palette et est stable avec tous les liants. Déconseillé pour la fresque.
  • le jaune indien "substitut" est constitué à base de terres naturelles d'oxyde de fer, d'azoïque et de sulfate de baryte. Ce pigment transparent, solide à la lumière, s'emploie souvent pour réchauffer des tons. Il peut être utilisé dans toutes les techniques.
  • le jaune de mars (terres naturelles, oxyde de fer, azoïque) est un pigment transparent, très solide à la lumière. Il possède un pouvoir colorant élevé et s'utilise dans toutes les techniques.
  • le jaune de Naples "substitut" (oxyde de zinc et dioxyde de titane et monoazoïque). Donne un jaune lumineux et solide à la lumière. Il n'est pas conseillé pour la fresque.
  • le jaune de strontiane "toxique" (chromate de strontium). Il est d'un jaune pâle et à une solidité moyenne à la lumière. Il possède un bon pouvoir couvrant et s'emploie donc surtout en mélange. Il est déconseillé pour la fresque.

Les pigments rouges

  • le rouge de cadmium "substitut" (pigments azoïques, oxyde de zinc, charges minérales) présente les caractéristiques suivantes: bonne tenue à la lumière, bonne stabilité dans les mélanges. Ne pas utiliser dans la fresque.
  • le rouge cadmium "véritable" (sulfo séléniure de cadmium) est un pigment minéral opaque très couvrant. Remarquable résistance à la lumière, très stable dans les mélanges. Il convient pour toutes les techniques et en particulier pour la fresque. Il ne faut pourtant pas le mélanger avec les blancs d'argent.
  • le rouge foncé solide (laque de cadmium et charge minérale). Ce rouge organique donne un rouge carminé vif et intense avec un bon pouvoir colorant. Sa tenue à la lumière est moyenne. A proscrire pour la fresque. Il s'utilise principalement en décoration.
  • le rouge Hélios (rouge de toluidine) est un rouge organique d'un rouge vif très intense et très lumineux au pouvoir colorant très élevé. Il peut être utilisé dans toutes les techniques sauf la fresque.
  • le rouge de mars (oxyde de fer) est brun très foncé et donne un film transparent. Son pouvoir colorant élevé, sa stabilité à la lumière et dans les mélanges conviennent bien à la fresque.
  • le rouge de Saturne "toxique" (oxyde de plomb) est orange vif et opaque. Aucune solidité à la lumière.
  • le rouge de Venise (oxyde de fer) est brun très vif et très colorant. Il est recommandé dans la fresque pour ses qualités de stabilité à la lumière et dans les mélanges.
  • le vermillon français "substitut" (azoïque et charges minérales): ce rouge vif orange, lumineux et couvrant, convient à bon nombre de techniques, sauf la fresque.
  • le rouge de Chine "substitut" (rouge de toluidine et charges minérales) est un rouge "laqueux" foncé profond. Sa tenue à la lumière est moyenne. Il est déconseillé pour la fresque.

Les pigments bruns

  • le brun de Madère (pigment azoïque transparent et charges minérales). Ce brun est rougeâtre et très intense. Son pouvoir colorant, sa tenue à la lumière sont excellents mais pas recommandés pour la fresque.
  • le brun rouge (oxyde de fer) couvre bien et convient à toutes les techniques. Sa stabilité à la lumière et en mélange permet de l'utiliser dans la fresque.
  • le brun Van Dyck (oxyde de fer) est violacé. Il possède toutes les qualités déjà citées et convient dans toutes les techniques.

Les pigments verts

  • les verts anglais (azoïque et phtalocyanine) du vert tendre lumineux au vert foncé bleuté, ont un pouvoir couvrant très fort. Malgré leur bonne tenue à la lumière et en mélange, ils ne sont pas conseillés dans la techniques de la fresque.
  • le vert de baryte "toxique" (chromate de baryum) propose un vert pâle lumineux et couvrant. De grandes précautions doivent être prises dans l'emploi de ce pigment qui peut être utilisé dans toutes les techniques sauf la fresque.
  • le vert de colbalt (combinaison zinc-cobalt) tire sur le turquoise pour donner des verts lumineux et couvrants d'une très belle tonalité. Très stable à la lmumière et en mélange. Il convient à toutes les techniques y compris la fresque.
  • le vert émeraude 'substitut" (phtalocyanine obtenue par action de métaux -cuivre ou nickel- sur le phtalonitrite et charges minérales) s'approche de la nuance du vert émeraude "véritable", très lumineux au pouvoir colorant élevé. Il est déconseillé pour la fresque.
  • le vert émeraude "véritable" (oxyde de chrome "hydraté") est intense et foncé. Puisqu'il est transparent, il s'emploie surtout dans les glacis en huile. Moins vif et moins colorant que le vert émeraude "substitut", il est utilisé dans toutes les techniques et tous les liants.
  • le vert oxyde de chrome (oxyde de chrome anhydre), d'un ton vert sourd, couvrant, colorant et stable à la lumière, est apprécié des fresquistes. Il donne une pâte très agréable à travailler en huile.
  • le vert Véronèse (monoazoïque, phtalocyanine et charges minérales) a une tonalité vert pâle très lumineuse, couvrante et peu colorante. Il a une bonne tenue à la lumière et peut être utilisé dans presque tous les liants. Déconseillé pour la fresque.

Les pigments violets

  • le violet cobalt foncé "véritable" (phosphate de colbalt) est peu colorant mais couvrant. Il est utilisé dans toutes les techniques car très stable à la lumière et dans les mélanges.
  • le violet minéral (phosphate de manganèse) est un violet tirant sur le rouge déconseillé pour la fresque et toutes les techniques à base d'eau.

Les pigments noirs

  • le noir d'ivoire (os calcinés). Donne un noir chaud et intense qui dégrade au brun dans les blancs. Il a une très bonne tenue à la lumière. Il réclame un fort pourcentage de liant et à tendance à craqueler.
  • le noir pour fresque (mélange de noir carbone et fumée). Très stable à la lumière, ce noir s'utilise surtout dans la technique de la fresque où il trouve son terrain de prédilection.
  • le noir de mars (oxyde de fer) est un noir de synthèse d'une totale solidité à la lumière. Il se dégrade dans les gris froids. Utilisé dans toutes les techniques, il a une bonne siccativité.

Les pigments minéraux naturels

Les terres

Elles sont constituées par des oxydes de fer fixés sur des éléments proches de l'argile.

  • la terre d'ombre (argile colorée par du peroxyde de fer hydraté et du bioxyde de manganèse), qu'elle soit naturelle ou calcinée, est d'une solidité remarquable à la lumière et en mélange. Siccative par nature, il est inutile d'ajouter des siccatifs. Elle est recommandée dans la technique de la fresque.
  • la terre de Sienne (cette dénomination n'implique pas qu'elle vienne de Sienne en Toscane) est de tonalité jaune-brun donnée par le peroxyde de fer. Elle est très utilisée dans la fresque.
  • la terre verte est également un pigment minéral naturel dans les tons gris-verts ou vert composé de silicates complexes imprégnés de sels de fer.

Les ocres

De couleur jaune à rouge, pures ou mélangées, elles sont parfaitement stables à la lumière et sont particulièrement appréciées dans l'art de la fresque.

Bibliographie

  • PONTVIANNE C., SENNELIER D., Pigments purs en poudre, Revue Maisons Paysannes de France, n°120, 2T, 1996. pp.12-13.
  • BAUDRY M.-T., Broyeur de pigments : Le métier qui réveille les couleurs, Revue Maisons Paysannes de France, n°120, 2T, 1996. p.11.