Four à chanvre dans la Sarthe

De Maisons Paysannes de France

Le four à chanvre est une construction qui servait à la dessication du chanvre. Cette étape de séchage suivait celle du rouissage (pourissement dans l'eau des parties tendres et conservation de la fibre) et s'effectuait avant le broyage et le peignage de la fibre de chanvre restante.

Four à chanvre situé à St Rémy du Val Photo Patrick Dejust © Maisons Paysannes de la Sarthe.
Four à chanvre situé à Chérancé Tertifume Photo Patrick Dejust © Maisons Paysannes de la Sarthe.
On retrouve ce type de bâti dans les régions où l'on cultivait cette plante notamment en Sarthe, dans les pays de Loire ou en Touraine.

Ce type de four accompagne fréquemment des fermes et est bâti en général à l'écart des habitations afin qu'elles ne soient pas gênées par l'émanation des fumées.

Four à chanvre situé à Les Bondés, Assé-le-Riboul. Photo Patrick Dejust © Maisons Paysannes de la Sarthe.
Four à chanvre situé à Lucé-sous-Ballon. Photo Patrick Dejust © Maisons Paysannes de la Sarthe.

Architecture

Les fours à chanvre, suivant la région, ont un plan quadrangulaire ou cylindrique construits en pierre ou en brique et sont couverts par d'un enduit de sable et de chaux grasse. Dans la Sarthe (dans l'ancienne partie du Haut-Maine), le four est cylindrique tandis qu'il est plutôt de plan quadrangulaire en Touraine.

Le diamètre moyen du four est de 3 à 4m pour une hauteur de 4 ou 5m. La toiture déborde du bâti afin de protéger l'enduit et est couverte de tuiles ou d'ardoises. Si elle est rayonnante, elle dispose d'une pente du toit d'un peu plus de 45°.

Une collerette de zinc ainsi qu'un épi de faîtage protègent le poinçon du toit qui n'est pas couvert.

Ces bâtiments sont généralement installés sur une déclivité du site permettant l'accès de plain-pied au rez-de-chaussée et de plain-pied au premier niveau.

L'intérieur donnant sur deux niveaux est séparé par un plancher à claire-voie ou une grille situé à 1,60m du sol :

  • Au rez-de-chaussée, sur un sol dallé, se situe la chambre de chauffe où l'on installait un brasier à coke. Le foyer est construit en briques.
  • Au premier niveau, donnant sur le dessus de la claie, se trouvait la chambre à chanvre d'une hauteur moyenne de 2,80 à 3m.

En Touraine, où les fours à chanvre sont souvent de plan quadrangulaire et disposent d'une toiture à deux pans, une voûte en pierre est construite afin de conserver la chaleur du foyer.  Autrement, la chambre du chanvre peut être fermée par un plafond en solives recouvertes de chaux et d'un assemblage de moellons qui s'oppose au départ de chaleur.

Les fours plus modestes ne disposent que d'une porte permettant à la fois l'ajout de bois dans le foyer et la charge du chanvre sur la grille. (1)

Fonctionnement

Les bottes de chanvre sont enfournées par la porte la plus haute et posées sur la claie. La porte basse donne quant à elle sur le foyer où l'on ajoute des fagots que l'on allume. Le chanvre est chauffé pendant toute une nuit à une température de 60°C.

La fumée passait par le plancher puis par les fibres de chanvre avant de s'échapper par la couverture ou, selon les régions, par des lucarnons dans les murs. Dans le Maine, les maçonneries sont continues alors qu'en Touraine, elles peuvent être percées par des ouvertures à l'étage.

Reconversions actuelles possibles

Ces bâtiments abandonnés ou détruits aujourd'hui seraient pourtant des lieux idéaux pour les transformer en dépendances. De part leur bonne ventilation, il est possible de les transformer en séchoir à linge, en buanderie, en fumoir ou encore en local de jardinerie.

Bibliographie

⦁ CAUE 72, Architectures rurales en Sarthe, Saosnois, dépliant n°9, 1991.

⦁ ETIENNE-STEINER C., Variétés rurales, Revue Vieilles Maisons Françaises, n°115, décembre 1986, p.49.

⦁ (1) MENIL A., La maison rurale dans le Maine et le Haut-Anjou, Les cahiers de construction traditionnelle, Editions CREER, p.20.

⦁ MOUY M., Les îles de Basse-Touraine : Pays de chanvriers, Chapitre 1 : Le pays, la culture du chanvre, Revue Maisons Paysannes de France, n°72, 2T, 1984, p.4-5.

⦁ NIQUEUX D., A la découverte des villages de France : Stage d'étude à Vivoin (Sarthe), Revue Maisons Paysannes de France, n°58, 4T, 1980, p.20-21.

⦁ TROTEREAU J., Les fours en campagne, Revue Détours, n°13, 1994, p.106.