La cheville du propriétaire

De Maisons Paysannes de France

 

Dernier ajoutage du charpentier [1]

La pose rituelle de la dernière cheville d’assemblage peut présenter un caractère particulier : c’est la « cheville du propriétaire », particulièrement décorée, que l’on observe en Normandie, ou encore la « cheville frisée », à symbole sexuel, que la femme du propriétaire aura bien du mal à frapper au maillet. A chaque fois, le nombre de coups de maillet nécessaires est compté par l’assistance, et équivaut à autant de coups à boire offert par le client.

D’autres font intervenir adroitement le propriétaire dans un travail soi-disant difficile ; son rôle est d’enfoncer à coups de marteau une cheville ronde dans le trou trop petit. Pendant qu’il s’évertue en vain, les ouvriers comptent les coups frappés : chaque coup de marteau représente une bouteille, que le brave homme est obligé de payer sur-le-champ.

D’après une croyance rapportée par Grimm, si , lorsque le charpentier enfonce le premier clou dans la charpente d’une maison, son marteau fait jaillir une étincelle, la maison sera brûlée. En d’autres pays de l’Est, c’est l’étincelle du dernier clou qui expose à ce malheur.

Lorsque les charpentiers étaient employés à la construction des maisons, il était d’usage de les traiter avec certains égards ; c’était un hommage rendu à leur habilité, qui avaient aussi pour but de les encourager à faire de leur mieux.

  1. Dominique LE VILLAIN - Maisons paysannes de l'Eure Fiche N° 9 . Mars 2020