Maisons rurales de la Sarthe

De Maisons Paysannes de France
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Situation géographique

Ancienne ferme à Ballon, construite en calcaire local recouvert d'un enduit à la chaux. Les ouvertures sont cadrées par un badigeon blanc.

Photo Patrick Dejust © Maisons Paysannes de France, Délégation de la Sarthe.
Campagne près de Ségrie.

Photo Brigitte Dejust © Maisons Paysannes de France, Délégation de la Sarthe.
La cathédrale du Mans, aux influences angevine, normande et Ile de France.

Photo Patrick Dejust © Maisons Paysannes de France, Délégation de la Sarthe.
Le département de la Sarthe, avant la révolution le Haut-Maine enrichi d'une petite portion de l'Anjou, se présente comme une terre de carrefour où se sont succédées les dominations.

Coincée entre des régions à fort caractère (la Normandie, l'Anjou et l'Ile-de-France) la Sarthe a parfois du mal à s'affirmer et à se faire connaître. Elle a su néanmoins tirer profit des qualités de ses voisins, en empruntant ce qu'il y avait de meilleur pour le restituer parfois de manière éclatante à l'image de la cathédrale du Mans.

On retrouve en effet dans les paysages et les constructions une appartenance à l'Ouest de la France, comme si la Sarthe avait collectionné des échantillons de ses départements voisins pour en faire une synthèse complète, maîtrisant tous les savoir-faire. Bien plus modestement, c'est la géologie locale et les besoins des hommes qui ont dicté leur loi.

Une grande diversité de matériaux

Sur les franges du département, au Nord, les calcaires et granites de la plaine d'Alençon annoncent déjà la Normandie. A l'Ouest, schistes, granites, grès et ardoises se retrouvent également en Mayenne (Bas-Maine) et au-delà sur les marches de Bretagne. Au Sud, les tuffeaux et ardoises vous font voyager en Anjou et en Touraine. A l'Est, les briques en encadrement, les rognons de silex, les tuiles plates et les calcaires blonds signalent déjà le Perche et le bassin parisien. Partout, se distinguent des ossatures bois sur soubassement en maçonnerie, des plafonds en torchis, des bardages bois, voire de la bauge.

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Recueil technique Pays de la Loire Nord, Mayenne/Sarthe

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C'est sans doute le "Maine Roux", au regard des sables ferrugineux trouvés dans le sol, qui caractérise le plus l'architecture rurale de la Sarthe. Ce pays de sables et de grès couvre la vallée de la Sarthe et une bonne partie de la vallée de l'Huisne. Autrefois couverts par des bardeaux de chêne, les toits sont aujourd'hui majoritairement couverts de tuiles plates et plus rarement par des ardoises. Le grès roussard, parfois d'un brun soutenu et les sables qui donnent de beaux enduits jaune clair, ocre ou franchement oranger, se retrouvent sur tout le centre du département et se mêlent parfois sur ses franges aux autres matériaux. On trouve également du grès roussard dans le Perche; il est utilisé sous forme de moellons maçonnés, enduits avec un mortier de chaux et sable de carrière. Les enduits aux couleurs chaudes se fondent en général admirablement dans leur environnement bocager, pour peu qu'il ait été préservé. La façade de la maison est soulignée et les ouvertures sont encadrées d'un badigeon de chaux, ce qui donne un caractère indéniable à l'ensemble.

Organisation des bâtiments

Plan type de maison rurale sarthoise.

Schéma d'après Patrick Dejust[1].
L'habitat rural sarthois est la plupart du temps dispersé au fil des exploitations. Comme souvent dans l'Ouest de la France, les maisons étaient composées d'une pièce principale (avec cheminée) ouverte vers le sud par une porte et une fenêtre, d'une pièce froide (dite chambre) avec une fenêtre et d'une étable attenante.
Encadrements en grès roussard à Douillet-le-Joly.

Photo Patrick Dejust © Maisons Paysannes de France, Délégation de la Sarthe.

Le pignon, mur foyer solide en maçonnerie, supporte la cheminée dont le conduit est compris dans l'épaisseur du mur. Les murs gouttereaux, parfois en pans de bois reposant sur un muret en pierre sans fondations, ont souvent été refaits en pierre (moellons liés à la terre) ou en briques, ne laissant parfois que les colombages en cloison intérieure.

Le plafond est constitué d'une poutre maîtresse reliant les murs gouttereaux, d'un solivage qui s'appuie sur un chevêtre au niveau de la hotte, et du torchis qui recouvre l'ensemble.

Les tuiles plates qui couvrent le toit ont remplacé les bardeaux de chêne ou de châtaignier au XIXème siècle. Les toitures à deux pentes n'ont pas de lucarne (contrairement aux maisons des villages qui en comprennent souvent), mais parfois des gerbières pour engranger les récoltes dans les combles. Le toit peut se prolonger vers l'arrière pour abriter laiterie ou cellier souvent relié à la maison. Le four à pain est adossé au pignon de la maison pour correspondre à la cheminée, encadrée très souvent par un poulailler et une soue (abri pour cochons). Au gré des nécessités, des dépendances ont été ajoutées et la maison s'organise en longère, les toitures allant parfois en décrochements successifs. S'y ajoute souvent une grange-étable, une remise, des soues, une écurie, sans oublier le puits et la mare et dans la région, le four à chanvre, tous organisés de manière variée autour de la cour.

Quel devenir pour ce bâti rural?

Peu conscients de la qualité du patrimoine dans lequel ils sont immergés et sans doute trop modestes, beaucoup de sarthois rechignent à entretenir leurs bâtiments. Ce bâti rural et son environnement nécessitent pourtant une préservation si l'on veut conserver ces éléments de culture et de mémoire.

La délégation Maisons Paysannes de la Sarthe propose des visites conseils pour aider à la restauration de ces bâtis ainsi que des ateliers d'initiation aux techniques de constructions traditionnelles. Il est possible de la contacter via le site de leur délégation.





Bibliographie

  • DEJUST P., Maisons rurales de la Sarthe, Revue Maisons Paysannes de la Sarthe, n°1, pp.4-8, 2015.
  • EDF, DAVID G., VILLERET D., Le bâti ancien en Maine.Anjou, Connaissance de l'habitat existant, juin 1984.
  • MAISONS PAYSANNES DE LA SARTHE, Maisons de nos adhérents sarthois, disponible à l'adresse : http://pays-de-la-loire.maisons-paysannes.org/dpt/sarthe/maison-dadherents/
  • MENIL A., La maison rurale dans le Haut-Maine et le Haut-Anjou, Les cahiers de construction traditionnelle, Editions CREER, Nonette.

Références

  1. DEJUST P., Maisons rurales de la Sarthe, Revue Maisons Paysannes de la Sarthe, n°1, p.7. 2015.