Paille de seigle : Différence entre versions
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− | + | La paille de seigle traditionnel est un matériau robuste, léger et quasiment imputrescible, ne nécessitant pas de traitement particulier. Contenant de la silice lui apportant de la résistance, sa tige fine et souple ne se brise pas lorsqu’on la plie. La structure creuse de la paille de seigle est divisée par 4 à 5 nœuds permettant de garder l’air emprisonné et lui conférant ainsi un fort pouvoir isolant. Une tige de seigle peut atteindre entre 1,60 et 1,80m. | |
− | + | Bien que son aspect soit changeant avec le temps et que la paille puisse devenir noire, ce n’est en aucun cas un signe de pourriture. | |
− | + | Plus légère que le roseau, elle se fait pourtant aujourd’hui supplanter par ce dernier dont la production s’exporte en quantité hors de Camargue. De nombreuses filières paille ont pourtant vu le jour dans le but de réintroduire ce matériau dans la construction et notamment pour la réalisation de [[toit de chaume]]. | |
− | + | =='''Utilisations'''== | |
+ | En plus de son utilisation dans l'architecture, la paille de seigle est également utilisée pour la fabrication de paillassons qui servent d’isolants thermiques couvrants les serres des maraîchers et horticulteurs. Elle sert également à la fabrication de paillons, tapis sur lesquels sont égouttés et posés les fromages pour l’affinage. | ||
− | == ''' | + | =='''Culture, récolte et stockage'''== |
− | + | Le seigle traditionnel est cultivé sur des terrains acides et on le retrouve notamment en Corrèze. Sa culture et sa récolte s'organise en plusieurs étapes | |
− | + | ====Semailles==== | |
+ | En Corrèze, le seigle est semé fin septembre ou début octobre dans un sol légèrement fumé et contenant peu d'azote. S'il sort rapidement de terre (généralement fin octobre) et qu'il s'y enracine profondément, le seigle sera plus résistant au gel de l'hiver. | ||
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+ | Vers mars, le cultivateur passe parfois la herse dans le champ afin de La plante est ensuite laissée jusqu'en mai où le seul traitement qui effectué sera d'éliminer les liserons qui s'enroulent autour de la tige en croissance et qui pourraient rendre le peignage de la paille difficile après récolte. | ||
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+ | Il est essentiel que le seigle soit '''naturel''' et qu'il ne pousse '''pas à l'aide d'engrais''', sa paille risquant de ne pas être résistante et donc peu adaptée à la réalisation d'une [[Toit de chaume|couverture en chaume]] par exemple. | ||
− | == | + | ====Moisson==== |
− | + | [[Fichier:Gorbe.png|vignette|387x387px|Gorbe (ou meule) de paille de seigle telle qu'on la forme dans le Nord-Cantal. | |
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+ | Cette technique permet de protéger les gerbes du dessous. | ||
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+ | Croquis Klavun A. et Thome J., Maisons Paysannes de France ©]] | ||
+ | La récolte du seigle est réalisée en juillet ou en août. | ||
− | + | Autrefois, elle était réalisée à la faucille ou avec une javeleuse, machine tirée par des chevaux ou vaches qui permettait de créer des fagots de paille à sécher. La récolte se fait aujourd’hui à la [https://fr.wikipedia.org/wiki/Moissonneuse-lieuse moissonneuse-lieuse]. Cette machine permet le conditionnement de la paille en gerbes peu serrées qui sècheront rapidement pendant deux ou trois jours avant d’être stockées dans une grange jusqu'en hiver, à l'abri des intempéries et des rats. | |
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+ | Avant le stockage, s'il y a risque de pluie dans le champ, les gerbes sont assemblées en « gorbe » c’est à dire en une meule. Pour cela, quatre gerbes sont disposées à plat en croix avec les épis au centre, puis viennent se superposer les autres gerbes sur les premières en les décalant à chaque niveau afin de former un cône. Il est aussi possible, comme dans le Nord-Cantal, de former une pyramide avec trois gerbes qui seront maintenues par l’épi. On vient la fournir avec d’autres gerbes pour réaliser un monticule conique dense. Les gerbes sont ainsi protégées de la pluie et si celles du dessous ou du dessus sont humides, elles auront le temps de sécher pendant que les autres gerbes qui ont été protégées sont ramassées. | ||
− | + | Une fois engrangée, la paille doit être laissée à "transpirer" pendant 15 jours à trois semaines, c’est à dire que la tige doit sécher et le grain doit finir de mûrir et se détacher de l’épi pour l’étape suivante : le battage. | |
− | ==== | + | ====Battage==== |
− | La | + | La paille était autrefois battue manuellement mais aujourd’hui une batteuse-égréneuse permet d’enlever le grain du seigle sans briser la paille. Cette étape est essentielle afin d'éviter aux rongeurs et oiseaux de s'attaquer aux graines. |
− | + | ====Peignage et stockage==== | |
+ | Le peignage consiste à débarrasser les gerbes des herbes fourragères liées à la paille et de supprimer la feuille du seigle (appelée aussi « penouillée »). Certains cultivateurs le font encore à la main en secouant les gerbes qu'ils maintiennent par l'épi tandis que d'autres utilisent une peigneuse qui fait mécaniquement le travail. Néanmoins, l'étape du peignage peut être supprimée si le seigle est désherbé jeune. | ||
− | + | Les tiges brisées sont supprimées et les plus longues sont récupérées pour être assemblées en gerbes épaisses et régulières, appelées aussi '''cluies''' ('''cleus''' ou '''clues'''). | |
− | + | Ces gerbes sont égrenées, peignées, rattachées et façonnées pour pouvoir être facilement utilisées en couverture. | |
− | + | ==Bibliographie== | |
+ | *COUGET C., CAUE des Hautes-Pyrénées, ''Couverture en chaume'', Fiche pratique Techniques et matériaux, juillet 2012, disponible à l'adresse : http://www.caue-mp.fr/album-photo/couverture-en-chaume/itemid-17.html | ||
+ | *KLAVUN A., THOME J. (1994), ''Regards sur le Nord-Cantal, La paille de seigle'', Revue Maisons Paysannes de France, n°112, 2T, pp.12-13. | ||
*PONTVIANNE C. (1992), ''Dans le bocage normand: toitures en paille de seigle'', Revue Maisons Paysannes de France, n°106, 4T, pp.19-20. | *PONTVIANNE C. (1992), ''Dans le bocage normand: toitures en paille de seigle'', Revue Maisons Paysannes de France, n°106, 4T, pp.19-20. | ||
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Version actuelle datée du 26 mars 2019 à 11:56
La paille de seigle traditionnel est un matériau robuste, léger et quasiment imputrescible, ne nécessitant pas de traitement particulier. Contenant de la silice lui apportant de la résistance, sa tige fine et souple ne se brise pas lorsqu’on la plie. La structure creuse de la paille de seigle est divisée par 4 à 5 nœuds permettant de garder l’air emprisonné et lui conférant ainsi un fort pouvoir isolant. Une tige de seigle peut atteindre entre 1,60 et 1,80m.
Bien que son aspect soit changeant avec le temps et que la paille puisse devenir noire, ce n’est en aucun cas un signe de pourriture.
Plus légère que le roseau, elle se fait pourtant aujourd’hui supplanter par ce dernier dont la production s’exporte en quantité hors de Camargue. De nombreuses filières paille ont pourtant vu le jour dans le but de réintroduire ce matériau dans la construction et notamment pour la réalisation de toit de chaume.
Sommaire
Utilisations
En plus de son utilisation dans l'architecture, la paille de seigle est également utilisée pour la fabrication de paillassons qui servent d’isolants thermiques couvrants les serres des maraîchers et horticulteurs. Elle sert également à la fabrication de paillons, tapis sur lesquels sont égouttés et posés les fromages pour l’affinage.
Culture, récolte et stockage
Le seigle traditionnel est cultivé sur des terrains acides et on le retrouve notamment en Corrèze. Sa culture et sa récolte s'organise en plusieurs étapes
Semailles
En Corrèze, le seigle est semé fin septembre ou début octobre dans un sol légèrement fumé et contenant peu d'azote. S'il sort rapidement de terre (généralement fin octobre) et qu'il s'y enracine profondément, le seigle sera plus résistant au gel de l'hiver.
Vers mars, le cultivateur passe parfois la herse dans le champ afin de La plante est ensuite laissée jusqu'en mai où le seul traitement qui effectué sera d'éliminer les liserons qui s'enroulent autour de la tige en croissance et qui pourraient rendre le peignage de la paille difficile après récolte.
Il est essentiel que le seigle soit naturel et qu'il ne pousse pas à l'aide d'engrais, sa paille risquant de ne pas être résistante et donc peu adaptée à la réalisation d'une couverture en chaume par exemple.
Moisson
La récolte du seigle est réalisée en juillet ou en août.
Autrefois, elle était réalisée à la faucille ou avec une javeleuse, machine tirée par des chevaux ou vaches qui permettait de créer des fagots de paille à sécher. La récolte se fait aujourd’hui à la moissonneuse-lieuse. Cette machine permet le conditionnement de la paille en gerbes peu serrées qui sècheront rapidement pendant deux ou trois jours avant d’être stockées dans une grange jusqu'en hiver, à l'abri des intempéries et des rats.
Avant le stockage, s'il y a risque de pluie dans le champ, les gerbes sont assemblées en « gorbe » c’est à dire en une meule. Pour cela, quatre gerbes sont disposées à plat en croix avec les épis au centre, puis viennent se superposer les autres gerbes sur les premières en les décalant à chaque niveau afin de former un cône. Il est aussi possible, comme dans le Nord-Cantal, de former une pyramide avec trois gerbes qui seront maintenues par l’épi. On vient la fournir avec d’autres gerbes pour réaliser un monticule conique dense. Les gerbes sont ainsi protégées de la pluie et si celles du dessous ou du dessus sont humides, elles auront le temps de sécher pendant que les autres gerbes qui ont été protégées sont ramassées.
Une fois engrangée, la paille doit être laissée à "transpirer" pendant 15 jours à trois semaines, c’est à dire que la tige doit sécher et le grain doit finir de mûrir et se détacher de l’épi pour l’étape suivante : le battage.
Battage
La paille était autrefois battue manuellement mais aujourd’hui une batteuse-égréneuse permet d’enlever le grain du seigle sans briser la paille. Cette étape est essentielle afin d'éviter aux rongeurs et oiseaux de s'attaquer aux graines.
Peignage et stockage
Le peignage consiste à débarrasser les gerbes des herbes fourragères liées à la paille et de supprimer la feuille du seigle (appelée aussi « penouillée »). Certains cultivateurs le font encore à la main en secouant les gerbes qu'ils maintiennent par l'épi tandis que d'autres utilisent une peigneuse qui fait mécaniquement le travail. Néanmoins, l'étape du peignage peut être supprimée si le seigle est désherbé jeune.
Les tiges brisées sont supprimées et les plus longues sont récupérées pour être assemblées en gerbes épaisses et régulières, appelées aussi cluies (cleus ou clues).
Ces gerbes sont égrenées, peignées, rattachées et façonnées pour pouvoir être facilement utilisées en couverture.
Bibliographie
- COUGET C., CAUE des Hautes-Pyrénées, Couverture en chaume, Fiche pratique Techniques et matériaux, juillet 2012, disponible à l'adresse : http://www.caue-mp.fr/album-photo/couverture-en-chaume/itemid-17.html
- KLAVUN A., THOME J. (1994), Regards sur le Nord-Cantal, La paille de seigle, Revue Maisons Paysannes de France, n°112, 2T, pp.12-13.
- PONTVIANNE C. (1992), Dans le bocage normand: toitures en paille de seigle, Revue Maisons Paysannes de France, n°106, 4T, pp.19-20.