Barrières et portails : Différence entre versions

De Maisons Paysannes de France
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«Les maisons rurales anciennes, qu'elles soient paysannes ou villageoises, sont profondément intégrées au paysage. Cette intégration est réussie grâce aux formes simples, aux matériaux naturels discrets qui se patinent vite, grâce aussi à un environnement naturel constitué d'une végétation locale à peine domestiquée.» (revue M.P.F. n°107 p.23).
 
«Les maisons rurales anciennes, qu'elles soient paysannes ou villageoises, sont profondément intégrées au paysage. Cette intégration est réussie grâce aux formes simples, aux matériaux naturels discrets qui se patinent vite, grâce aussi à un environnement naturel constitué d'une végétation locale à peine domestiquée.» (revue M.P.F. n°107 p.23).
  
Ces remarques se vérifient une fois de plus lorsqu'il s'agit de clore. Rien de plus navrant qu'une restauration réussie mais gâchée par une clôture voyante et présomptueuse ou par un portail aux éléments disproportionnés.
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Il est en effet décevant d'observer une restauration réussie qui se retrouve gâchée par une clôture voyante et présomptueuse ou par un portail aux éléments disproportionnés. Les barrières modernes sont à proscrire tandis que celles formées de lattes en bois sont recommandées.
  
Deux types de barrières semblent se détacher: le premier est destiné à fermer une cour, un petit clos ou un jardin proche de la maison, le second à barrer l'accès d'un chemin ou d'un champ.
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On distingue deux types de barrières: le premier est destiné à fermer une cour, un petit clos ou un jardin proche de la maison, le second à clore l'accès d'un chemin ou d'un champ.
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[[Fichier:Portail lattes verticales.png|néant|vignette|413x413px|'''Fig.1''' Portail à lattes verticales au Breil-sur-Merize]]L'usage qui est fait d'une barrière détermine la construction de celle-ci. Utilisée pour fermer les enclos des bêtes, elle se trouvera être plus rudimentaire qu'une barrière d'une exploitation céréalière qui sera mieux réalisée. En région d'élevage, en plus d'être endommagées par les bêtes, les barrières étaient remuées plusieurs fois par jours et ne duraient en moyenne que deux ans.
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Réalisées par les paysans eux-mêmes, elles étaient faites en châtaigner, seul bois pouvant être éclaté. Il est donc habituel de retrouver ce type de barrières dans le Limousin et dans les régions où sont très présents ces arbres. Les propriétaires de maisons de maître ou de bourg avaient quant à eux les moyens de les faire faire et elles étaient donc sciées.
  
[[Fichier:Portail lattes verticales.png|néant|vignette|413x413px|'''Fig.1''' Portail à lattes verticales au Breil-sur-Merize]]
 
 
==Le portail à lattes verticales==
 
==Le portail à lattes verticales==
 
[[Fichier:Collier fermé.png|vignette|275x275px|'''Fig.2''' Collier fermé]]
 
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==Bibliographie==
 
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ROCHERON A.(1994) Maisons Paysannes de France, Délégation de la Sarthe, pp.1-7
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ROCHERON A.(1994), ''Fiche technique « Barrières et portails »'' de Maisons Paysannes de France, Délégation de la Sarthe, pp.1-7
  
 
[[Catégorie:Entretenir et restaurer]]
 
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Version du 5 décembre 2018 à 12:06

«Les maisons rurales anciennes, qu'elles soient paysannes ou villageoises, sont profondément intégrées au paysage. Cette intégration est réussie grâce aux formes simples, aux matériaux naturels discrets qui se patinent vite, grâce aussi à un environnement naturel constitué d'une végétation locale à peine domestiquée.» (revue M.P.F. n°107 p.23).

Il est en effet décevant d'observer une restauration réussie qui se retrouve gâchée par une clôture voyante et présomptueuse ou par un portail aux éléments disproportionnés. Les barrières modernes sont à proscrire tandis que celles formées de lattes en bois sont recommandées.

On distingue deux types de barrières: le premier est destiné à fermer une cour, un petit clos ou un jardin proche de la maison, le second à clore l'accès d'un chemin ou d'un champ.

Fig.1 Portail à lattes verticales au Breil-sur-Merize
L'usage qui est fait d'une barrière détermine la construction de celle-ci. Utilisée pour fermer les enclos des bêtes, elle se trouvera être plus rudimentaire qu'une barrière d'une exploitation céréalière qui sera mieux réalisée. En région d'élevage, en plus d'être endommagées par les bêtes, les barrières étaient remuées plusieurs fois par jours et ne duraient en moyenne que deux ans.

Réalisées par les paysans eux-mêmes, elles étaient faites en châtaigner, seul bois pouvant être éclaté. Il est donc habituel de retrouver ce type de barrières dans le Limousin et dans les régions où sont très présents ces arbres. Les propriétaires de maisons de maître ou de bourg avaient quant à eux les moyens de les faire faire et elles étaient donc sciées.

Le portail à lattes verticales

Fig.2 Collier fermé

Ce portail traditionnel, appelé autrefois «clan», est construit de lattes de vois de chêne ou de châtaigner verticales d'environ 5 cm de large et séparées entre elles de la même distance. Ces barrières pivotent sur une crapaudine (voir Fig.4) et sont maintenues au poteau de soutien par un collier ouvrant ou non. (Fig. 2 et 4) Elles peuvent comporter un ou deux battants selon la largeur du passage. Un loquet ou une simple fermeture de fer fixée au montant les maintiennent fermées. Selon le cas, ces barrières sont peintes de la couleur des volets de la maison ou laissées à l'état brut (prévoir alors une protection à l'huile de lin). Quant au motif décoratif du haut des lattes, il va du simple demi-cercle au bulbe byzantin en passant par le triangle isocèle (Fig.6).

Fig.3 Collier ouvrant
Fig. 4 Crapaudine de fer plat
Fig. 5 Fermeture de fer plat
Fig. 6 Différents motifs de lattes
Tableau comparatif des cotes rencontrées sur cinq barrières différentes

Conclusion

Ce type de portail, le plus souvent rencontré dans les bourgs, mais aussi dans les environs immédiats des fermes, reste discret et coquet pourvu qu'on le peigne d'une couleur autre que le blanc pur. Comme pour les volets, on pourra s'orienter vers les bruns, les verts ou les gris. En cas de doute, choisir un gris bleuté. Une écharpe diagonale à mi-bois soulagera l'ensemble surtout si la barrière est longue. Le poteau porteur sera de chêne ou de châtaigner, enfoncé solidement d'au moins 50 cm dans le sol à l'aide de béton de grosses pierres, le pied reposant sur une pierre plate.

Les barrières à bascule

Lorsque l'espace et la clôture le permettent, la barrière dite "à bascule" est un moyen pratique pour barrer l'accès d'un champ. Autrefois très répandue dans la Sarthe, cette barrière n'apparaît plus aujourd'hui qu'ici et là, oubliée dans une haie ou dans les ronces du bord d'un chemin.

En Mayenne et dans le Sud de l'Orne, leur silhouette trapue encore très courante donne une idée très claire du principe: par un effet de contrepoids, la "culée" de l'arbre dans lequel elles sont taillées permet une manœuvre aisée, sans effort.

Dans la Sarthe, où elles sont plus légères,il est quelquefois nécessaire de disposer une grosse pierre sur la partie en saillie (Fig.1).

Fig. 1 Pierre posée sur saillie de la barrière

Le pivot est un poteau de châtaigner ou d'acacia de 15 à 20 cm de diamètre solidement fixé dans le sol et muni d'un axe de fer. Les éléments verticaux et horizontaux sont issus de perches de châtaigner fendues ou débitées à la scie, puis redébités et ajustés à la plane. Les mortaises de la pièce principale, évidées à la tarière ou au bédane, sont borgnes sur le dessus pour éviter l'infiltration de l'eau qui ferait pourrir l'ensemble. Enfin, la pointe de la barrière repose dans la fourche naturelle ou façonnée d'un gros pieu d'environ 15 cm de diamètre. Nous trouverons ci-dessous le croquis côté d'un bel exemplaire rencontré à Tresson. Le tableau comparatif permettra à l'amateur quelques libertés par rapport au "modèle", sans toutefois perdre de vue la relative constance des proportions pour des barrières distantes de plus de 50km (Chaufour-Notre-Dame)

Fig. 2 Croquis coté d'une barrière, Tresson

N.B.: le poteau porteur doit être cerclé comme un moyeu de charrette. Une ou plusieurs rondelles de bon diamètre faciliteront la rotation et retarderont l'usure bois sur bois.

Tableau comparatif de trois barrières à bascule

Les "claies"

Ce type de barrière, appelée communément "claie", est devenu le plus courant ces dernières décennies pour sa simplicité d'exécution. Le montant porteur pivote sur une grosse pierre tandis que sa partie supérieure est retenue dans un collier (voir les barrières à lattes) ou plus simplement par du gros fil de fer (Fig.1). Quelquefois, c'est une cheville reliant deux demi-perches qui retient ce portail des champs (Fig.3). Ses dimensions importantes (3m ou plus) nécessitent la fixation, dans sa diagonale, d'une écharpe qui suspend l'ensemble.

Comme précédemment, les montants sont tirés dans de la perche de châtaigner ou d'acacia. Il est important de les travailler "verts" afin que les mortaises se resserrent autour des tenons en séchant. Quant aux traverses et aux lattes, du châtaigner scié en long, sec, fera l'affaire. Le tout est chevillé et cloué.

Fig.1 Croquis d'une claie dans la campagne du Tresson
Fig. 2 Claie aux dimensions harmonieuses à Tresson

Les traverses et les lattes en se croisant dessinent des carrés (30x30cm) ou des rectangles (50x30cm environ). Leur hauteur, de 140cm, est idéale pour retenir bovins et chevaux.

Fig. 3 Croquis d'un pivot de barrière tenu par une cheville entre deux demi-perches

Il va sans dire que la barrière à bascule comme la claie resteront en bois naturel.


Bibliographie

ROCHERON A.(1994), Fiche technique « Barrières et portails » de Maisons Paysannes de France, Délégation de la Sarthe, pp.1-7