Cheminée sarrasine : Différence entre versions
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La mitre est l’élément extérieur couronnant le conduit de cheminée. Selon Viollet-le-Duc, elle servirait « à empêcher la pluie ou le vent de s’introduire dans la trémie, en laissant cependant échapper la fumée »<ref>VIOLLET-LE-DUC E.-E., ''Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XI<sup>e</sup> au XVI<sup>e</sup> siècle''. T.6., Editions Bance, Paris, 1854. p.398.</ref>. Il souligne qu’au Moyen Âge, les mitres sont faites « au moyen d’assemblages de tuiles et de briques », tout comme celles de l’habitation bressane. Généralement imposantes voire disproportionnées, les mitres bressanes sont construites de sorte à être décorative et font immédiatement remarquer la présence actuelle ou passée d’une cheminée sarrasine. | La mitre est l’élément extérieur couronnant le conduit de cheminée. Selon Viollet-le-Duc, elle servirait « à empêcher la pluie ou le vent de s’introduire dans la trémie, en laissant cependant échapper la fumée »<ref>VIOLLET-LE-DUC E.-E., ''Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XI<sup>e</sup> au XVI<sup>e</sup> siècle''. T.6., Editions Bance, Paris, 1854. p.398.</ref>. Il souligne qu’au Moyen Âge, les mitres sont faites « au moyen d’assemblages de tuiles et de briques », tout comme celles de l’habitation bressane. Généralement imposantes voire disproportionnées, les mitres bressanes sont construites de sorte à être décorative et font immédiatement remarquer la présence actuelle ou passée d’une cheminée sarrasine. | ||
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La hotte (ou manteau) est l’imposant conduit pyramidal ouvert qui conduit la fumée du foyer vers la mitre. Comme le reste de la maison, elle est constituée d’une ossature bois remplie d’un clayonnage recouvert de torchis. De grande dimensions, avec une portée pouvant atteindre les 8m, la hotte était supportée par la poutre maîtresse et par le mur de refend de la maison. Elle traversait l’étage, visible depuis le grenier. | La hotte (ou manteau) est l’imposant conduit pyramidal ouvert qui conduit la fumée du foyer vers la mitre. Comme le reste de la maison, elle est constituée d’une ossature bois remplie d’un clayonnage recouvert de torchis. De grande dimensions, avec une portée pouvant atteindre les 8m, la hotte était supportée par la poutre maîtresse et par le mur de refend de la maison. Elle traversait l’étage, visible depuis le grenier. | ||
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Le foyer central, sous la hotte, était donc un espace de retrouvailles notamment lors de veillées où toutes les générations se mêlaient. | Le foyer central, sous la hotte, était donc un espace de retrouvailles notamment lors de veillées où toutes les générations se mêlaient. | ||
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+ | Fichier:Cheminée sarrasine RBayard.png|Cheminées sarrasines.1/ Les Broguets ([https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Sulpice_(Ain) Saint-Sulpice], Ain) 2/ La Forêt ([https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Trivier-de-Courtes Saint-Trivier-de-Courtes], Ain) 3/ Locelle ([https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Trivier-de-Courtes Saint-Trivier-de-Courtes], Ain).Dessins Raymond Bayard © Photothèque Maisons Paysannes de France. | ||
+ | Fichier:Cheminée sarrasine Ferme de Montalibord.jpg|Cheminée sarrasine de la [https://fr.wikipedia.org/wiki/Ferme_de_Montalibord Ferme de Montalibord].Photo Maisons Paysannes de France © Délégation de l'Ain. | ||
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== Bibliographie == | == Bibliographie == |
Version actuelle datée du 21 septembre 2020 à 15:17
Une cheminée sarrasine est une cheminée typique de l’habitat traditionnel bressan et notamment des fermes. De l’extérieur, elle présente une imposante mitre ornée généralement construite en brique, en tuile de terre cuite ou en pierre, parfois couronnée d’une croix en fer forgée.
Elle est également appelée « cheminée chauffant au large » en référence à son imposante hotte à l’intérieur de la maison.
Sommaire
Origine
Il n’existe actuellement pas de raison exacte expliquant l’appellation de cette cheminée même si plusieurs théories ont été soulevées à ce sujet.
Au XVIIIème siècle, des érudits locaux ont tenté de justifier l’utilisation du terme « sarrasin », qui désignait alors le peuple arabe, en évoquant la probable influence architecturale de cette civilisation au VIIIème siècle, notamment des réfugiés de l’armée omeyyade qui après leur défaite à la Bataille de Poitiers (732) se seraient installés entre la Bresse et la Saône. La forme des mitres étaient alors comparées à celle des minarets.
Au XXème siècle, l’historien spécialiste du Mâconnais Gabriel Jeanton, réfute ces hypothèses et avance que la dénomination de « sarrasin » doit être interprétée dans son sens moyenâgeux , celui d’« étranger à la chrétienté » et qu’elle « ne peut donc donner aucun argument pour l’origine arabe »[1]. De plus, il explique que ces cheminées étaient appelées sarrasines car « considérées comme étant d’un autre âge »[2].
Ces derniers sens sont aujourd’hui ceux retenus.
Architecture
La cheminée sarrasine, lorsqu’elle est complète, comporte trois éléments : la mitre, la hotte et le foyer central.Mitre
La mitre est l’élément extérieur couronnant le conduit de cheminée. Selon Viollet-le-Duc, elle servirait « à empêcher la pluie ou le vent de s’introduire dans la trémie, en laissant cependant échapper la fumée »[3]. Il souligne qu’au Moyen Âge, les mitres sont faites « au moyen d’assemblages de tuiles et de briques », tout comme celles de l’habitation bressane. Généralement imposantes voire disproportionnées, les mitres bressanes sont construites de sorte à être décorative et font immédiatement remarquer la présence actuelle ou passée d’une cheminée sarrasine.
Toutes les mitres sarrasines sont différentes mais il est possible de les hiérarchiser suivant leur modèle :
- type polygonal, octogonal ou conique
- carré à pyramide
- carré avec lanterne terminale
- rectangulaire en reliquaire
L’architecture de certaines mitres aurait été influencée par des clochers locaux comme ceux de Saint-Philibert de Tournus ou de Saint-André de Bagé.
Certaines mitres accueillaient une cloche mais on ne sait si elle servait à indiquer aux travailleurs des champs de rentrer à la ferme (généralement de grands domaines) ou si elle désignait un signe distinctif de propriétaires.
Une croix en fer forgée pouvait surmonter une mitre.
Hotte
La hotte (ou manteau) est l’imposant conduit pyramidal ouvert qui conduit la fumée du foyer vers la mitre. Comme le reste de la maison, elle est constituée d’une ossature bois remplie d’un clayonnage recouvert de torchis. De grande dimensions, avec une portée pouvant atteindre les 8m, la hotte était supportée par la poutre maîtresse et par le mur de refend de la maison. Elle traversait l’étage, visible depuis le grenier.
Foyer central
Contrairement à la disposition d’une cheminée classique, généralement située contre un mur, le foyer de la cheminée sarrasine « inspiré de la hutte primitive » est central, ouvert sur la pièce principale de la maison. Il se situe sous la large hotte, à l’aplomb de la mitre. Son emplacement s’explique par l’impossibilité d’adosser une telle cheminée sur une architecture bressanne faite de pan de bois et de terre.
Ce foyer est donc situé à même le sol sur un parterre de briques ou de pierres autour duquel il est possible de circuler. Les flammes réchauffent la pièce commune, dont l’espace est occupé de moitié par la cheminée. Un chaudron était suspendu au-dessus par une crémaillère pour y préparer les repas. A proximité, sous la poutre maîtresse sur laquelle repose la hotte de la cheminée, se situe la table familiale et ses bancs.
Autour du foyer, était également situé un arche-banc (appelé aussi banc coffre) contre le mur de refend. Cette assise où l’on rangeait les papiers de famille était réservée au maître de maison, aux personnes âgées et parfois, lors de grands événements, au notaire ou au curé.
Le foyer central, sous la hotte, était donc un espace de retrouvailles notamment lors de veillées où toutes les générations se mêlaient.
Cheminées sarrasines.1/ Les Broguets (Saint-Sulpice, Ain) 2/ La Forêt (Saint-Trivier-de-Courtes, Ain) 3/ Locelle (Saint-Trivier-de-Courtes, Ain).Dessins Raymond Bayard © Photothèque Maisons Paysannes de France.
Cheminée sarrasine de la Ferme de Montalibord.Photo Maisons Paysannes de France © Délégation de l'Ain.
Bibliographie
- BOURGEOIS R., Cheminées sarrasines en Bresse, Document PDF disponible à l’adresse : http://patrimoines.ain.fr/n/cheminees-sarrasines/n:1198
- CULAS A., Les cheminées sarrasines : bressanes ou sarrasines ?..., Traditions bressanes : la Maison, Maisons Paysannes de France, Délégation de l’Ain. Disponible à l’adresse : https://rhone-alpes.maisons-paysannes.org/dpt/ain/traditions-bressanes-la-maison/
- JEANTON G., Le mâconnais traditionnaliste et populaire, Le peuple, le costume, l’habitation. Protat Frères, Mâcon. 1923. p.89.
- JEANTON G., Les populations prétendues sarrasines des bords de la Saône, Annales de Bourgogne, Revue historique trimestrielle publiée sous le patronage de l'Université de Dijon et de l'Académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon, 1929. p.95.
- MELANTOIS A., TRABLY-DELPOUVE M., Les cheminées sarrasines, Revue Maisons Paysannes de France, n°97, 3T, 1990. pp. 9-16.
- PATRIMOINES DE L'AIN, Cheminées sarrasines, Patrimoine culturel, Disponible à l’adresse : http://patrimoines.ain.fr/n/cheminees-sarrasines/n:1198
- PATRIMOINES DE L'AIN, Mystères et cheminées de Bresse, un patrimoine unique, Dépliant disponible à l'adresse : http://patrimoines.ain.fr/n/cheminees-sarrasines/n:1198
- VIOLLET-LE-DUC E.-E., Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle. T.6., Editions Bance, Paris, 1854.
Références
- ↑ JEANTON G., Les populations prétendues sarrasines des bords de la Saône, Annales de Bourgogne, Revue historique trimestrielle publiée sous le patronage de l'Université de Dijon et de l'Académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon, 1929. p.95.
- ↑ JEANTON G., Le mâconnais traditionnaliste et populaire, Le peuple, le costume, l’habitation. Protat Frères, Mâcon. 1923. p.89.
- ↑ VIOLLET-LE-DUC E.-E., Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle. T.6., Editions Bance, Paris, 1854. p.398.