Restauration d'une bergerie provençale

Vue de la bergerie avant travaux

En trois ans, sans aucune aide et avec des moyens rudimentaires, Frédéric Rosso, viticulteur, a réussi à donner une nouvelle vie à sa bergerie en ruine située sur le plateau de Valensole. Elle lui sert aujourd’hui d’habitation principale. Cette restauration se montre exemplaire par bien des aspects. Le respect des volumes et des proportions et l’étude des traces anciennes garantissent l’intégrité du bâti, tout comme le choix d’utiliser des techniques traditionnelles et des matériaux de récupération.

Historique

La bâtisse, caractéristique de l’habitat rural bas alpin, a été construite vers 1600. Surélevée et agrandie au fil du temps, elle a été démolie en 1910 et peu à peu livrée à la végétation. C’est en 2004 qu’un particulier va finalement en engager la restauration.

Au fil du temps, la végétation avait envahi les lieux et un long travail de déblaiement a été nécessaire avant d'entreprendre la reconstruction. Les volumes ont été scrupuleusement conservés par ce viticulteur désireux de ne pas dénaturer l'esprit rural et la vie passée en ce lieu.

Vue de la bergerie restaurée

Les murs

Les murs d’origine étaient en pierres de calcaire du plateau de Valensole, jointées au sable et chaux. Ils ont été reconstitués avec les pierres récupérées sur le site. Il s’agit de galets roulés ou « coudourets » du plateau de Valensole qui ont été mélangés à des moellons puis rejointoyés avec un mélange de sable local et chaux hydraulique de Saint-Astier. La liaison entre les murs existants et ceux nouvellement montés s'est effectuée harmonieusement.

La toiture

La charpente d’origine était en chêne. Elle a été reconstruite à l’identique, suivant d’anciennes traces et restes trouvés dans les fouilles. En revanche, il ne restait rien de la couverture. Les tuiles sont également des éléments de récupération pour la plupart.

Les planchers

Les planchers ont été reconstruits de façon traditionnelle, suivant les traces demeurant dans les murs. Pour le rez-de-chaussée, une dalle de chaux et chanvre a été choisie pour son fort pouvoir isolant et respirant. Pour l’étage, on a opté pour des planches de bois non délignées.

Les ouvertures

Des ouvertures, il ne restait rien, la majorité des murs ayant été détruite. Elles ont donc été entièrement recréées avec le plus grand soin. Les tableaux ont été réalisés en chaux, plâtre gros et sable ; on a créé une feuillure pour les volets. Les linteaux intérieurs sont en planches de noyer datant du XVIIe siècle. Les volets sont en bois à lattes croisées assemblées par des clous à pointes recourbées.

L'aménagement intérieur

Les enduits intérieurs sont composés de sable siliceux et de chaux aérienne. Ils ont été serrés à la taloche et peints, à fresque, avec les ocres de Roussillon.

Au sol on a posé des terres cuites de récupération.

Certaines particularités typiques du plateau de Valensole ont été conservées, tels les deux piliers centraux, carrés à la base et ronds à l’étage.

"Les habitants du parc du Verdon vivent dans une région remarquable avec des spécificités architecturales qu'il est temps de répertorier et de protéger activement car elles sont un atout indéniable et s'inscrivent dans une histoire collective". FrédéricRosso

Sources et Références bibliographiques

• Revue Maisons Paysannes de France, n°169, 3e trimestre, 2008