La bergerie de Salidès : Différence entre versions

De Maisons Paysannes de France
(création de la page bergerie de Salidès)
(Aucune différence)

Version du 10 mars 2021 à 14:22

En 2018, le prix René Fontaine que décerne chaque année Maisons Paysannes de France est attribué à la restauration d’une bergerie en Lozère. Le bâtiment est situé devant un chemin de transhumance (migration périodique d’un troupeau pour le pâturage d’hiver ou d’été), au début du massif central.

Au point de départ, c’est un berger en 2006 qui décide de rester plus longtemps sur l’estive (pâturage d’ếté en montagne) car le bâtiment lui donnerait la possibilité de rentrer ses bêtes la nuit et ainsi de prolonger le pâturage.

Histoire et dégradation

Jusqu’en 1980, la bergerie était utilisée par ses propriétaires. Elle permettait au gardien de mettre à l’abri le troupeau pour la nuit. Ainsi tous les jours de juin à septembre, le berger retrouvait ses bêtes au petit matin et repartait le soir après une demi-heure de marche.

Présent dans le cadastre napoléonien de 1823, le bâtiment semble avoir toujours été présent dans le paysage local. Fait uniquement de pierre et de bois trouvés à proximité, la bergerie fait partie intégrante de son milieu, et représente bien la vocation agricole des terres qui l’entourent.

Mais l’usage de cette bergerie cesse après le regroupement de différents éleveurs souhaitant confier leurs troupeaux à un éleveur logeant directement sur place. Par conséquent, la bergerie s’est dégradé, n’étant plus du tout utilisée.

Avec l’impulsion donnée par le berger et sa volonté de réutiliser la bergerie, les propriétaires conviennent alors de reprendre le bâti, avec l’aide des services du Parc National des Cévennes.

Reprise du bâti

Laissé à l’abandon, des problèmes de fuites dans la toiture sont survenus, et quelques pièces de bois doivent être remplacés. Mais sinon, le bon assemblage de ses éléments et la logique qui a fait son existence permet à ce bâtiment de rester bien en place malgré le temps. Les murs sont montés en pierre sèche, non jointés à la chaux, permettant à l’abri de rester bien aéré (essentiel pour troupeau d’ovins qui reste abrité ou pour stocker des céréales). La charpente bien solide est faite de châtaigner. La toiture est en lauze de schiste, qui a dû être ramassé dans la plaine voisine car il n’y a pas de carrière à proximité. De cette manière, les pierres du bâtiment n’ont nécessité aucun transport, et le champs fût épierré.

Dans sa disposition, la bergerie utilise la pente naturelle du site pour s’économiser la création d’un escalier. Ses ouvertures sont orientés vers le sud pour se protéger du froid et faire rentrer de la chaleur. Il n’y a que deux portes et quelques petite fenêtres, afin d’avoir assez d’éclairage avec le minimum d’ouvertures.

L'intérieur réserve aussi quelques surprises: petites niches dans la pierre, pour l'huile ou ranger quelques objets; et la pièce horizontale de charpente (entrait) qui sert à empêcher l'écartement des autres pièces (arbalétriers) est un magnifique tronc tordu à l'état brut, dont la forme permet de dégager l'espace au maximum tout en assurant son rôle stabilisateur.

Pour la restauration, on trie et retaille les pierres de la toiture. On procède à une extension de la bergerie. De nouvelles pierres sont alors achetées à la carrière la plus proche. Les bois remplacés viennent de la forêt voisine et on fabrique sur place les pièces de charpente. Le budget fut minimal car le principal est fait par Francis, le propriétaire, qui s’occupe ainsi du démontage du toit, du tri des lauzes, de la taille des poutres de châtaigner, de la réparation de la porte, de la pose du bardage sur l’agrandissement, et des aménagements extérieurs pour les eaux de ruissellement.

A noter que le Parc National des Cévennes a financé en partie les travaux de couverture en lauze car la bergerie se trouve sur la zone cœur du parc. Pour la maçonnerie et la pose des lauzes, les propriétaires font appel à une entreprise privée.

En conclusion, un vieux bâtiment comme celui-ci peut être remis sur pied pour la même fonction qu'il avait autrefois; son existence est la conséquence d'une activité de l'homme sur ce territoire, et la bonne réalisation de l'abri en fait toujours un bâtiment fiable pour protéger les bêtes du froid, de la pluie et des prédateurs.

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Bibliographie:

Nicole Conflent-Chabannes, "Elle protège à nouveau les moutons, la bergerie de Salidès" in Maisons Paysannes de France – n° 214 – décembre 2019