Discussion catégorie:Typologies régionales
Maisons rurales de la Sarthe
Le département de la Sarthe, le Haut-Maine avant la révolution enrichi d'une petite portion de l'Anjou, se présente comme une terre de carrefour où se sont succédées les dominations.
Coincée entre des régions à fort caractère - la Normandie, l'Anjou et l'Ile de France, la Sarthe a parfois du mal à s'affirmer et à se faire connaître. Mais souvent, elle a su tirer profit des qualités de ses voisins, en empruntant ce qu'il y avait de meilleur pour le restituer parfois de manière éclatante à l'image de la cathédrale du Mans.
On retrouve dans les paysages et les construction cette appartenance à l'Ouest de la France, comme si la Sarthe avait collectionné des échantillons de ses voisins pour leur dire: vous voyez, nous, on sait tout faire! Bien plus modestement, c'est la géologie et les besoins des hommes qui ont dicté leur loi.
Sur les franges du département, au Nord, les calcaires et granites de la plaine d'Alençon annoncent déjà la Normandie.
A l'Ouest, schistes, granites, grès et ardoises se retrouvent également en Mayenne (Bas-Maine) et au-delà sur les marches de Bretagne.
Au Sud, les tuffeaux et ardoises vous font voyager en Anjou et en Touraine.
A l'Est, les briques en encadrement, les rognons de silex, les tuiles plates et les calcaires blonds signalent déjà le Perche et le bassin parisien. Partout, se distinguent des ossatures bois sur soubassement en maçonnerie, des plafonds en torchis, des bardages bois, voire de la bauge.
C'est sans doute le "Maine Roux", au regard des sables ferrugineux trouvés dans le sol, qui caractérise le plus l'architecture rurale de la Sarthe. Ce pays de sables et de grès couvre la vallée de la Sarthe et une bonne partie de la vallée de l'Huisne. Les toits sont majoritairement couverts de tuiles plates, plus rarement d'ardoises. Le grès roussard, parfois d'un brun soutenu, et les sables qui donnent de beaux enduits jaune clair, ocre ou franchement oranger, se retrouvent sur tout le centre du département et se mêlent parfois sur ses franges aux autres matériaux. Les enduits aux couleurs chaudes se fondent en général admirablement dans leur environnement bocager, pour peu qu'il ait été préservé. La façade est soulignée et les ouvertures encadrées d'un badigeon de chaux, ce qui donne un caractère indéniable à l'ensemble.
L'habitat rural sarthois est souvent dispersé au fil des exploitations. Comme souvent dans l'Ouest de la France, les maisons étaient composées d'une pièce principale ouverte vers le sud avec une porte et une fenêtre et d'une étable attenante. Le pignon comportant la cheminée est en maçonnerie, les murs gouttereaux -parfois en pans de bois à l'origine- ont souvent été refaits en pierre. Les tuiles plates ont remplacé les bardeaux de chêne ou de châtaignier au XIXe siècle. Les toitures à deux pentes n'ont pas de lucarne (contrairement aux maisons des villages qui en comprennent souvent), mais parfois des gerbières pour engranger les récoltes dans les combles. Le toit peut se prolonger vers l'arrière pour abriter laiterie ou cellier. Le four à pain est adossé au pignon de la maison pour correspondre à la cheminée, encadré très souvent par un poulailler ou une soue. Au gré des nécessités, des dépendances ont été ajoutées et la maison s'organise en longère, les toitures allant parfois en décrochements successifs. S'y ajoute souvent une grange-étable, une remise, des soues, une écurie, sans oublier le puits, la mare et très souvent dans la région le four à chanvre, organisés de manière variée autour de la cour.
Peu conscients de la qualité du patrimoine dans lequel ils sont immergés et sans doute trop modestes, beaucoup de sarthois rechignent à entretenir leurs bâtiments Souhaitons que le bâti rural et son environnement soient de mieux en mieux respectés si l'on veut conserver ces éléments de culture et de mémoire pour le plaisir de tous.