Extension dans un ensemble séculaire (Sarthe)
Pourquoi faire une extension ? L'idée a germé dès les années 2000 ; après une quinzaine d'années de mûrissement, il était temps de passer à l'action... Les années passant, une chambre de plain-pied (au lieu d'une mezzanine), une douche à l'italienne et une pièce lumineuse, sont les options qui se sont imposées de plus en plus clairement comme des agréments à apprécier dès maintenant et également en alternative à la maison de retraite pour le futur !
Intégration d'une extension dans un ensemble séculaire.
Comment intégrer une nouvelle construction dans un ensemble qui a fortement évolué au fil des siècles ?
Il apparaît d'après le plus ancien aveu trouvé aux Archives départementales de la Sarthe que la première trace de bâtiment, vraisemblablement une petite tour rectangulaire, remonte au milieu du XV ème siècle.
Fin XVI e ou début XVII e, « Les Hayes » connaît une première extension et une élévation avec sa toiture en forme de pavillon. Un plafond peint à la française orne la pièce principale (datation par la DRAC : 1625-1645). C'est alors un petit lieu seigneurial.
En 1870, la fuye est abattue, remplacée par la grange, une pièce est ajoutée à gauche de la construction en pavillon, le troisième toit à porc est étendu vers sa droite et surélevé. C'est dans cette configuration que nous trouvons les bâtiments en 1995 ; avec un certain nombre d'appentis recouverts de tôles, vers l'arrière de la maison principale et les toits à porcs.
Des modifications, il y en eut déjà un certain nombre, le XXI e peut donc y ajouter la sienne sans remord, tout en préservant l'équilibre des volumes et ce n'est pas si simple !
Accorder les toitures : rechercher l'harmonie et éviter l'écrasement !
Plusieurs options de raccordement de la toiture de l'extension ont été envisagées :
- un seul bâtiment perpendiculaire à la toiture existante, couvert en tuiles (trop massif et trop haut),
- une toiture végétalisée (trop plate et peu harmonieuse).
- une verrière à colombages en bois toute vitrée et un bâtiment simplement enduit.
Nous n'arrivions pas à nous décider, c'est l'intervention d'un dessinateur de plans (1) qui nous a finalement permis de progresser : ce serait donc un bâtiment « à l'ancienne » avec une façade sud à colombages, couvert en tuiles et une verrière « atelier » couverte en zinc couleur ardoise.
Comme si deux bâtiments anciens avaient déjà existé, que l'on aurait raccordé par une sorte de véranda moderne.
Monsieur est Normand, Madame veut de la lumière !
Où l'on comprend comment une partie du bâtiment se retrouve avec des colombages… « ajourés ».
Il y a quelques années, un atelier a été construit à l'écart du gîte afin de ne pas perturber le séjour des hôtes par les bruits du bricolage. Initialement les murs de cet atelier étaient prévus entièrement en colombages. Un charmant petit bordage, situé à 200 mètres de la maison et démoli par la construction de la LGV, était tout en colombages, il nous a sans doute inspiré, ajouté au fait que se rappeler sa Normandie natale n'était pas pour déplaire au maître des lieux ! Des colombages achetés chez un brocanteur nous semblaient convenir parfaitement aux dimensions prévues pour l'atelier. Hélas, à y regarder de plus près, il y avait beaucoup de travail de reprise des tenons et mortaises… Le Normand entreprit vaillamment la restauration de ces colombages qui avaient déjà beaucoup vécu. Une longueur du bâtiment était déjà prête, mais… le corps parfois crie « stop » ! Seule la moitié du colombage sera installée ; il en restait donc une moitié qui attendait un usage futur.
Ce colombage sera donc réemployé et complété car il en faudra huit mètres pour la partie de l'extension qui abritera la chambre. Le Normand se remet au travail avec constance et ses ciseaux à bois et pour finir avec une mortaiseuse à chaîne généreusement prêtée par l'entreprise de charpente-couverture (2) !
Comme l'intérieur de la future chambre paraît finalement un peu sombre, l'idée de vitrer une partie des colombages a fait son chemin… Ce n'est pas vraiment traditionnel mais si l'aspect extérieur peut surprendre, la lumière gagnée à l'intérieur est fort agréable.
Très bonne isolation phonique recherchée !
La LGV Bretagne Pays-de-la-Loire s'est imposée dans le paysage et dans la vie de ses malheureux riverains depuis le 2 juillet 2017. Après nous être interrogés pour savoir si nous fuyions devant ce vacarme ou bien si nous allions quand même réaliser notre projet d'extension, nous n'avons pu nous résoudre à abandonner une restauration entamée avec amour en 1995…
Nous décidons alors de rechercher tout particulièrement une isolation phonique performante. Le liège passe pour avoir cette qualité, en plus d'être un bon isolant thermique et imputrescible. Nous fabriquons donc une « boîte » en liège expansé : 19 cm de liège expansé au sol sous les tuyaux de chauffage basse température, 14 cm sur les murs à l'intérieur et 3 cm à l'extérieur (les briques de construction de 20 cm sont prises en sandwich entre les plaques de liège) et au plafond 16 cm de plaques de liège.
C'est efficace, mais pas tout à fait autant qu'on l'espérait : les grondements assourdis des TGV passent quand même et également les vibrations.
Les fenêtres sont pourtant également isolantes et de belle qualité (3).
Nous ne regrettons cependant pas d'avoir construit cette extension, la pièce vitrée est particulièrement agréable à vivre et la totalité de l'extension le sera certainement quand l'intérieur sera achevé, ce qui ne saurait tarder !
Et notre plus belle récompense, c'est lorsque l'on nous dit que l'on a bien fait de raccorder ce petit bâtiment ancien à colombages et les « toits à porcs » par une partie moderne !
Maître d'ouvrage : Gérard Gasnier et Anne-Marie Guitton
Concepteur : Mr Thierry Beaudoux BT Concept Pruillé-le-Chétif (1)
Charpente et couverture: Toiture & Tradition La Bazoge (2)
Menuiseries: Ouvertures 72 Le Mans (3)