Charpente cévenole
L'essentielle caractéristique du pays cévenol, c'est le schiste. Son utilisation dans la construction se retrouve de la cave à la toiture. On parle moins souvent de la charpente, alors qu'elle est en maints points originale, tellement d'ailleurs que s'engager dans la rénovation d'une toiture de lauzes sans recourir à la réparation d'une telle charpente ou à la pose d'une neuve de même type, serait considéré comme une erreur économique. La connaissance de ce type de charpente s'impose donc. Or, ici, c'est la simplicité qui prime avant tout, comme cela arrive assez souvent dans l'architecture paysanne. Les charpentes cévenoles étaient mises en oeuvre par les maçons et les paysans eux-mêmes.
Sommaire
La primauté du châtaignier
Le bois de châtaignier est utilisé pratiquement sans dérogation.
Technique de pose pour une couverture à deux pans
La sablière
Elle se pose à l'aplomb de l'intérieur des murs. Sa section est de 18 à 25 cm au carré. Tous les 1 à 2 mètres (moyenne 1m50), une entaille en queue d'aronde est pratiquée pour recevoir les fermes triangulées.
Les entraits ou tirants
Leur section est d'environ 15x15 cm. La face intérieure des extrémités est taillée de telle sorte qu'elle s'encastre dans la queue d'aronde femelle des sablières. L'entaille ne présente pas de difficulté particulière. La face supérieure des extrémités est creusée d'un sabot pour les arbalétriers. Cette entaille est à réaliser à 5/20 du mur. Enfin, le bout du tirant est biseauté suivant la pente du toit.
La faîtière
Elle est posée sur les deux pignons. Autrefois, cette pièce était prise dans un seul arbre équarri sans se préoccuper de la section. Aussi n'est-il pas rare de trouver la section d'un bout mesurant le double de l'autre. Une extrémité peut être très mince. La pose se fait en losange. On utilise aujourd'hui une section de 15x15 cm.
Les arbalétriers
La méthode traditionnelle consistait à fabriquer ces pièces avec des branches fourchues de châtaignier, la fourche étant retaillée pour former un angle droit. Actuellement (en 1983), les scieries fabriquent sur demande des arbalétriers en sifflet que le charpentier-maçon taille à volonté. Le pied de l'arbalétrier est posé dans le sabot ménagé dans l'entrait et la tête trouve sa place sur la faîtière, de telle sorte que celle-ci se trouve prise entièrement par les deux branches des deux arbalétriers.
Les chevrons
Il reste à poser les chevrons, longs de 2.50 à 3 mètres, d'une section de 10x10 cm, étant précisé que c'est à ce moment-là que l'on coupe la longueur voulue (elle varie souvent, car les murs sont rarement parallèles, voire de la même épaisseur). Si besoin est, ce qui est idéal pour ce travail est l'herminette de charron. En principe, aucune pointe ni aucune cheville n'est nécessaire à la fixation de cet ensemble particulièrement solide.
Le platelage
Il est constitué par des voliges de châtaignier de 27 mm, longues de 2 m environ, clouées sur les chevrons et les arbalétriers qui doivent se trouver au même niveau.
Ces charpentes ne nécessitent pas de traitement et les prix du bois sont compétitifs par rapport au sapin du Nord traité.
Par ailleurs, ces charpentes sans poinçon ni contre-fiche ni panne et à chevrons courts sont très économiques en bois.
De telles charpentes ne laissent apparentes aucune des pièces de bois, ce qui les rend particulièrement résistantes aux intempéries.
La première rangée de lauzes, en bas de toiture, repose donc directement sur le mur ou, ce qui est plus fréquent sur une gênoise à une, deux ou trois rangées de lauzes de 4 à 5 cm d'épaisseur, montées au mortier de chaux grasse et de sable auquel on peut ajouter un peu de plâtre comme le faisaient certains maçons il y a un demi-siècle, afin d'activer la prise.