La brique en Sarthe
Sommaire
La brique dans tous ses états.
Historique.
Les briques ont dans l’Histoire toujours été utilisées. Ainsi l’Homme utilise des briques de terre crue séchée au soleil au cours du second millénaire av J.C. dans l’ancienne Mésopotamie à Ur par exemple ou dans l’Égypte ancienne comme par exemple à Louksor.
Chez nous dans l’ouest de la Gaule on connaît bien à l’époque romaine l’utilisation de la brique, comme dans la construction de la muraille gallo romaine du Mans au cours de la fin du IIIème siècle après J.C., où les rangs de briques viennent régulièrement en alternance des rangs de moellons. (1)
Pendant le Moyen Age, l’utilisation de ce matériau et de cette technique semble se restreindre sans toutefois disparaître et même semble de nouveau se développer à partir du XVème siècle, comme l’atteste les conduits de cheminée sur nombre de manoirs ruraux. Ainsi, sous l’Ancien Régime, nombre de pavillons ou châteaux sont ils construits en briques. (2)
Mais c’est au cours de la seconde moitié du XIXème siècle que cette technique va se développer dans l’architecture rurale grâce à l’industrialisation de la production et grâce au développement du chemin de fer qui en diminue le coût. (3)
Une grande variété d’utilisation.
On peut trouver de la brique dans presque toutes les régions de la Sarthe et dans tous les domaines de la construction. Ces briques soigneusement mises en œuvre donnent une qualité de construction et des décors souvent agréables, comme par exemple ces variations de couleur dues à la cuisson dans le four par entrecroisement des rangs de briques. (4)
On trouve donc des bâtiments entiers construits en briques en laissant le matériau apparent (5 et 6 ) ou au contraire en cachant soigneusement les briques par un enduit à la chaux pour ne laisser voir que les entourages de portes ou fenêtres. (7 et 8) La construction peut également être en pierres et seulement les entourages en briques (9 et 10) avec parfois une alternance pierres et briques. C’est notamment ce mode de construction qui sera utilisé pour construire les logements ouvriers dans les quelques cités ouvrières des villages sarthois comme à la verrerie de Coudrecieux. (11)
La brique à tous les niveaux de la maison, du sol à la cheminée.
Faisons l’inventaire :
A l’extérieur la maison se trouve protégée et mise en valeur par des trottoirs de briques plus ou moins simples (12 à 15) ou aménagés avec un caniveau par exemple et une bordure réalisée avec des briques en quart de rond. (16)
Les ouvertures présentent différentes variantes possibles comme la couleur des briques qui varie en fonction de la température de cuisson et de la nature de l’argile. (17) Les jambages peuvent être réguliers (18) ou montés avec le côté en mode harpage pour assurer une meilleure liaison avec le mur. (19) Quant aux linteaux ils peuvent être pleins et réguliers (20) ou au contraire avec des clefs et des sommiers dans les angles. (21 et 22)
On remarque aussi de nombreuses petites ouvertures de toutes sortes car la brique permet toutes les fantaisies, ainsi des oculi circulaires (23 à 25) ou ovales (26 et 27) et même des ouvertures en losanges plus ou moins sophistiquées. (28 et 29) On peut même trouver une ouverture bouchée sous la forme d’un claustra pour assurer séchage et ventilation. (30)
C’est peut-être dans le domaine de la corniche que la brique prend toute sa mesure en donnant une grande variété de décors avec différentes couleurs (31) ou différents profils plus ou moins hauts et recherchés. Le profil en quart de rond, grâce à ses briques à un angle arrondi (32 à 35) côtoie le profil en doucine (36) et les corniches plus travaillées avec des modillons (37 à 39) ou des chevrons (40).
A noter que parfois certaines corniches d’apparence en pierres de taille ne sont en fait que des corniches de briques habillées de plâtre ou chaux, pour paraître plus fortuné (41).
La cheminée présente elle aussi la particularité de donner un décor souvent varié et habile comme des ressauts ou des damiers (42 et 43) et même parfois de véritables chefs d’œuvres (44).
On utilise la brique également pour bâtir les lucarnes d’une façon très simple avec seulement un seuil et deux piliers (45) ou d’une façon plus élégante avec un linteau en cintre (46 et 47), ou encore en faisant preuve de virtuosité et d’élégance. (48)
Pour les dépendances de la maison, la brique fut utilisée dans toutes les constructions, du chenil (49) aux clapiers, (50) de la grange (51) au pigeonnier, (52) en passant par des étables plus ou moins grandes ou luxueuses (53) et par les piliers des portails (54 et 55). On trouve même des petites guérites de garde barrière en briques. (56)
La brique, élément décoratif.
Nos ancêtres ont su faire preuve d’ingéniosité en utilisant la brique de différentes façons pour fabriquer des décors étonnants, comme cette ligne de séparation constituée de briques de différentes couleurs qui aurait du ressortir de l’enduit à la chaux (57) ou cette date inscrite dans le mur. (58) On peut trouver aussi des cartouches et des associations avec le tuffeau qui donnent des résultats très esthétiques. (59) Enfin la brique peut être maçonnée de différentes façons, donnant ainsi des effets visuels dus à la couleur des briques (60) ou au contraire à la technique de mise en place (panneresse et boutisse). (61et 62)
Pour conclure on ne peut que montrer cette construction de la cantine scolaire de Marçon ou la brique fut utilisée de façon harmonieuse et élégante par un disciple de Le Corbusier (63) et souhaiter que cette technique puisse être de nouveau remise à l’honneur.
Bibliographie :
Revue Maisons Paysannes de la Sarthe n° 5 – 2020 – La brique dans tous ses états, p. 15 à 19. par François Pasquier.