Cabane de pierre sèche

De Maisons Paysannes de France
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Borie entre Sarlat et Montignac en Dordogne

Photo Michel Quéré ©
La cabane est un petit édifice construit entièrement en pierres sèches, couronné généralement par une voûte en encorbellement.

Architecture de la cabane

Ces bâtis sont montés par superposition de pierres plates ou laves calcaires qui auront été taillées au préalable au marteau ou bien avec des moellons récupérés pendant les labours. Les laves peuvent être calées ou surélevées par des pierres plus petites qui permettront au toit d'être monté plus rapidement. La cabane peut prendre divers aspects: ronde, ovoïde, rectangulaire, trapézoïdale. Elle n'est pas souvent bien datable car est sans cesse démolie et reconstruite.

La voûte est à encorbellement, c'est à dire réalisée avec des pierres en saillie vers l'intérieur par rapport à celles qu'elles superposent afin de constituer une couverture qui se rejoint au fur et à mesure de la montée. Dans une cabane, la pierre du dessus dépasse généralement d'un tiers (ou moins) de la pierre qu'elle superpose.

L'entrée de cette cabane est généralement une simple ouverture de forme ovoïde, trapézoïdale ou carrée mais peut également être rectangulaire lorsqu'elle comporte une porte. Celle-ci est dans ce cas en bois et pivote sur un pieu encastré dans un sabot.

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L'intérieur de certaines cabanes comportent parfois des poutres en bois situées à 2m du sol afin de retenir le fourrage en réserve.

Dans le Périgord, les cabanes sont souvent situées près des carrières en pierres calcaires jurassiques. Si le calcaire utilisé pour construire la cabane n'est pas gélif mais s'il est dur et sans fissure, la toiture en lave peut résister plus de deux cent ans.

Usage

Ces bâtisses servaient d'abri, de coin de repos ou de repas lorsqu'elles étaient à l'écart des villages.

Dans le Périgord Noir, pendant l'été, la cabane sert à abriter les montures (mulet ou âne) du soleil et des mouches. Elles étaient attachées à un anneau de pierre intérieur ou extérieur intégré dans le mur de la construction.

Lorsqu'elles étaient à proximité des habitations, les cabanes pouvaient aussi faire office de pigeonnier, de poulailler, de dindonnière ou de clapier. Elles étaient dans ces cas-là ouvertes la journée et fermées la nuit pour protéger l'élevage des renards et blaireaux.

Elles pouvaient également servir de lieu de stockage pour les outils du travail de la vigne (serpe, barrique, fil de fer, cuves à sulfate de cuivre) ou pour l'entretien des truffières.
Capitelle en forme de bonnet

Dessin Pierre Moreau ©

Construction d'une cabane

Cabane cylindro-conique

Dessin C. Lassure ©

La cabane s'inscrit sur un site plat sur lequel est tracé un cercle de 1,50m à 3m de diamètre. Les murs auront une épaisseur minimum de 50cm qui seront support du poids et de la poussée du toit. Des blocs supports sont posés à faible profondeur dans le sol ou bien sont posés à même celui-ci et servent de fondation au mur.

Les murs sont construits avec des pierres sèches alignées et entrecroisées pour éviter les effondrements. Une attention particulière sera portée à l'angle de montage du mur au niveau des ouvertures. Un linteau en bois ou en pierre épaisse permet de faire la jonction entre les murs au niveau des ouvertures.

Une fois les murs montés à la hauteur souhaitée, la pose du toit à encorbellement peut débuter. L'épaisseur du toit est constituée par des pierres intérieures, bloquées par les pierres des couches intermédiaires, elles même retenues par des pierres de parement qui s'y appuient.

Les premières rangées du toit sont posées avec des laves d'égout, appelées "randières", débordant de 20cm sur l'extérieur du mur et avec les joints décalés. Ces pierres sont d'une longueur de 40 à 50cm pour une largeur parfois équivalente. Elles servent à évacuer l'eau. Ces laves peuvent être laissées brutes ou bien être taillées en biseau.

La voûte du toit est montée avec chaque rang superposé débordant de 5cm vers l'intérieur. Une inclinaison de 15° des pierres est nécessaire pour le montage du toit, réalisée à l'aide de pierres fines appellées "soustilles" et qui servent de cales. Arrivé en haut du toit, il reste un vide d'un diamètre de 30cm que l'on recouvre par une lave ou par un tas de charge reposant à plat sur ce dôme. Ce sommet peut être surmonté par un épi de faîtage.

Bien que montées la plupart du temps à sec, ces constructions peuvent parfois être consolidées avec de la terre ou du mortier.

Spécificité régionale

La cabane de pierre sèche peut porter plusieurs noms suivant la région où elle se trouve :

Borie, cabotte (Provence), orris (Pyrénées), capitelle, caselle (Quercy), gariotte (Périgord), tsabonas (Cantal), chibotte (Velay), cadole, cabotte (Bourgogne), cave (Dauphinois/Bourbonnais) grangettes ou cajolles.

Divers types de voûtes en lauzes

Dessin Florence Néret ©

Bibliographie

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  • MOISSENET D., DESCHAINTRE A. (2007), Les cabottes en Côte-d'Or, Revue Maisons Paysannes de France, n°56, 2T, pp.24-26.
  • MOREAU P. (1975), Les toits de pierres : calcaire, phonolite, schiste, ardoise. Revue Maisons Paysannes de France, n°4, pp.9-12.
  • MOREAU P. (1984), Maisons de nos Pays, Dans le Gard, Revue Maisons Paysannes de France, n°71, 1T, pp. 4-9.
  • NERET F. (1996), Regards sur les pays de Franche-Comté, Les cabanes en pierre sèche du Premier Plateau, Revue Maisons Paysannes de France, n°122, 4T, pp. 17-19.
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  • POUJARDIEU F. (1999), Les cabanes en pierres sèches du Périgord Noir, Revue Maisons Paysannes de France, n°134, 4T, pp. 20-23.
  • SCHNEIDER D.(1997), Couvrir une caselle en lauzes sur le Causse de Gramat, Revue Maisons Paysannes de France, n°124, 2T, pp. 24-26.
  • STEIN A., Périgord Quercy, La maison dans sa région, Massin Editeur, 1991, pp.78-79.