L'habitat en Pays-Basque : Différence entre versions

De Maisons Paysannes de France
(Simple correction de "Pour la partie espagnole, elle est situé" à "située".)
 
(2 révisions intermédiaires par un autre utilisateur non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
 
=== Traditionnel et néo-basque ===
 
=== Traditionnel et néo-basque ===
[[Fichier:Carte du Pays-Basque.png|vignette|
+
[[Fichier:Carte du Pays-Basque.png|vignette|Carte du Pays-Basque]]
Carte du Pays-Basque
+
 
 +
[[Fichier:Exemple de maison labourdine.png|vignette|Exemple de maison labourdine
 +
<br>
 +
<br>
 +
Dessin Théo Comby.
 
]]
 
]]
En France, le '''Pays-basque''' est situé dans le département des '''Pyrénées-Atlantiques''', constitué des trois anciennes provinces du '''Labourd''', de la '''Soule''' et de la '''Basse-Navarre'''. Pour la partie espagnole, elle est situé dans les régions de la '''Navarre''', la '''Biscaye''', l’'''Alava''' et le '''Guipuscoa'''.
 
  
La notion de « maison » est un principe central dans la structure de la société basque. Au-delà d’être un simple abri, elle porte un rôle essentiel d’identification sociale, notamment lorsque la vie collective est encore agricole. Les années 1900 effaceront peu à peu cette fonction, avec l’arrivée de '''villas d’un style néo-basque''' reprenant la forme des anciennes maisons paysannes, mais cette fois dans une « dimension purement décorative et symboliquement exotisante ».[[#sdfootnote1sym|<sup>1</sup>]] La '''référence incontournable''' de ce changement prend '''modèle''' sur la '''maison ancienne labourdine'''.
+
En France, le '''Pays-basque''' est situé dans le département des '''Pyrénées-Atlantiques''', constitué des trois anciennes provinces du '''Labourd''', de la '''Soule''' et de la '''Basse-Navarre'''. Pour la partie espagnole, elle est située dans les régions de la '''Navarre''', la '''Biscaye''', l’'''Alava''' et le '''Guipuscoa'''.
 +
 
 +
La notion de « maison » est un principe central dans la structure de la société basque. Au-delà d’être un simple abri, elle porte un rôle essentiel d’identification sociale, notamment lorsque la vie collective est encore agricole. Les années 1900 effaceront peu à peu cette fonction, avec l’arrivée de '''villas d’un style néo-basque''' reprenant la forme des anciennes maisons paysannes, mais cette fois dans une « dimension purement décorative et symboliquement exotisante »<ref>Bidart, Pierre. « La production des néo-styles régionaux », ''Ethnologie française'', vol. vol. 37, no. HS, 2007, pp. 35-38.</ref>. La '''référence incontournable''' de ce changement prend '''modèle''' sur la '''maison ancienne labourdine'''.
  
Traditionnellement la maison basque, « l’''etxe'' », est le résultat d’une adaptation à des contraintes qui sont celles du site, du climat et du mode de vie '''agricole '''; l’''etxe'' était ainsi directement intégrée au paysage. Perçue comme conséquence de la grotte préhistorique, elle se présente comme « lieu d’habitation, d’atelier, de sépulture et temple », elle témoigne directement de l’histoire d’une tradition séculaire.[[#sdfootnote2sym|<sup>2</sup>]]
+
Traditionnellement la maison basque, « l’''etxe'' », est le résultat d’une adaptation à des contraintes qui sont celles du site, du climat et du mode de vie '''agricole '''; l’''etxe'' était ainsi directement intégrée au paysage. Perçue comme conséquence de la grotte préhistorique, elle se présente comme « lieu d’habitation, d’atelier, de sépulture et temple », témoignant directement de l’histoire d’une tradition séculaire<ref>Centre PACT du Pays Basque'', Le bâti ancien en pays-basque'', Électricité de France, 1981.</ref>.
  
 
L’agglomération villageoise correspondait simplement à un petit ensemble de maisons autour d’une église, d’une mairie, d’une école et d’un [https://fr.wikipedia.org/wiki/Fronton_(pelote_basque) fronton de pelote]. Le rassemblement de maisons en villes est alors plus tardif, répondant plutôt à une contrainte essentiellement '''économique''', même si les éléments traditionnels de la maison sont conservés.
 
L’agglomération villageoise correspondait simplement à un petit ensemble de maisons autour d’une église, d’une mairie, d’une école et d’un [https://fr.wikipedia.org/wiki/Fronton_(pelote_basque) fronton de pelote]. Le rassemblement de maisons en villes est alors plus tardif, répondant plutôt à une contrainte essentiellement '''économique''', même si les éléments traditionnels de la maison sont conservés.
Ligne 19 : Ligne 24 :
  
 
=== Une société structurée autour de l’idée de maison ===
 
=== Une société structurée autour de l’idée de maison ===
Si la maison sert à abriter les hommes et les animaux, on ne pourrait pas comprendre la maison basque en faisant l’impasse sur son caractère symbolique. L’existence de celle-ci est inséparable de sa fonction '''sociale''', '''religieuse''', '''politique''', '''économique''', et tient aussi lieu de '''sépulture'''. Or ce bâtiment représente la famille qui y vit, celle-ci étant considérée comme l’unité au fondement de l’'''organisation sociale'''. En ce sens, la société basque ne se compose pas d’individus isolés, mais d’un ensemble de familles qui sont représentées par leurs maisons. Ainsi les individus de '''plusieurs générations habitent ensemble''' ; celui qui hérite de la maison est le premier descendant (garçon ou fille). La société étant essentiellement rurale et dispersée, le voisinage est très important entre les différentes maisons. Le statut de « premier voisin » ('''''auzo''''') est alors précieux : celui-ci peut aider aux tâches agricoles, remplacer un membre de la famille malade ou décédé, ou ravitailler la maison en cas de besoin. [[#sdfootnote3sym|<sup>3</sup>]]
+
Si la maison sert à abriter les hommes et les animaux, on ne pourrait pas comprendre la maison basque en faisant l’impasse sur son caractère symbolique. L’existence de celle-ci est inséparable de sa fonction '''sociale''', '''religieuse''', '''politique''', '''économique''', et tient aussi lieu de '''sépulture'''. Or ce bâtiment représente la famille qui y vit, celle-ci étant considérée comme l’unité au fondement de l’'''organisation sociale'''. En ce sens, la société basque ne se compose pas d’individus isolés, mais d’un ensemble de familles qui sont représentées par leurs maisons. Ainsi les individus de '''plusieurs générations habitent ensemble''' ; celui qui hérite de la maison est le premier descendant (garçon ou fille). La société étant essentiellement rurale et dispersée, le voisinage est très important entre les différentes maisons. Le statut de « premier voisin » ('''''auzo''''') est alors précieux : celui-ci peut aider aux tâches agricoles, remplacer un membre de la famille malade ou décédé, ou ravitailler la maison en cas de besoin.<ref>Allières éd., ''Les Basques,'' Presses Universitaires de France, 2003, pp. 84-113.</ref>
  
 
== '''Bibliographie''' ==
 
== '''Bibliographie''' ==
Ligne 33 : Ligne 38 :
  
 
{{Références}}
 
{{Références}}
[[#sdfootnote1anc|1]]Bidart, Pierre. « La production des néo-styles régionaux », ''Ethnologie française'', vol. vol. 37, no. HS, 2007, pp. 35-38.
 
 
[[#sdfootnote2anc|2]]Centre PACT du Pays Basque'', Le bâti ancien en pays-basque'', Électricité de France, 1981.
 
 
[[#sdfootnote3anc|3]]Allières éd., ''Les Basques.'' Presses Universitaires de France, 2003, pp. 84-113.
 

Version actuelle datée du 29 septembre 2020 à 14:40

Traditionnel et néo-basque

Carte du Pays-Basque
Exemple de maison labourdine

Dessin Théo Comby.

En France, le Pays-basque est situé dans le département des Pyrénées-Atlantiques, constitué des trois anciennes provinces du Labourd, de la Soule et de la Basse-Navarre. Pour la partie espagnole, elle est située dans les régions de la Navarre, la Biscaye, l’Alava et le Guipuscoa.

La notion de « maison » est un principe central dans la structure de la société basque. Au-delà d’être un simple abri, elle porte un rôle essentiel d’identification sociale, notamment lorsque la vie collective est encore agricole. Les années 1900 effaceront peu à peu cette fonction, avec l’arrivée de villas d’un style néo-basque reprenant la forme des anciennes maisons paysannes, mais cette fois dans une « dimension purement décorative et symboliquement exotisante »[1]. La référence incontournable de ce changement prend modèle sur la maison ancienne labourdine.

Traditionnellement la maison basque, « l’etxe », est le résultat d’une adaptation à des contraintes qui sont celles du site, du climat et du mode de vie agricole ; l’etxe était ainsi directement intégrée au paysage. Perçue comme conséquence de la grotte préhistorique, elle se présente comme « lieu d’habitation, d’atelier, de sépulture et temple », témoignant directement de l’histoire d’une tradition séculaire[2].

L’agglomération villageoise correspondait simplement à un petit ensemble de maisons autour d’une église, d’une mairie, d’une école et d’un fronton de pelote. Le rassemblement de maisons en villes est alors plus tardif, répondant plutôt à une contrainte essentiellement économique, même si les éléments traditionnels de la maison sont conservés.

Les différences d’architecture et de matériaux utilisés répondent surtout aux conditions géographiques particulières : variation de l’influence de l’Océan Atlantique en fonction de l’éloignement de la côte, une forte pluviosité, une température élevée pour chaque saison, parfois des changements de température plus prononcés sous l’influence continentale, et des variations locales en fonction de l’altitude et de l’exposition.

L’habitation

Si les types de maisons sont évidemment divers, l’originalité de l’habitation basque est caractérisée par différents éléments que nous essayons ici de présenter dans ses grandes lignes :

L’édifice est d’un seul bloc, fait de pierre ou de briques, souvent à colombages. La façade principale est généralement à pignon ; elle seule contient les éléments de décoration, représentant et identifiant la famille, avec un linteau (atalarri) informatif, parfois avec un porche (lorio). Les murs sont blanchis à la chaux, sauf parfois pour les encadrements de fenêtres par exemple. Les colombages sont peints majoritairement en rouge ou en vert si il y en a. L’étage peut-être en encorbellement, en pan de bois. Près de l’océan, la toiture est souvent à deux versants en pente douce pour limiter l’emprise face aux vents, en tuile creuse, rouge clair, symétrique ou asymétrique, parfois à 3 ou 4 pentes. Pour la proportion, on observe souvent une étable-bergerie qui tend à étirer la maison en profondeur, ou prolongée sur un des côtés du bloc central, donnant cette asymétrie caractéristique de la maison basque. Vers l’Est la façade décorée et les colombages vont plutôt disparaître, et la toiture peut-être en ardoise, à fortes pentes face à la neige.

Une société structurée autour de l’idée de maison

Si la maison sert à abriter les hommes et les animaux, on ne pourrait pas comprendre la maison basque en faisant l’impasse sur son caractère symbolique. L’existence de celle-ci est inséparable de sa fonction sociale, religieuse, politique, économique, et tient aussi lieu de sépulture. Or ce bâtiment représente la famille qui y vit, celle-ci étant considérée comme l’unité au fondement de l’organisation sociale. En ce sens, la société basque ne se compose pas d’individus isolés, mais d’un ensemble de familles qui sont représentées par leurs maisons. Ainsi les individus de plusieurs générations habitent ensemble ; celui qui hérite de la maison est le premier descendant (garçon ou fille). La société étant essentiellement rurale et dispersée, le voisinage est très important entre les différentes maisons. Le statut de « premier voisin » (auzo) est alors précieux : celui-ci peut aider aux tâches agricoles, remplacer un membre de la famille malade ou décédé, ou ravitailler la maison en cas de besoin.[3]

Bibliographie

  • Bidart Pierre. « La production des néo-styles régionaux », Ethnologie française, vol. vol. 37, no. HS, 2007, pp. 35-38.
  • Centre PACT du Pays Basque, Le bâti ancien en pays-basque, Électricité de France, 1981.
  • Caue 64, L’habitat traditionnel en Labourd, 2006.
  • Esteban Mixel , Les maisons basques, Romorantin-Lanthenay : Editions CPE, 2009.
  • Allières éd., Les Basques. Presses Universitaires de France, 2003, pp. 84-113.
  • Louberge Jean « La maison rurale au pays-basque » in Maisons Paysannes de France, n°4/1981, pp. 8-11.
  • Fischer Roger, « Notes sur l'Etche Basque : Du pays de Soule au labourd : un curieux cas de transition progressive », in Maisons Paysannes de France, 1971, pp.17-18.
  • Fontaine René , « Les pans de bois », Rubrique « Sachez restaurer » in Maisons Paysannes de France, 1972, pp.22-26
  • Lahaderne Jean-Jacques , « Notes de l'Etche Basque : Il n'y a pas que la trop célèbre "Maison Basque" », in Maison Paysannes de France, 1971, pp. 14-16.

Références

  1. Bidart, Pierre. « La production des néo-styles régionaux », Ethnologie française, vol. vol. 37, no. HS, 2007, pp. 35-38.
  2. Centre PACT du Pays Basque, Le bâti ancien en pays-basque, Électricité de France, 1981.
  3. Allières éd., Les Basques, Presses Universitaires de France, 2003, pp. 84-113.