Mancelle : Différence entre versions

De Maisons Paysannes de France
(J'ai remodelé et complété le texte et également complété la bibliographie)
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La '''mancelle''' ou '''mancel''' est une maison individuelle populaire à un ou deux étages typique de la Sarthe.
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Les '''mancelles''' sont des maisons d’habitation populaires ou légèrement bourgeoises, à un ou deux étages, caractéristiques de la Sarthe et plus particulièrement de la ville du Mans.
  
Ces maisons de ville ou village sont accolées et donnent sur des rues souvent longues. Chaque mancelle est située sur un terrain d'une superficie réduite de 150 à 250m², avec jardin arrière et potager. La maison dispose au rez-de-chaussée d'un salon, d'une salle à manger et de chambres situées à l'étage, accompagnées d'un cabinet de toilette. Une cuisine se situe souvent sous un appentis côté cour.  
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Ces maisons de ville accolées et alignées sur des rues souvent longues, marquent le paysage urbain dans des quartiers calmes autour du centre ville, à l’écart des activités économiques. Elles font partie de l’environnement quotidien des manceaux, ce qui fait que cet habitat est souvent jugé commun ou banal, alors qu’en fait il participe fortement à l’identité de la ville.
  
Un couloir faisant face à la porte d'entrée dessert la salle à manger et parfois le salon. Il mène de la rue à la cour et au jardin dans lequel est situé au fond un cabinet d'aisance. Toutes les mancelles possèdent une cave et un grenier.
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La dénomination "mancelle" ne vient pas uniquement du nom de la ville du Mans. Elle s’est banalisée avec l’arrivée d’Eugène Mancel, Préfet de la Sarthe de septembre 1839 à janvier 1847. Celui-ci a favorisé le développement de ces habitations à partir de 1840 afin de répondre au désir de familles souhaitant améliorer leur confort de vie. Avec l’arrivée des chemins de fer (création de la gare du Mans en 1854), l’industrialisation de la ville et l’exode rural, les mancelles se multiplient entre 1950 et la seconde guerre mondiale et gagnent des quartiers un peu plus excentrés (Jean Jaurès par exemple).
  
La dénomination "Mancel" ou "Mancelle" ne vient pas de la ville du Mans, bien que ce type d'habitat soit très présent dans la ville, mais du nom du préfet Eugène Mancel, Préfet de la Sarthe de septembre 1839 à janvier 1847. Celui-ci a favorisé le développement de ces habitations vers 1840 afin de répondre au désir de familles aisées souhaitant améliorer leur confort de vie.<ref>VANDESTICK B. et CHANTELOUP L., ''Génies de la Sarthe, Eugène Mancel'', Emission radio France Bleu Maine, 2014. 55s. Enregistrement disponible à l'adresse : https://www.lujees.com/catalogue/genies-de-la-sarthe/</ref>
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Il n’y a pas un type précis de mancelle, mais une grande diversité de modèles due au fait qu’elle était facilement adaptable  dans le temps et selon le niveau social des habitants. Il est cependant possible de distinguer deux types de mancelles : la grande mancelle et la petite mancelle.
  
Pour répondre aux besoins de la population issue de l'exode rural, généré par la création de la gare du Mans en 1854 et par l'industrialisation, la petite mancelle est créée. De configuration plus modeste, elle dispose d'une salle à manger, d'une cuisine et d'une chambre au rez-de-chaussée avec parfois une chambre supplémentaire dans les combles.
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==== Caractéristiques communes : ====
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Elles sont assez étroites en façade (5 à 6m), accolées les unes aux autres et alignées le long de rues relativement longues et étroites, avec des trottoirs de l’ordre de 1,30m.
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Elles possèdent sur l’arrière un jardin avec potager, étroit mais parfois assez long, souvent séparé des autres par un muret en maçonnerie de pierre.
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Elles sont construites en maçonnerie de pierre enduite à la chaux. Les encadrements et lucarnes sont de pierre de taille. La couverture est en ardoise. Le plancher séparant la cave du rez-de-chaussée est formé d’IPN supportant des éléments de terre cuite recouverts d’un sol carrelé. Les pièces sont plâtrées au rez-de-chaussée, plafond compris, et l’étage bénéficie d’un parquet en chêne.
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==== La grande mancelle : ====
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 Les grandes mancelles, réservées à un public relativement aisé (petite bourgeoisie) pouvaient être confortables : un couloir situé face à la porte d’entrée desservait une salle à manger et un salon. Elles étaient équipées d’une cuisine disposée le plus souvent en appentis côté cour, de deux chambres à l’étage et d’un cabinet de toilette. Elles possédaient une cave et un grenier. La façade sur rue, assez sobre à l’origine avec uniquement l’encadrement des ouvertures, une lucarne en pierre de taille, parfois un bandeau marquant la séparation des étages et une corniche en pierre de taille, se complique par la suite de décorations plus chargées.
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==== La petite mancelle : ====
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C’est une maison modeste avec une façade sur rue comportant une porte, une fenêtre et une lucarne (parfois également sur jardin) qui éclaire le comble. A l’intérieur, le couloir latéral face à la porte d’entrée dessert la salle à manger, une chambre et une petite cuisine. Il mène de la rue au jardin au fond duquel est situé un cabinet d'aisance. La cave est souvent située sous la salle à manger. L’escalier part du couloir et mène à une petite chambre mansardée côté rue et au grenier adjacent côté jardin.
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==== Les alignements : ====
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Les mancelles forment des alignements parfois répétitifs lorsqu’elles sont  toutes semblables, mais le plus souvent variés, avec des hauteurs différentes qui dénotent une certaine mixité sociale et une évolution architecturale des façades dans le temps. Le côté minéral des rues est largement compensé par la surface réservée aux jardins à l’intérieur des ilots.
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Ce modèle a inspiré d’autres formes de maisons individuelles accolées jusque dans les années 1970 (les maisons Leroy-Haricot par exemple).
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Il a fortement contribué à faire du Mans une ville étendue en surface (aussi grande que Lyon) mais peu dense.
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==== Conservation et entretien : ====
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Pour les besoins de confort actuel, ces maisons font souvent l’objet d’un agrandissement côté jardin, parfois en s’appuyant sur une des propriétés voisines, parfois en prolongation du bâtiment sur toute la largeur du terrain.
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Côté rue, il est important d’entretenir les façades en respectant leur authenticité: enduits à la chaux, conservation ou réfection à l’identique des menuiseries et autres détails architecturaux. Les menuiseries (blanc cassé  à l’origine) sont de plus en plus peintes de différentes couleurs, ce qui apporte une variété qui peut être agréable pour peu que les prescriptions des services d’urbanisme ou CAUE soient respectées. 
  
 
== Bibliographie ==
 
== Bibliographie ==
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LEVY A. (sous la direction de) Métamorphoses d’une ville. Editions Bordessoules 1983 - pages105 et 122 à 124.
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LORGEOUX A. et MASQUELIN B. Le Mans regard sur la ville.  Editions Bordessoules 1988 - pages 208 à 2010.
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WIKIPEDIA.
 
* DEJUST P, ''Agrandir une maison de type "mancelle"'', Revue Maisons Paysannes de la Sarthe, n°4, 2019. pp.20-21.
 
* DEJUST P, ''Agrandir une maison de type "mancelle"'', Revue Maisons Paysannes de la Sarthe, n°4, 2019. pp.20-21.
 
* VANDESTICK B. et CHANTELOUP L., ''Génies de la Sarthe, Eugène Mancel'', Emission radio France Bleu Maine, 2014. 2min32. Enregistrement disponible à l'adresse : https://www.lujees.com/catalogue/genies-de-la-sarthe/
 
* VANDESTICK B. et CHANTELOUP L., ''Génies de la Sarthe, Eugène Mancel'', Emission radio France Bleu Maine, 2014. 2min32. Enregistrement disponible à l'adresse : https://www.lujees.com/catalogue/genies-de-la-sarthe/
  
 
{{Références}}
 
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Version du 14 décembre 2019 à 17:45

Les mancelles sont des maisons d’habitation populaires ou légèrement bourgeoises, à un ou deux étages, caractéristiques de la Sarthe et plus particulièrement de la ville du Mans.

Ces maisons de ville accolées et alignées sur des rues souvent longues, marquent le paysage urbain dans des quartiers calmes autour du centre ville, à l’écart des activités économiques. Elles font partie de l’environnement quotidien des manceaux, ce qui fait que cet habitat est souvent jugé commun ou banal, alors qu’en fait il participe fortement à l’identité de la ville.

La dénomination "mancelle" ne vient pas uniquement du nom de la ville du Mans. Elle s’est banalisée avec l’arrivée d’Eugène Mancel, Préfet de la Sarthe de septembre 1839 à janvier 1847. Celui-ci a favorisé le développement de ces habitations à partir de 1840 afin de répondre au désir de familles souhaitant améliorer leur confort de vie. Avec l’arrivée des chemins de fer (création de la gare du Mans en 1854), l’industrialisation de la ville et l’exode rural, les mancelles se multiplient entre 1950 et la seconde guerre mondiale et gagnent des quartiers un peu plus excentrés (Jean Jaurès par exemple).

Il n’y a pas un type précis de mancelle, mais une grande diversité de modèles due au fait qu’elle était facilement adaptable  dans le temps et selon le niveau social des habitants. Il est cependant possible de distinguer deux types de mancelles : la grande mancelle et la petite mancelle.

Caractéristiques communes :

Elles sont assez étroites en façade (5 à 6m), accolées les unes aux autres et alignées le long de rues relativement longues et étroites, avec des trottoirs de l’ordre de 1,30m.

Elles possèdent sur l’arrière un jardin avec potager, étroit mais parfois assez long, souvent séparé des autres par un muret en maçonnerie de pierre.

Elles sont construites en maçonnerie de pierre enduite à la chaux. Les encadrements et lucarnes sont de pierre de taille. La couverture est en ardoise. Le plancher séparant la cave du rez-de-chaussée est formé d’IPN supportant des éléments de terre cuite recouverts d’un sol carrelé. Les pièces sont plâtrées au rez-de-chaussée, plafond compris, et l’étage bénéficie d’un parquet en chêne.

La grande mancelle :

 Les grandes mancelles, réservées à un public relativement aisé (petite bourgeoisie) pouvaient être confortables : un couloir situé face à la porte d’entrée desservait une salle à manger et un salon. Elles étaient équipées d’une cuisine disposée le plus souvent en appentis côté cour, de deux chambres à l’étage et d’un cabinet de toilette. Elles possédaient une cave et un grenier. La façade sur rue, assez sobre à l’origine avec uniquement l’encadrement des ouvertures, une lucarne en pierre de taille, parfois un bandeau marquant la séparation des étages et une corniche en pierre de taille, se complique par la suite de décorations plus chargées.

La petite mancelle :

C’est une maison modeste avec une façade sur rue comportant une porte, une fenêtre et une lucarne (parfois également sur jardin) qui éclaire le comble. A l’intérieur, le couloir latéral face à la porte d’entrée dessert la salle à manger, une chambre et une petite cuisine. Il mène de la rue au jardin au fond duquel est situé un cabinet d'aisance. La cave est souvent située sous la salle à manger. L’escalier part du couloir et mène à une petite chambre mansardée côté rue et au grenier adjacent côté jardin.

Les alignements :

Les mancelles forment des alignements parfois répétitifs lorsqu’elles sont  toutes semblables, mais le plus souvent variés, avec des hauteurs différentes qui dénotent une certaine mixité sociale et une évolution architecturale des façades dans le temps. Le côté minéral des rues est largement compensé par la surface réservée aux jardins à l’intérieur des ilots.

Ce modèle a inspiré d’autres formes de maisons individuelles accolées jusque dans les années 1970 (les maisons Leroy-Haricot par exemple).

Il a fortement contribué à faire du Mans une ville étendue en surface (aussi grande que Lyon) mais peu dense.

Conservation et entretien :

Pour les besoins de confort actuel, ces maisons font souvent l’objet d’un agrandissement côté jardin, parfois en s’appuyant sur une des propriétés voisines, parfois en prolongation du bâtiment sur toute la largeur du terrain.

Côté rue, il est important d’entretenir les façades en respectant leur authenticité: enduits à la chaux, conservation ou réfection à l’identique des menuiseries et autres détails architecturaux. Les menuiseries (blanc cassé  à l’origine) sont de plus en plus peintes de différentes couleurs, ce qui apporte une variété qui peut être agréable pour peu que les prescriptions des services d’urbanisme ou CAUE soient respectées. 

Bibliographie

LEVY A. (sous la direction de) Métamorphoses d’une ville. Editions Bordessoules 1983 - pages105 et 122 à 124.

LORGEOUX A. et MASQUELIN B. Le Mans regard sur la ville.  Editions Bordessoules 1988 - pages 208 à 2010.

WIKIPEDIA.

  • DEJUST P, Agrandir une maison de type "mancelle", Revue Maisons Paysannes de la Sarthe, n°4, 2019. pp.20-21.
  • VANDESTICK B. et CHANTELOUP L., Génies de la Sarthe, Eugène Mancel, Emission radio France Bleu Maine, 2014. 2min32. Enregistrement disponible à l'adresse : https://www.lujees.com/catalogue/genies-de-la-sarthe/

Références