Toiture en lauze

De Maisons Paysannes de France

Les lauzes (ou lozes) sont des blocs obtenus par clivage de roches feuilletées sédimentaires comme le schiste ou le calcaire. Ces roches sont façonnées une par une sur le chantier de construction, avant d'être placées en toiture. Résistantes dans le temps, les lauzes ont l'avantage d'être récupérables et réutilisées lors d'un chantier de restauration.

Lauzes de schiste

Dans les Cévennes, la structure feuilletée du schiste est utilisée pour les dalles de couverture ou pour les moellons plats. Une décomposition fines des strates de la roche permet aussi d'extraire des lauzes qui seront utilisées en couverture des toits.

Composition minérale

Le schiste est une roche métamorphique siliceuse formée à partir d'argiles sédimentaires portées à haute pression et température. Sous différentes contraintes et évènements, la roche s'est formée en feuillets granitiques, gréseux ou argileux et se pare de couleurs allant du brun sombre aux gris bleus. Chargés plus ou moins en minéraux tels que le mica, quartz ou feldspath, les différentes blocs du schiste ont un aspect et une résistance qui implique un usage spécifique dans la construction .

Extraction

Autrefois extraites dans plusieurs petites carrières, les lauzes sont maintenant produites et commercialisées dans des sites spécialisés. La lauze doit être extraite en profondeur afin de ne pas être altérée. Il existe aujourd’hui quatre lieux où sont exploités des carrières de schiste en Lozère, fournissant des lauzes de nature et d'aspect différents :

  • Carrières de Galta : situées à St Germain de Calberte (Cévennes), on y extrait des schistes homogènes riches en quartz et feldspath dont certains niveaux contiennent des grenats roses millimétriques. Ces carrières fournissent des lauzes de teinte gris beige avec des éclats métalliques argentés à brun doré liés à la présence de micas noirs. Le quartz est le minéral le plus abondant. Les lauzes présentent une structure de surface ondulée et des feuillets relativement épais. La roche est extraite par sciage de blocs qui sont transportés vers l’atelier, au dessus de Saint-Germain de Calberte, où ils sont clivés et taillés manuellement.
  • Carrières de schiste du Tournel: situées dans la vallée du Lot, à l’est de Mende, elles produisent une roche de teinte brune à gris bleuté plus vive, constituée par une alternance de lits de minéraux clairs compacts (quartz et feldspaths) et de lits de minéraux feuilletés (micas), donnant à la roche un éclat métallique. Le matériau présente une forte homogénéité.
  • Carrières de Lachamp: située dans la vallée du Lot au nord est de Marvejols, elles exploitent une roche présentant sur la tranche une alternance nette de lits clairs (grains de quartz et de feldspaths) et de lits sombres (micas). En surface, l’éclat métallique noir, argenté ou gris et rouillé est marqué. Selon les filons les feuillets sont plus ou moins épais mais restent relativement plats.
  • Carrières de Fraissinet de Fourques: située dans la vallée du Tarnon, on y trouve un schiste de teinte gris sombre avec reflets métalliques marqués mais présentant localement des tâches blanches et une patine d’altération verdâtre à ocre marron. Ce schiste fournit des lauzes très fines de type ardoise mais une teneur importante en fer qui présente l’inconvénient de produire par oxydation une altération de couleur verdâtre à ocre marron.
Disposition de lauzes de schiste sur une douelle (par chevillage)

Lauzes de calcaire

Composition minérale

Extraction

Caractéristiques géométriques et pose de lauzes

Tout en étant résistantes à la flexion, les lauzes se façonnent facilement, c'est pourquoi elles sont employées dans la réalisation de toiture. Si leur pose ressemble à celle de l'ardoise ou de la tuile plate, elle s'en différencie par la composition et les dimensions de ces éléments. Assemblés tels des écailles de poisson, les blocs de schiste sont superposés et cloués afin que la lauze du dessus recouvre au 1/3 ou 2/3 de celle du dessous.

Autrefois trouées puis assemblées par chevillage sur des douelles, les lauzes sont aujourd'hui clouées, ce qui est plus rapide et donc plus économique. ll arrive que des lauzes récupérées pour restaurer une toiture possèdent alors plusieurs trous témoignant de leur chevillage passé et de leur nouveau cloutage. Larges en bas de la toiture, leur format diminue lorsqu'elles se rapprochent du faîtage du toit. Contrairement aux lauzes de schiste, celles en calcaire ne sont pas clouées mais posées sur un support.

La dimension moyenne d'une lauze de schiste est de 0,25x0,40m pour une épaisseur de 10 à 12mm. Une lauze de calcaire a des dimensions similaires mais est cependant plus épaisse, au minimum de 30mm. Il faut en moyenne 30 lauzes pour recouvrir 1 m2.

Si les dimensions des lauzes sont connues, leur assemblage diffère suivant le façonnage de la pierre effectuée par l'artisan-couvreur. C'est donc pour cette raison qu'il n'existe pas véritablement de documents expliquant les techniques précises de pose en Lozère. Il existe cependant de nombreuses constructions en lauze dans la région, ce qui constitue une source d'inspiration et un modèle pour la réalisation de nouvelles couvertures.

Bien que des lauzes synthétiques soient disponibles sur le marché de la construction, elles ne pourront offrir une esthétique similaire à de véritables lauzes car leur taille individuelle ne sera pas possible par l'artisan. L'aspect général de la toiture sera artificiel et ne se fondra sûrement pas aussi bien dans son environnement qu'une couverture faite avec des matériaux naturels.

Toiture en lauze du Cayrol avec faîtage en peigne (ou faîtage croisé)

Différents types de faîtage

Faîtage en peigne (ou faîtage croisé)

Il s'agit du faîtage le plus courant dans les toitures en lauzes. Celles du dernier rang possèdent des encoches latérales de 6 à 8 cm qui leur permettent de s'imbriquer les unes aux autres. Ce système présente de nombreux avantages comme un bon maintien entre elles, renforcé par un chevillage, un cloutage ou un blocage au mortier.

Faîtage à plat

Faîtage à plat sur une lucarne

Ce faîtage est employé avec des pierre calcaire ou lorsque l'on dispose de grandes lauzes. Le toit est alors couronné par ces blocs de grande dimension pouvant atteindre 0,70m de largeur à 1,40m de longueur. Ils sont ainsi posés sur le dernier rang de la couverture et maintenues par des lauzes ou par un cordon de mortier (appelé aussi embarrure). Le joint entre chaque faîtière est protégé par une grosse pierre ou une petite lauze.

Malgré ces techniques traditionnelles, d'autres moyens plus faciles de constituer un faîtage peuvent être employés mais ils se révèlent moins esthétiques. C'est le cas notamment de la réalisation d'une arête faîtière avec des tuiles canal ou en béton. L'usage de ce dernier, industrialisé et présentant une teinte et une texture différente des lauzes se révèle peu adapté à son environnement.

Toiture en noue, village du CaplucPhoto Alain Alexandre

Noues

Jonction entre deux pans de toiture dont les axes ne sont pas parallèles, la noue permet d'adoucir l'aspect de la couverture. Plus élégante en arrondie, elle relie par une surface conique des lauzes taillées en trapèze, sans qu'il y ait une discontinuité en toiture.

Bibliographie

  • CAUE 46 (1995), Les couvertures en lauzes de schiste dans le Lot : Extrait de la brochure réalisée par le CAUE du Lot, n°117, 3T, p.18.
  • JOLY F. (1994), Terroir du schiste, la Cévenne schisteuse, Revue Maisons Paysannes de France, n°114, 4T, pp.13-15.
  • JOLY F. (1983), En Lozère, la pierre comme matériau de couverture, Revue Maisons Paysannes de France, n°67, 1T, pp.13-17.
  • MAISONS PAYSANNES DE FRANCE, MAISONS PAYSANNES DE LOZÈRE, Les lauzes calcaires : pas de charpente au royaume de la pierre.
  • MOREAU P. (1983), La lauze : les couvertures en lauze dans les Cévennes, Revue Maisons Paysannes de France, n°67, 1T, p.12.
  • MOREAU P. (1975), Les toits de pierres : calcaire, phonolite, schiste, ardoise. Revue Maisons Paysannes de France, n°4, pp.9-12.
  • PETIT B. (2009), Les carrières de lauzes du Cayrol, Revue Maisons Paysannes de France, n°173, 3T, pp.16-17.
  • PLATON J.-P., (2011), Terroir du schiste et des Cévennes, Revue Maisons Paysannes de France, n°179, 1T, pp.19-20.