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De Maisons Paysannes de France
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La particularité d’Ingré (commune du nord de l’agglomération d’Orléans qui comptait entre 2000 et 3000 habitants dans le deuxième moitié du XIXème siècle) et des communes avoisinantes (Ormes, Saran, La Chapelle Saint-Mesmin) est de posséder une riche et intéressante série de lucarnes à fronton décoré ou marqué, à côté bien sûr d’autres maisons à lucarne simple, en bois ou à la capucine, ces dernières ne pouvant matériellement pas recevoir de décor. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous avons pu constituer à Ingré une « collection » représentative des principaux motifs décoratifs.
 
La particularité d’Ingré (commune du nord de l’agglomération d’Orléans qui comptait entre 2000 et 3000 habitants dans le deuxième moitié du XIXème siècle) et des communes avoisinantes (Ormes, Saran, La Chapelle Saint-Mesmin) est de posséder une riche et intéressante série de lucarnes à fronton décoré ou marqué, à côté bien sûr d’autres maisons à lucarne simple, en bois ou à la capucine, ces dernières ne pouvant matériellement pas recevoir de décor. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous avons pu constituer à Ingré une « collection » représentative des principaux motifs décoratifs.
  
La construction des maisons à lucarne ornée s’étale d’environ 1850 au tout début du XXème, en lien avec une prospérité liée à la viticulture d’avant le phylloxéra. Les lucarnes ornées sont toutes des lucarnes gerbières, en pierre, donnant accès au grenier ; la grande majorité comporte jambages et fronton triangulaire, quelques unes ont un  fronton arrondi. Toutes les rues anciennes possèdent des lucarnes, mais les plus nombreuses se trouvent dans les rues de Coûtes, de Selliers et Route Nationale.
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La construction des maisons à lucarne ornée s’étale d’environ 1850 au tout début du XXème, en lien avec une prospérité liée à la viticulture d’avant l'invasion du phylloxéra. Les lucarnes ornées sont toutes des lucarnes gerbières, en pierre, donnant accès au grenier ; la grande majorité comporte jambages et fronton triangulaire, quelques unes ont un  fronton arrondi. Toutes les rues anciennes possèdent des lucarnes, mais les plus nombreuses se trouvent dans les rues de Coûtes, de Selliers et Route Nationale.
  
 
Le nombre de ces lucarnes laisse  entrevoir une émulation entre les propriétaires (souci d’affirmer une identité, une position sociale, une certaine aisance...) ; certaines constituent de véritables oeuvres d’art populaire, sans doute réalisées par des sculpteurs ou tailleurs de pierre locaux : on retrouve en effet quelques motifs répétés à l’identique sur plusieurs de ces lucarnes.
 
Le nombre de ces lucarnes laisse  entrevoir une émulation entre les propriétaires (souci d’affirmer une identité, une position sociale, une certaine aisance...) ; certaines constituent de véritables oeuvres d’art populaire, sans doute réalisées par des sculpteurs ou tailleurs de pierre locaux : on retrouve en effet quelques motifs répétés à l’identique sur plusieurs de ces lucarnes.
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''A rassarer l’vin dans les fûts...''
 
''A rassarer l’vin dans les fûts...''
 
  
  
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• Le '''losange''' revient souvent, simple figure géométrique ou symbole de la fécondité, préoccupation majeure des anciens : fécondité de la famille, du troupeau et abondance de la récolte.
 
• Le '''losange''' revient souvent, simple figure géométrique ou symbole de la fécondité, préoccupation majeure des anciens : fécondité de la famille, du troupeau et abondance de la récolte.
 
  
  
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• Sur la Route Nationale, datée de 1821, une lucarne de type compagnonnique, dite guitarde (malheureusement affublée d’un volet roulant...). Les « liens guitards » désignent un assemblage de bois courbes dans un plan circulaire ou ellipsoïdal.C'est la complexité de sa charpente qui en constitue l'ornementation.
 
• Sur la Route Nationale, datée de 1821, une lucarne de type compagnonnique, dite guitarde (malheureusement affublée d’un volet roulant...). Les « liens guitards » désignent un assemblage de bois courbes dans un plan circulaire ou ellipsoïdal.C'est la complexité de sa charpente qui en constitue l'ornementation.
 
  
  

Version actuelle datée du 1 avril 2020 à 09:46

Erreur lors de la création de la miniature : Fichier avec des dimensions supérieures à 12,5 MP

En Loiret, les lucarnes décorées d’Ingré


La particularité d’Ingré (commune du nord de l’agglomération d’Orléans qui comptait entre 2000 et 3000 habitants dans le deuxième moitié du XIXème siècle) et des communes avoisinantes (Ormes, Saran, La Chapelle Saint-Mesmin) est de posséder une riche et intéressante série de lucarnes à fronton décoré ou marqué, à côté bien sûr d’autres maisons à lucarne simple, en bois ou à la capucine, ces dernières ne pouvant matériellement pas recevoir de décor. Sans prétendre à l’exhaustivité, nous avons pu constituer à Ingré une « collection » représentative des principaux motifs décoratifs.

La construction des maisons à lucarne ornée s’étale d’environ 1850 au tout début du XXème, en lien avec une prospérité liée à la viticulture d’avant l'invasion du phylloxéra. Les lucarnes ornées sont toutes des lucarnes gerbières, en pierre, donnant accès au grenier ; la grande majorité comporte jambages et fronton triangulaire, quelques unes ont un fronton arrondi. Toutes les rues anciennes possèdent des lucarnes, mais les plus nombreuses se trouvent dans les rues de Coûtes, de Selliers et Route Nationale.

Le nombre de ces lucarnes laisse entrevoir une émulation entre les propriétaires (souci d’affirmer une identité, une position sociale, une certaine aisance...) ; certaines constituent de véritables oeuvres d’art populaire, sans doute réalisées par des sculpteurs ou tailleurs de pierre locaux : on retrouve en effet quelques motifs répétés à l’identique sur plusieurs de ces lucarnes.

Inventaire des motifs:

Equerre et compas

• Les noms de propriétaires, la plupart du temps par les seules initiales ; un nom est développé en entier sur la Route Nationale où sur 3 frontons identiques on peut lire le nom du propriétaire : MA-TR-ON


• des marques de métier : boulanger, maçon ou charpentier et bien sûr tous les métiers de la vigne. Tonneaux, pampres et grappes s’épanouissent sur les frontons...

Ecoutons Gaston COUTé, poète beauceron (1880-1911) qui témoigne de l’intense activité vigneronne de la région orléanaise :

...V’là les pesans qu’ont fait vendanges !

V’la les perssoués qui piss’nt leu’s jus ;

On travaille aux portes des granges

A rassarer l’vin dans les fûts...



• La croix et la fleur de lys


• Le losange revient souvent, simple figure géométrique ou symbole de la fécondité, préoccupation majeure des anciens : fécondité de la famille, du troupeau et abondance de la récolte.


• Le symbole solaire et ses variantes : cercle, étoile à 5 branches, marguerite, fleur à pétales, soleil rayonnant, rouelle ...


On peut évidemment s’interroger sur le sens de ces figures, récurrentes dans l’art populaire , qu’on retrouve aussi sur les coffres, armoires , buffets ou objets utilitaires en bois : renvoient-elles à une symbolique , ont-elles un but purement décoratif ? Nous ne trancherons pas (sans doute y a t-il un peu des deux...), mais nous renvoyons le lecteur à deux ouvrages (voir bibliographie):


Gros plan sur 2 lucarnes remarquables :

• Sur la Route Nationale, datée de 1821, une lucarne de type compagnonnique, dite guitarde (malheureusement affublée d’un volet roulant...). Les « liens guitards » désignent un assemblage de bois courbes dans un plan circulaire ou ellipsoïdal.C'est la complexité de sa charpente qui en constitue l'ornementation.


• Sur une maison de bourg, dite « La Cigogne », datée de 1885, une ornementation originale et particulièrement soignée (traces de peinture):


Bibliographie: Hervé FILIPETTI : Symboles et décors des maisons villageoises (Marques sociales, protections magiques) Rustica Editions, 1997 • Jean CUISENIER : l’art populaire en France, Office du Livre, 1975 (avec le concours du CNRS)