Bourrine du Marais breton vendéen : Différence entre versions
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La bourrine vendéenne est une habitation trapue et longue, construites avec les ressources locales comme la '''terre d'argile''' et les '''roseaux''' dont on fait du torchis. Ces modestes [[Toit de chaume|chaumières]] basses sont '''blanchies à la chaux''' ou d'un enduit couleur terre et sont surmontées d'un épais '''toit de roseaux'''. | La bourrine vendéenne est une habitation trapue et longue, construites avec les ressources locales comme la '''terre d'argile''' et les '''roseaux''' dont on fait du torchis. Ces modestes [[Toit de chaume|chaumières]] basses sont '''blanchies à la chaux''' ou d'un enduit couleur terre et sont surmontées d'un épais '''toit de roseaux'''. | ||
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Le terme bourrine viendrait d'ailleurs du latin "burra" ou "bourre" signifiant laine grossière, rappelant l'action de fournir les toitures en fibre végétale. La [[Toit de chaume|chaumière]] porte également le nom local de "rouchine" (venant du terme roseau). D'autres termes sont utilisés pour décrire cette architecture et sont issus du [https://fr.wikipedia.org/wiki/Maraîchin maraîchin], dialecte du Marais Breton et particulièrement de Vendée. | Le terme bourrine viendrait d'ailleurs du latin "burra" ou "bourre" signifiant laine grossière, rappelant l'action de fournir les toitures en fibre végétale. La [[Toit de chaume|chaumière]] porte également le nom local de "rouchine" (venant du terme roseau). D'autres termes sont utilisés pour décrire cette architecture et sont issus du [https://fr.wikipedia.org/wiki/Maraîchin maraîchin], dialecte du Marais Breton et particulièrement de Vendée. | ||
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La bourrine se construit sur un terrain légèrement élevé afin d'éviter les inondations. Il s'agit généralement d'un ''bossis'' (tas de terre provenant des fossés) qui est bêché à l'automne mais c'est en hiver, après les gelées, que la construction de la bourrine débute. | La bourrine se construit sur un terrain légèrement élevé afin d'éviter les inondations. Il s'agit généralement d'un ''bossis'' (tas de terre provenant des fossés) qui est bêché à l'automne mais c'est en hiver, après les gelées, que la construction de la bourrine débute. | ||
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+ | Photo Stéphane Grossin ® 2018, [https://www.sainthilairederiez.fr/la-bourrine-du-bois-juquaud/ Musée de la Bourrine du Bois Juquaud].]] | ||
Sur le pignon, la '''galerie (''gal'rie'')''' comporte une large ouverture pour que les charrettes puissent entrer. | Sur le pignon, la '''galerie (''gal'rie'')''' comporte une large ouverture pour que les charrettes puissent entrer. |
Version du 19 mai 2020 à 10:21
La bourrine vendéenne est une habitation trapue et longue, construites avec les ressources locales comme la terre d'argile et les roseaux dont on fait du torchis. Ces modestes chaumières basses sont blanchies à la chaux ou d'un enduit couleur terre et sont surmontées d'un épais toit de roseaux.
Le terme bourrine viendrait d'ailleurs du latin "burra" ou "bourre" signifiant laine grossière, rappelant l'action de fournir les toitures en fibre végétale. La chaumière porte également le nom local de "rouchine" (venant du terme roseau). D'autres termes sont utilisés pour décrire cette architecture et sont issus du maraîchin, dialecte du Marais Breton et particulièrement de Vendée.
Cette construction était habitée par les paludiers, les paysans ou les travailleurs de la mer.
Sommaire
Recueil technique Toitures végétales
Retrouvez dans ce recueil tous les articles de la revue Maisons Paysannes de France relatifs à la toiture végétale.
Découvrez-là !Caractères généraux de la bourrine vendéenne
Site
Isolée, la bourrine est construite sur un charraud, voie en terre traversant les marais située entre deux parcelles cultivables.
L'enclos de cet habitat vendéen, délimité par des étiers et parfois des haies végétales est appelé tchérai. Les abords de cette chaumière comprend d'autres bâtiments appelés galeries (ou logas) ajoutées suivant les besoins de l'exploitation.
La bourrine se construit sur un terrain légèrement élevé afin d'éviter les inondations. Il s'agit généralement d'un bossis (tas de terre provenant des fossés) qui est bêché à l'automne mais c'est en hiver, après les gelées, que la construction de la bourrine débute.
Matériaux et mise en oeuvre
Sol
Le sol de l'habitation est en terre battue (mélange de terre bleue et de sable) et est plus bas que le sol extérieur. On y accède parfois par une petite marche.
Mur
Les murs sont réalisés en bauge, mélange de terre argileuse, eau et fibres végétales. En Vendée, le roseau haché entre dans la composition de ce mélange. Les mottes de terre qui sont créées sont appelées localement "bigos" et sont empilées à la fourche puis tassées.
La bauge est préparée et malaxée durant toute une journée afin de la rendre très plastique. C'est au lendemain de ce malaxage que la montée des murs est réalisée par les maçons. D'une épaisseur moyenne variant entre 50cm à 1m, ils sont montés à fruit, c'est-à-dire que leur base est épaisse puis s'affine en s'élevant.
La première levée du mur est faite avec des bigos façonnés puis posés sur une hauteur de 30 à 45cm. Un des maçons tasse progressivement les mottes de bauge en empilement en étant debout sur le mur en construction.
La deuxième levée du mur est réalisée une fois que la première a perdu son surplus d'humidité. Les poteaux des portes et des fenêtres sont posés ainsi que la base du four contre le mur pignon. La suite du mur est construite jusqu'à avoir une arase supérieure relativement basse entre 1,50 et 1,80m sur lequel on dispose les linteaux des fenêtres et portes en bois appelés "palâtres". La porte a son linteau bas relativement bas, placé à maximum 1,60m du seuil.
Enduit
Les murs des bourrines sont enduits mais ils n'auraient été recouverts de chaux qu'au début du XXème siècle, tandis que les galeries en terre ne sont elles jamais chaulées. Elles sont enduites d'un mortier de sable et d'argile dont l'avantage est d'être respirant.
Charpente
Cette région ne comportant que peu d'arbres, les bois utilisés en charpente étaient souvent de réemploi d'une bourrine en ruines ou d'un échouage de bateau. La dimension de l'entrait pour réaliser la charpente détermine la largeur de la pièce principale de l'habitation. La longueur de la maison sera alors supérieure à 6m.
L'entrait est généralement choisi courbé ou bien est taillé pour faciliter le passage mais également apporter une certaine résistance à la charpente. Le poinçon est assemblé sur l'entrait et maintient par enfourchement la panne faîtière. La ferme du toit repose sur l'arase des murs. Des chevrons sont posés sur cette ferme puis sont fixés des linteaux
Le toit de la bourrine descend bas, imposant parfois de baisser la tête pour entrer. Celui de l'étable, dans la continuité de la maison, est parfois plus bas et son faîtage marque un décrochement avec l'habitation.
Couverture
La couverture de cette chaumière, appelée localement bourrinage s'applique sur un toit incliné à 45° dont l'égout est bas, situé entre 1,50 à 1,80m du sol. Il est généralement réalisé en automne, lorsqu'il fait plus humide et que le roseau est plus souple, le rendant plus facile à travailler.
L'habitation ne comportant pas de grenier et donc pas de plafond, la face intérieure de la couverture est visible et est parfois habillée d'une natte végétale tressée plus esthétique.
Le toit est recouvert de roseaux récoltés à la faucille dans les roselières ou rouchères, nettoyés puis assemblés en gerbes (ou menoïlles) ou stockées en meule. Le bourrineur se sert de ces gerbes pour les fixer directement au toit à même les liteaux ou sur les nattes tressées tendues sur les chevrons. Autrefois réalisée avec des liens végétaux, la fixation est maintenant faite avec des fils de fers.
La pose du chaume sur ces bourrines débute à l'égout par une goubleture. Ce montage consiste à fixer les premières menoïlles sur un liteau posé sur les chevrons en débord du mur d'une quinzaine de centimètres. Cette saillie du toit, une fois couverte de roseaux, permet d'éloigner les ruissellements loin du mur en bauge d'une vingtaine de centimètres. La pose continue ensuite jusqu'à la croupe du premier versant avant de réaliser le deuxième versant.
L'épaisseur de la couverture est de 30 à 35cm sur l'habitation tandis qu'elle est moins épaisse sur les galeries. La pose des roseaux s'effectue toujours avec leurs pieds vers le bas et suivant la nature des végétaux choisis, il faut en moyenne 20 à 30 menoïlles pour couvrir 1m² de toiture, si l'on compte un pureau (partie découverte) de 30cm entre chaque gerbes.
Une fois les deux pans du toit couverts de roseaux, le faîtage est réalisé en rabattant le haut des tiges d'un versant sur son versant opposé et en le recouvrant d'une argile collante pour étancher. Il sera ensuite recouvert de bauge dans laquelle est plantée de la joubarbe, plante connue pour repousser la foudre.
Enfin, de fines perches en châtaigner ou pin écorcées appelées garlattes sont fixées parallèlement à l'égout afin de maintenir la couverture qui pourraient se soulever sous les effets du vent.
Architecture
La bourrine est construite le plus souvent parallèle aux voies de communication avec des murs bas et une souche de cheminée qui ne dépasse pas trop le faîte de la toiture afin de s'abriter du vent.
Sa façade principale se tourne vers le sud percée de petites ouvertures et fenêtres à quatre carreaux tandis son pignon aveugle est en direction du vent de mer. Elle comporte la plupart du temps une pièce principale avec une cheminée située dans l'axe de l'habitation.
L'espace de la bourrine a évolué selon les époques et sa longueur pouvait varier d'une vingtaine de mètres avec des ajouts successifs. Les espaces ajoutés pouvaient être chacun de quatre à huit mètres de long avec une portée maximale de six mètres.
Autrefois, l'espace était séparé en deux : l'un pour les hommes et l'autre pour les animaux, appelée bourrineau.
Sur le pignon, la galerie (gal'rie) comporte une large ouverture pour que les charrettes puissent entrer.
Les bourrines peuvent atteindre jusqu'à 20m de long en fonction des aménagements et des extensions progressifs.
La bourrine possède parfois un four disposé sur l'un de ses pignons. Construit totalement en bauge, le four est réalisé par empilement de mottes de terre (ou bigos), y compris sa voute. Après avoir réalisé la sole (plancher) du four, la coupole est montée sur un tas de sable humide qui aura été façonné pour donner la forme à la voute. La coupole du four est armée avec des branches entrelacées. Le sable sera retiré après séchage de l'ensemble puis le four sera cuit par une première flambée.
Ce four peut être compris dans un appentis maçonné accolé à la maison ou bien sous un abri constitué de poteaux recouverts d'une toiture en roseau.
Protéger et valoriser
Il subsiste aujourd'hui quelques bourrines mais peu d'entre elles sont en bon état et leur préservation n'est plus aussi assurée à cause de la rareté des bourrineurs.
Le Daviaud, éco-musée situé dans le Marais breton vendéen permet de découvrir la vie et l'architecture du site. Il joue actuellement un rôle primordial dans la protection et la valorisation de ce petit patrimoine.
Il est aujourd'hui nécessaire de préserver et valoriser le savoir-faire à l'origine de ces constructions et de l'adapter à l'architecture en terre contemporaine.
Bibliographie
- BERTRAND J.-P. (2006), En terre et végétaux, constructions traditionnelles en Vendée, Cahier d'ethnographie n°2, Editions Mémoires des Vendéens-Arexcpo et Vendée Patrimoine, Editions Siloe.
- COUSIN N. (2007), Découvrez les chaumières, Revue Détours en France, n°114, pp.83-96.
- FOUIN J., MILCENT D. (2003), Les bourrines du Marais breton vendéen, Revue Maisons Paysannes de France, n°147, 1T, pp.4-7.
- PERRAUDEAU G. (1973), Bourrines du Marais Nord-Vendéen, Les Cahiers de MPF, n°5, Maisons Paysannes de France et Société des Etudes Folkloriques du Centre-Ouest.
- SCHNEPF C. et R.(1983), La maison paysanne en Vendée, Revue Maisons Paysannes de France, n°70, 4T, pp. 4-8.
Références
- ↑ Schémas non contractuels d'après observations à l’écomusée de la bourrine du Bois-Juquaud et d'après le livre de Gilles Perraudeau, Les bourrines du Marais Nord-Vendéen, Témoins d'une histoire et d'une culture. Séquences, 1988. pp. 54;62;65.