Poser des carreaux de terre cuite : Différence entre versions
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Version du 3 février 2020 à 13:59
Le bâti ancien comporte fréquemment des carreaux de terre cuite. Posés en rez-de-chaussée ou bien en étage sur un plancher, les carreaux de terre cuite permettent la respiration du sol et l'évaporation de l'eau sous toutes ses formes. Leur utilisation évite ainsi les remontées capillaires dans les murs et permet d'avoir une bonne inertie thermique, surtout s'ils sont couplés à un chauffage au sol en rez-de-chaussée[1].
Ce revêtement est donc recommandé dans le bâti ancien à restaurer ou aménager, notamment si le sol était à l'origine en terre battue et nécessite d'être maintenant couvert. Sa pose est à privilégier dans les régions dont le bâti dispose traditionnellement de carrelage de terre cuite.
La pose de carreaux est l'une des dernières étapes d'un chantier de restauration car tous les fluides (évacuations, eau, électricité,...) sont normalement installés.
Règles pour une pose réussie
- Prendre le temps de faire chaque étape avec soin et attendre la prise des carreaux.
- Faire le chantier à plusieurs
- Avoir des carreaux de terre cuite de qualité, homogènes, sans trace de mortier et sans fissure
- Disposer des outils et matériaux adéquats
- Laisser tremper en avance les carreaux dans l'eau (24h avant) afin que le mortier y adhère bien.
- Participer à une initiation à la pose de carreaux avec un professionnel afin de se familiariser avec la technique.
Outils et matériaux nécessaires
- des gants de maçon
- une carrelette électrique à l'eau
- une meuleuse
- un malaxeur
- une brouette
- des règles de maçon et niveaux, des gros morceaux de tasseaux pour les guides
- des truelles, taloches
- un maillet en caoutchouc
- des éponges,
- des brosses chiendent
- de la Chaux NHL5, du sable 04, du sable 01 (sablon)
- du vinaigre d'alcool à 8 ou 10%
Ciment interdit
L'utilisation de carreaux de terre cuite de récupération autrefois posés et jointés avec du ciment est impossible car les résidus ne peuvent être totalement retirés. Les carreaux sont inutilisables pour réaliser un carrelage car ils n'auront pas d'accroche avec un mortier de chaux. Essayer d’enlever le ciment pourrait également casser le carreau.
Le ciment est toujours à proscrire sous des carreaux de terre cuite situés dans un bâti ancien ou dans une construction contemporaine respectueuse de l'environnement. Il provoque des remontées de laitance dans le carreau et la rapidité de sa prise ne tolère aucune reprise, alors qu’on peut facilement réparer des erreurs de pose avec la chaux : le carreau peut être repris, mouillé à nouveau et replacé. Le ciment aura également le défaut d'altérer en profondeur le carreau en le teignant en gris[2].
Choix des carreaux
Les carreaux artisanaux posés autrefois étaient neufs et donc disponibles par lots relativement homogènes en dimensions, texture et coloris. Aujourd'hui, il est possible de récupérer des carreaux anciens auprès de marchands de matériaux anciens, d'usines fabriquant des carreaux traditionnels, sur des sites d'annonces entre particuliers ou encore dans des bâtis abandonnés. Ces carreaux de récupération achetés peuvent provenir de lots différents c'est pourquoi il faut être vigilant lors de l'achat en vérifiant leurs dimensions et leur couleur.
Les carreaux de terre cuite doivent être de qualité, non friables et aux bords non abîmés afin que les joints posés par la suite ne soient pas trop larges et irréguliers. Il sera néanmoins possible de rectifier en douceur les bords d'un carreau avec une meuleuse.
Les différences d'épaisseur des carreaux ne sont quant à elle pas très ennuyeuses car elles peuvent se rattraper lors de la pose des carreaux sur une chape fraîche.
L'utilisation du grès cérame est cependant contre indiqué.
Récupération
Dans le cas où des carreaux détériorés sont posés sur un mortier de chaux, il est possible de les remplacer ou bien de les réparer. Un premier carreau cassé peut être attaqué et extrait du carrelage, permettant de dégager la suite. A l'aide d'un ciseau à froid, les carreaux peuvent être détachés soit un par un, soit par plaques[3].
La couche de l'ancien mortier adhérant fortement aux carreaux, il est possible de le décoller en donnant des coups secs avec le coin du talon de la truelle. Il faut également gratter la tranche du carreau pour en détacher les restes de mortier et enlever les dépôts de poussière ou les traces de cire qui auraient été appliquées sur l'ancien carrelage. Un trempage dans un bain d’acide chlorhydrique très dilué, un brossage et un rinçage peuvent favoriser le nettoyage.
Cela permettra l'adhésion du mortier par la suite.
Tri
Avant de commencer la pose, il est recommandé de classer les carreaux récupérés suivant leurs dimensions.
Pour cela, se munir d'une planchette posée verticalement, sur laquelle aura été fixé un tasseau horizontal permettant de caler les carreaux. Sélectionner une vingtaine de carreaux parmi le lot à poser afin de tracer leurs contours. Avec ces données, établir une hauteur moyenne en traçant une ligne parallèle au tasseau, qui servira de référence pour comparer et classer les carreaux. Il n'y aura plus qu'à comparer chaque carreau par rapport à cette ligne de référence et les classer suivant leur format. Ceux qui n'ont pas un format adéquat pourront quant à eux servir aux coupes.
Stockage
Avant la pose, si les carreaux sont stockés pendant un long moment, il faut les entreposer dans un lieu sec afin que des mousses ne s'y développent pas et pour que le gel ne fasse pas éclater les carreaux trop poreux.
Pose des carreaux
Réalisation de la chape
Après coulage d’une dalle de chaux, on déverse une chape sur laquelle seront posés les terres cuites. Deux solutions sont possibles : réaliser une chape tirée ou bien une chape à l'avancée.
Chape tirée
Cette chape est répartie sur toute la surface de la pièce avant d'y poser les carreaux de terre cuite. Elle doit être parfaitement plane et l’humidité doit être maintenue en permanence afin que la dalle ne sèche pas. La mise en œuvre de cette chape implique de devoir carreler la pièce en une journée.
La pose des carreaux sans abîmer la chape est possible grâce à des planches de contreplaqué posées dessus, sur lesquelles on peut circuler.
Chape à l'avancée
La pose sur chape à l'avancée consiste à étaler le mortier rangées par rangées et à poser les carreaux progressivement. Le mortier est déversé sur une largeur d’à peu près deux carreaux puis tiré à la règle et taloché légèrement pour mieux accrocher les futurs carreaux. Ceux-ci sont posés puis une nouvelle bande de mortier est étalée.
Au cas où la pose des carreaux ne serait pas réalisée en une journée, il est possible de couper le mortier au ras des derniers carreaux posés de manière à pouvoir faire la reprise par la suite.
Epaisseur
La chape doit avoir une épaisseur minimum de 3cm (en dessous elle devient fragile) et moyenne de 5 ou 7 cm. S'il y a installation d'un chauffage au sol, la chape doit être d’au moins 6 cm d'épaisseur avec un isolant (de minimum 4cm) placé entre celle-ci et la dalle[4].
Régularité
La régularité de la chape est assurée grâce à des guides : des tasseaux bien droits sont posés sur des plots de mortier à la hauteur voulue. Les niveaux doivent être vérifiés dans les deux sens de la pièce avec une grande règle de maçon et un niveau.
Le mortier est déversé de manière à être plus haut que les guides puis tiré à la grande règle qui repose sur les tasseaux, permettant ainsi de maitriser l'épaisseur de la chape. Au fur et à mesure de la pose du mortier, de nouveaux plots de référence sont ajoutés : on y fait glisser les tasseaux tout en vérifiant constamment les niveaux. Les espaces laissés vides sont comblés.
Pose
Avant la pose sur le mortier, récupérer les carreaux préalablement trempés dans l’eau pendant plusieurs heures.
Les murs du bâti ancien n’étant pas droits et réguliers, la pose des carreaux peut commencer au fond ou au milieu de la pièce après avoir tracé une ligne de repère parallèlement à la porte principale, avec des repères sur les murs. Il est également recommandé de laisser un espace vide de 5mm entre le mur et les carreaux de terre cuite tout autour de la pièce. Une ligne est également tracée sur les murs à un mètre du sol en prenant comme repère le seuil de la porte. Lors de la pose du carrelage, la hauteur devra constamment être vérifiée avec le repère du mur.
Si la pose débute depuis le fond de la pièce, la ligne est distante d’environ un rang de carreaux du mur. Une fois cette première rangée posée, celle le long du mur est réalisée, en effectuant les coupes nécessaires. La pose continue ensuite du fond de la pièce jusqu’à la porte.
Il est possible de poser les carreaux en damier, à joints décalés, en diagonale, à l’hexagonale ou à chevrons. La pose des carreaux à joints décalés est intéressante car elle permet de rattraper les petites différences de dimension.
Après la pose, les carreaux peuvent être calés en les frappant doucement avec un maillet ou le manche d’une truelle.
Joints
Les carreaux étaient traditionnellement posés bord à bord, sans joints sur un lit de sable (ou de terre) et de chaux. Les carreaux sont de nos jours le plus souvent jointoyés afin de faciliter leur entretien. Sauf choix esthétique autre, les joints entre les carreaux de terre cuite doivent être les plus fins possible, d’un maximum de 2mm à 2,5mm.
La barbotine, de la consistance d'une pâte à crêpes, est composée des ingrédients suivants :
- 1 volume de chaux NHL 5
- 1 volume d'eau
Les joints sont coulés après avoir mouillé les carreaux.
Ils peuvent être réalisés en simultanément avec la pose à l'avancée (tous les m²) ou bien après que le carrelage soit totalement posé, le jour même ou le lendemain.
La barbotine est coulée entre les carreaux, en la faisant bien pénétrer avec le tranchant de la truelle. Lorsque la barbotine commence à tirer, l’éponge mouillée permet d’égaliser le joint et de parfaire sa répartition sans le creuser. Le surplus de barbotine et les traces de chaux sur les carreaux sont enlevés avec une éponge imbibée de vinaigre d’alcool fréquemment rincée.[5]
Bibliographie
- BAYARD R. & A., Carrelages en terre cuite anciens ou “à l'ancienne”, Revue Maisons Paysannes de France, n°99, 1T, 1991, pp.14-17.
- CERRO M., Sols chaux & terre cuite, mode d'emploi, Eyrolles, Petite encyclo maison, 2010.
- DUPONT G., La pose de carreaux de terre cuite ?... mais c'est très simple !, Revue Tiez Breiz, Maisons et Paysages de Bretagne (Siège Tiez Breiz, 51 Square Charles Dullin, 35200 Rennes), n°16, 1997. pp.34-36.
- EVEN H. Pose de carreaux de terres cuites, Revue Tiez Breiz, Maisons et Paysages de Bretagne (Siège Tiez Breiz, 51 Square Charles Dullin, 35200 Rennes), n°20, 2001, pp.20-22.
- FONTAINE R., Les carrelages, Revue Maison Paysanne de France, n°36, 1975, p.7.
- MAISONS PAYSANNES DU LOIRET, Poser des carreaux de terre cuite (pose à joints décalés), Délégation de Maisons Paysannes de France, 2012. Disponible à l'adresse : http://www.maisons-paysannes-loiret.org/index.php/mhrestaurer/mh1experiencesc/31-poser-des-carreaux-de-terre-cuite.
- ↑ CERRO M., Sols chaux & terre cuite, mode d'emploi, Eyrolles, Petite encyclo maison, 2010. p.37.
- ↑ FONTAINE René, Les carrelages, Revue Maisons Paysannes de France, n°36, 1975, p.7.
- ↑ BAYARD R. & A., Carrelages en terre cuite anciens ou “à l'ancienne”, Revue Maisons Paysannes de France, n°99, 1T, 1991, p.14.
- ↑ CERRO M., Sols chaux & terre cuite, mode d'emploi, Eyrolles, Petite encyclo maison, 2010, p.21.
- ↑ MAISONS PAYSANNES DU LOIRET, Poser des carreaux de terre cuite (pose à joints décalés), Délégation de Maisons Paysannes de France, 2012. Disponible à l'adresse : http://www.maisons-paysannes-loiret.org/index.php/mhrestaurer/mh1experiencesc/31-poser-des-carreaux-de-terre-cuite.