Bauge (monter un mur)
La bauge (ou bauche) est un mortier de terre humide additionné de fibres végétales ou parfois animales. Semblage au torchis, son nom diffère néanmoins par l'usage qui en est fait. La bauge sert notamment au montage de murs sans banches.
Sommaire
Localisation
De nombreuses constructions en bauge sont situées en Basse-Normandie (notamment dans le marais du Cotentin et du Bessin), Haute-Normandie (Plaine de l'Eure) et Bretagne (bassin de Rennes) ou plus généralement dans des régions au climat pluvieux disposant de sols limoneux.
Dans certaines communes du marais du Cotentin et du Bessin, on recensait en 2010 des villages où le bâti ancien était constitué jusqu'à 80% de bauge (PATTE E., STREIFF F., (2010) La bauge dans les marais du Cotentin et du Bessin, Revue Maisons Paysannes de France, n°176, 2T, p.16). Ces bâtisses sont appelées localement "mâsse".
On trouve également des constructions en bauge dans le Berry, le Poitou, la Vendée et le Lot-et-Garonne.
Composition
Granulométrie
Le bauge est constituée de terre argilo-limoneuse avec parfois présence de petits silex. La terre est donc fine.
Stabilisation du matériau
Des fibres végétales sont ajoutées à la terre argileuse collante permettant une bonne tenue lors de la phase plastique. Cela peut être de la paille
Préparation de la bauge
La bauge peut être réalisée "manuellement" ou à l'aide d'une bétonnière pour malaxer le mortier.
- La terre est déposée au sol puis mouillée et malaxée avec une fourche à trois dents jusqu'à obtenir une belle consistance et une épaisseur d'environ 10cm.
- Etendre la paille précoupée sur ce mélange et la mélanger avec la terre.
- Mettre une deuxième couche de terre et de paille et malaxer à nouveau avec la fourche. Faire de même avec une troisième et quatrième couche.
- La préparation est alors foulée à pieds d'hommes ou piétinée par des animaux jusqu'à être bien homogène.
- Laisser se reposer la terre quelques temps avant emploi.
Etat de la terre au moment de la mise en œuvre :
Cette terre grasse est détrempée et travaillée pour être collante. Elle est ensuite additionnée de paille hachée.
Le taux d'humidité de la préparation lors de sa mise en œuvre est de 30%.
Mode de mise en oeuvre
Le bauge est façonné directement sur le chantier sans banche (https://fr.wikipedia.org/wiki/Banche_(maçonnerie)) (contrairement au montage du pisé). Il permet une grande liberté architecturale et s'adapte particulièrement bien aux formes circulaires.
L'édification d'un mur en bauge se fait par levées de terres superposées.
Il peut être construit directement à l'aide de mottes de terre superposées (dans le cas de bourrines) ou bien dans la plupart des cas sur un soubassement en pierre qui permet
La hauteur de ces levées varient entre 40cm à 1,20m suivant la consistance de la bauge et le savoir-faire du maçon pour les monter. Le mur est monté à fruit avec une largeur d'environ 80cm à sa base qui s'affine ensuite vers le sommet afin d'assurer une meilleure stabilité.
La levée est compactée au bâton et taillée puis à nouveau compactée et lissée. Elle doit sécher avant d'être taillée à l'aide d'une pelle plate (appelée paroir).
Séchage
Après montage d'une première levée, la bauge nécessite un temps de séchage (ou temps de cure) d'une à quatre semaines avant que la levée suivante puisse être réalisée et ce jusqu'à la hauteur du mur souhaitée.
Enduit
A proscrire
L'enduit en mortier de ciment est à interdire pour les murs en terre. Adhérant mal à ce matériau, le ciment est également trop étanche à la vapeur d'eau et donc inadapté à la "respiration" du mur.
Bibliographie
DELABIE C., (1990) Restauration d'une maison de bauge dans les Marais du Cotentin (Manche), Revue Maisons Paysannes de France, n°96, 2T, pp.12-15.
DELAGREE M. (2007), Le bâti de terre, Revue Maisons Paysannes de France, n°164, 2T, pp.26-28.
LAHURE F. (1994), Pisé ou bauge?, Revue Maisons Paysannes de France, n°111, 1T, p.30.
LHUILLERY M.(1979), La bauge en Beauce, Revue Maisons Paysannes de France, n°53, 3T, pp.21-22.
PATTE E., STREIFF F., (2010) La bauge dans les marais du Cotentin et du Bessin, Revue Maisons Paysannes de France, n°176, 2T, pp.16-19.
PEYZIEU J., (2013) Où l’eau se mêle à la terre, Revue Maisons Paysannes de France, n°190, 4T, pp.18-23.