Four à chanvre

De Maisons Paysannes de France
Fichier:Four à pain à Doucelles.jpg
Four à pain à Doucelles

Photo Patrick Dejust © Maisons Paysannes de la Sarthe.
Le four à chanvre est une construction qui servait à la dessiccation du chanvre.
Principe d'un four à chanvre.

Schéma Pauline GABERT[1]©

L’étape de séchage de l’écorce des tiges et des racines suivait celle du rouissage (pourrissement dans l'eau des parties tendres et conservation de la fibre) et s'effectuait avant le broyage et le peignage de la fibre de chanvre restante.

Four à chanvre situé à Chérancé Tertifume

] Photo Patrick Dejust © Maisons Paysannes de la Sarthe.

Effectué autrefois dans un four à pain, le séchage du chanvre s’est ensuite fait dans un bâtiment conçu spécialement à cet effet.

On retrouve ce type de bâti dans les régions où l’on cultivait le chanvre notamment en Sarthe, dans l’Orne, la Mayenne, les Pays de Loire, en Touraine ou encore en Charente.

En Sarthe, il se trouvait généralement à l'écart des habitations afin qu'elles ne soient pas gênées par l'émanation des fumées tandis qu’il est bien souvent accolé à l’habitation en Touraine.
Four à pain à Vivoin. Les murs sont en bauge.

Photo Patrick Dejust © Maisons Paysannes de la Sarthe.

Architecture

Suivant les régions, les fours à chanvre ont un plan quadrangulaire ou cylindrique, construits en pierre (grès roussard par exemple[2]) ou en brique et sont parfois couverts d'un enduit de sable et de chaux grasse.

Le diamètre moyen du four est de 3 à 4m pour une hauteur de 4 ou 5m.

Dans la Sarthe, les fours ronds sont les plus courants mais il existe également des fours carrés. La chambre du chanvre peut être fermée par un plafond en solives recouvertes de chaux et d'un assemblage de moellons qui s'oppose au départ de chaleur. Le dôme peut être en maçonnerie avec une terrasse pleine, un toit plat ou un toit à deux ou quatre pans[3]. La plupart du temps, le toit sera conique.

En Touraine, où les fours à chanvre sont souvent de plan quadrangulaire, le toit est à deux pans ou en pavillon et recouvre une voûte en pierre construite afin de conserver la chaleur du foyer.  Dans le même département, un four à chanvre peut être complété d'un pigeonnier sous le toit[4].

La toiture déborde du bâti afin de protéger l'enduit et est couverte de tuiles ou d'ardoises. Si elle est rayonnante, elle dispose d'une pente du toit d'à peu près 45°.
Four à chanvre situé à Saint-Jean d'Assé.
Photo Patrick Dejust. ©
Sa poussée peut être compensée par un cercle de fer entourant le mur d’une trentaine de centimètres dans la partie supérieure[5]. Une collerette de zinc ainsi qu'un épi de faîtage protègent le poinçon du toit qui n'est pas couvert.

Ces bâtiments sont généralement installés sur une déclivité du site avec une porte semi enterrée donnant sur la chambre de chauffe au rez-de-chaussée et au premier niveau, une porte permettant l'accès à la chambre à chanvre.

L'intérieur comporte deux niveaux et est séparé par un plancher à claire-voie ou une grille situé à environ 1,60m du sol.

Au rez-de-chaussée, sur un sol dallé, se situe la chambre de chauffe où l'on installait un brasier à coke dans une corbeille en fonte. Le coke ne dégageait pas de flamme mais émettait une forte chaleur qui durait pendant plusieurs heures. Le foyer est construit en briques tout comme les encadrements de portes.[6]

Le premier niveau donne sur la chambre à chanvre située au-dessus de la claie et est d'une hauteur moyenne de 2,80 à 3m.

Les fours plus modestes ne disposent que d'une porte permettant à la fois l'ajout de bois dans le foyer et la charge du chanvre sur la grille[7].

Fonctionnement

Les bottes de chanvre sont enfournées par la porte donnant sur la chambre haute du four puis sont posées sur la claie ou suspendues. La porte basse donne quant à elle sur le foyer où l'on ajoute des fagots ou briquettes de coke que l’on allume. Le chanvre est chauffé pendant une dizaine d’heure, pendant la nuit, à une température de 60°C.

La fumée passait par le plancher puis par les fibres de chanvre avant de s'échapper par la couverture ou, selon les régions, par des lucarnons dans les murs. Dans le Maine, les maçonneries sont la plupart du temps continues alors qu'en Touraine, elles peuvent être percées par des ouvertures à l'étage.

Reconversions actuelles possibles

Four à chanvre à Ségrie.
Photo Patrick Dejust © Maisons Paysannes de la Sarthe.

Ces bâtiments abandonnés ou détruits aujourd'hui seraient pourtant des lieux idéaux pour les transformer en dépendances. De par leur bonne ventilation, il est possible de les transformer en séchoir à linge, en buanderie, en fumoir ou encore en local de jardinerie.

En Touraine, le four à chanvre peut devenir une extension à la maison d'habitation[8].

Bibliographie

  • BERTIN S., Le feu, le fer et le chanvre, Revue Vieilles Maisons Françaises, n°154, 1994. pp. 76-79.
  • CAUE 72, Le Saosnois, Architectures rurales en Sarthe, dépliant n°9, 1991.
  • Le chanvre en Sarthe, Guides Habitants - Les amis de Louis Simon, Editions Alain Sutton
  • ETIENNE-STEINER C., Variétés rurales, Revue Vieilles Maisons Françaises, n°115, décembre 1986, p.49.
  • MAISONS PAYSANNES DE TOURAINE, L’influence du chanvre sur l’habitat, Bulletin de liaison, n° 80, avril 2014. pp.11-12.
  • MENIL A., La maison rurale dans le Maine et le Haut-Anjou, Les cahiers de construction traditionnelle, Editions CREER, p.20.
  • MOUY M., Les îles de Basse-Touraine : Pays de chanvriers, Chapitre 1 : Le pays, la culture du chanvre, Revue Maisons Paysannes de France, n°72, 2T, 1984, p.4-5.
  • NIQUEUX D., A la découverte des villages de France : Stage d'étude à Vivoin (Sarthe), Revue Maisons Paysannes de France, n°58, 4T, 1980, p.20-21.
  • SITES ET MONUMENTS, Culture et transformation du chanvre dans un village du Saosnois en 1925, Bulletin de la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique générale de la France, , 1T, n°77, 1977. pp.27-29.
  • TROTEREAU J., Les fours en campagne, Revue Détours, n°13, 1994, p.106.

Références

  1. BERTIN S., Le feu, le fer et le chanvre, Revue Vieilles Maisons Françaises, n°154, 1994. p.78.
  2. BERTIN S., Ibid. p.78.
  3. BERTIN S.,Ibid. p. 79.
  4. MAISONS PAYSANNES DE TOURAINE, L’influence du chanvre sur l’habitat, Bulletin de liaison, n° 80, avril 2014. p.12.
  5. CAUE 72, Le Saosnois, Architectures rurales en Sarthe, dépliant n°9, 1991.
  6. CAUE 72, Ibid.
  7. MENIL A., La maison rurale dans le Maine et le Haut-Anjou, Les cahiers de construction traditionnelle, Editions CREER, p.20.
  8. MAISONS PAYSANNES DE TOURAINE, Ibid.p.12.