Bourrine du Marais breton vendéen

De Maisons Paysannes de France

La bourrine vendéenne est une habitation trapue et longue, construites avec les ressources locales comme la terre d'argile et les roseaux dont on fait du torchis. Ces modestes chaumières basses sont blanchies à la chaux ou d'un enduit couleur terre et sont surmontées d'un épais toit de roseaux.

Le terme bourrine viendrait d'ailleurs du latin "burra" ou "bourre" signifiant laine grossière, rappelant l'action de fournir les toitures en fibre végétale. La chaumière porte également le nom local de "rouchine" (venant du terme roseau). D'autres termes sont utilisés pour décrire cette architecture et sont issus du maraîchin, dialecte du Marais Breton et particulièrement de Vendée.

Cette construction était habitée par les paludiers, les paysans ou les travailleurs de la mer.

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Recueil technique Toitures végétales

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Caractères généraux de la bourrine vendéenne

Site

Isolée, la bourrine est construite sur un charraud, voie en terre traversant les marais située entre deux parcelles cultivables.

L'enclos de cet habitat vendéen, délimité par des étiers et parfois des haies végétales est appelé tchérai. Les abords de cette chaumière comprend d'autres bâtiments appelés galeries (ou logas) ajoutées suivant les besoins de l'exploitation.

La bourrine se construit sur un terrain légèrement élevé afin d'éviter les inondations. Il s'agit généralement d'un bossis (tas de terre provenant des fossés) est bêché à l'automne mais c'est en hiver, après les gelées, que la construction de la bourrine débute.

Matériaux et mise en oeuvre

Sol

Le sol de l'habitation est en terre battue (mélange de terre bleue et de sable) et est plus bas que le sol extérieur. On y accède parfois par une petite marche.

Mur

Les murs de 0,50cm à 1m d'épaisseur, sont réalisés en bauge, mélange de terre argileuse, eau et fibres végétales. En Vendée, le roseau haché entre dans la composition de ce mélange. Les mottes de terre qui sont créées sont appelées localement "bigos" et sont empilées à la fourche puis tassées.

La bauge est préparée et malaxée durant toute une journée afin de la rendre très plastique. C'est au lendemain de ce malaxage que la montée des murs est réalisée par les maçons. D'une épaisseur moyenne variant entre 50cm à 1m, ils sont montés à fruit, c'est-à-dire que leur base est épaisse puis s'affine en s'élevant.

La première levée du mur est faite avec des bigos façonnés puis posés sur une hauteur de 30 à 45cm. Un des maçons tasse progressivement les mottes de bauge en empilement en étant debout sur le mur en construction.

La deuxième levée du mur est réalisée une fois que la première a perdu son surplus d'humidité. Les poteaux des portes et des fenêtres sont posés ainsi que la base du four contre le mur pignon. La suite du mur est construite jusqu'à avoir une arase supérieure relativement basse entre 1,50 et 1,80m sur lequel on dispose les linteaux des fenêtres et portes en bois appelés "palâtres". La porte a son linteau bas relativement bas, placé à maximum 1,60m du seuil.

Enduit

Les murs des bourrines sont ensuite enduits. Ils n'auraient été recouverts de chaux qu'au début du XXème siècle, mais les galeries en terre ne sont elles jamais chaulées. Elles sont enduites d'un mortier de sable et d'argile dont l'avantage est d'être respirant.

Charpente

Cette région ne comportant que peu d'arbres, les bois utilisés en charpente étaient souvent de réemploi d'une bourrine en ruines ou d'un échouage de bateau.

La dimension de l'entrait pour réaliser la charpente détermine la largeur de la pièce principale de l'habitation. La longueur de la maison sera alors supérieure à 6m.

L'entrait est généralement choisi courbé ou bien est taillé pour faciliter le passage mais également apporter une certaine résistance à la charpente. Le poinçon est assemblé sur l'entrait et maintient par enfourchement la panne faîtière. La ferme du toit repose sur l'arase des murs.

Le toit en roseaux descend bas, imposant parfois de baisser la tête pour entrer. Le toit de l'étable, dans la continuité de la maison, est parfois plus bas et son faîtage marque un décrochement avec l'habitation.

Sur le pignon, la galerie (gal'rie) comporte une large ouverture pour que les charrettes puissent entrer.

Couverture

La couverture est appelée localement bourrinage et se constitue de roseaux récoltés dans les roselières ou rouchères. Le toit est incliné à 45° avec un égout bas, situé entre 1,50 et 1,80m du sol. Le toit est généralement réalisé en automne, lorsqu'il fait plus humide et que le roseau est plus souple, le rendant plus facile à travailler.

L'habitation ne comporte pas de grenier et donc pas de plafond, impliquant une face intérieure du toit plus travaillée, habillée parfois d'une natte végétale tissée.

Architecture

La façade principale se tourne vers le sud, avec petites ouvertures et fenêtres à quatre carreaux tandis qu'elle se protège des vents d'ouest.

La bourrine est composée la plupart du temps d'une grande pièce avec une grande cheminée située dans l'axe de l'habitation.

Cette maison modeste ne comporte généralement qu'une pièce séparée en deux pièces avec un espace pour les hommes, un autre pour les animaux, appelée bourrineau. Les bourrines peuvent atteindre jusqu'à 20m de long en fonction des aménagements et des extensions progressifs.

La bourrine possède parfois un four disposé sur l'un de ses pignons. Construit totalement en bauge, le four est réalisé par empilement de mottes de terre (ou bigos), y compris sa voute. Après avoir réalisé la sole (plancher) du four, la coupole est montée sur un tas de sable humide qui aura été façonné pour donner la forme à la voute. La coupole du four sera armée avec des branches entrelacées. Le sable sera retiré après séchage de l'ensemble puis le four sera cuit par une première flambée.

Ce four peut être compris dans un appentis maçonné accolé à la maison ou bien sous un abri constitué de poteaux recouverts d'une toiture en roseau.

Protéger et valoriser

Il subsiste aujourd'hui quelques bourrines mais peu d'entre elles sont en bon état et leur préservation n'est plus aussi assurée à cause de la rareté des bourrineurs.

Le Daviaud, éco-musée situé dans le Marais breton vendéen permet de découvrir la vie et l'architecture du site. Il joue actuellement un rôle primordial dans la protection et la valorisation de ce petit patrimoine.

Bibliographie

  • COUSIN N. (2007), Découvrez les chaumières, Revue Détours en France, n°114, pp.83-96.
  • BERTRAND J.-P. (2006), En terre et végétaux, constructions traditionelles en Vendée, Cahier d'ethnographie n°2, Editions Mémoires des Vendéens-Arexcpo et Vendée Patrimoine, Editions Siloe.
  • FOUIN J., MILCENT D., Les bourrines du Marais breton vendéen, Revue Maisons Paysannes de France, pp.4-7.
  • SCHNEPF C. et R.(1983), La maison paysanne en Vendée, Revue Maisons Paysannes de France, n°70, 4T, pp. 4-8.