Mérule et autres champignons : Différence entre versions

De Maisons Paysannes de France
Ligne 68 : Ligne 68 :
 
l'instauration d'un dispositif d'information.  
 
l'instauration d'un dispositif d'information.  
  
Pour faciliter la lutte contre la mérule, la loi Alur<ref>http://www.cohesion-territoires.gouv.fr/merules-et-autres-champignons-lignivores</ref> préconise d’établir la cartographie de l’infestation. Tout occupant ou propriétaire d'un immeuble infesté par la mérule doit en faire la déclaration à la mairie.  
+
Pour faciliter la lutte contre la mérule, la loi Alur<ref>http://www.cohesion-territoires.gouv.fr/merules-et-autres-champignons-lignivores</ref> préconise d’établir la cartographie de l’infestation. Tout occupant ou propriétaire d'un immeuble infesté par la mérule doit en faire la déclaration à la mairie. Si la mérule est présente dans les parties communes d’un immeuble soumis à la loi sur la copropriété, la déclaration doit être faite par le syndicat de copropriété.  
  
 
De même, cette information doit être donnée à l’acquéreur en cas de vente
 
De même, cette information doit être donnée à l’acquéreur en cas de vente
Ligne 78 : Ligne 78 :
 
*HERNANDEZ J. (2017), ''La mérule pleure dans les maisons humides'', Revue Maisons Paysannes de France, n°203, 2T, p.15.
 
*HERNANDEZ J. (2017), ''La mérule pleure dans les maisons humides'', Revue Maisons Paysannes de France, n°203, 2T, p.15.
 
*POUGNET A. (2010), ''Le bâtiment à risque et ses pathologies : humidité, infiltrations, mérule et champignon lignivores'', Revue TIEZ BREIZ - Maisons et Paysages de Bretagne, n°25, pp.27-31.
 
*POUGNET A. (2010), ''Le bâtiment à risque et ses pathologies : humidité, infiltrations, mérule et champignon lignivores'', Revue TIEZ BREIZ - Maisons et Paysages de Bretagne, n°25, pp.27-31.
 +
{{Références}}

Version du 21 mars 2019 à 09:42

Mérule Photo Anah (Agence nationale de l'habitat) © issue de l'ouvrage Prévention et lutte contre les mérules dans l'habitat, Recommandations pour une réhabilitation durable, avril 2006.

Les champignons font partie des biodésordres susceptibles de menacer le bâti ancien ou contemporain. Ils surviennent à la suite d’un apport d’humidité constant et prolifèrent grâce à des conditions environnementales qui leur sont favorables comme une température tiède constante, de l’obscurité ou encore un espace confiné.

Les bâtiments anciens, souvent constitués de matériaux naturels sont des cibles privilégiées des biodégradations. Il est donc nécessaire de les surveiller même si un bâti bien construit et entretenu et qui n’aura pas fait l’objet d’une infestation biologique pendant de nombreuses années a peu de chance d’en être maintenant la cible. La contamination a plus de risque de survenir lors de travaux de modernisation où les techniques et matériaux employés sont inadaptés au bâti ancien. .

Types de champignons du bâti

Il existe deux catégories de champignons dont la prolifération peut altérer le bois superficiellement ou en profondeur

Champignons lignicoles

 Les champignons lignicoles se développent à l’intérieur du bois sans pour autant le détruire. Ils provoquent des altérations esthétiques comme des moisissures, le « bleuissement » des résineux ou encore des échauffures mais n’affectent a priori pas les propriétés mécaniques du bois si leur développement est limité.

Champignons lignivores

Pourriture cubique

 Les champignons lignivores sont particulièrement redoutés car ils détruisent les composants du bois en sécrétant des enzymes qui hydrolysent la cellulose mais n’attaquent pas la lignine du bois. Cela a pour effet de changer la composition du bois qui devient alors sèche, changée en poudre brune (manifestation de la fructification du champignon), provoquant une décomposition en portions rectangulaires appelée « pourriture cubique ». Le bois perd alors toute qualité mécanique et peut s'effondrer.

Mérule

L’un des champignons les plus courant et redoutable est la (ou le) mérule qui attaque le bois et affecte ses propriétés mécaniques. L'espèce la plus connue est appelée Serpula lacrymans (ou Gyrophana lacrymans) dite mérule pleureuse. Elle tire son nom de son processus de digestion où la cellulose du bois est transformée en glucose que le champignon métabolise tout en libérant de l’eau et qui assure ainsi la suite de son développement.

Appelée également « champignon des maisons » ou « cancer du bâtiment », son apparition doit être prise au sérieux et très vite traitée au risque de voir la dégradation rapide et irréversible du bâti.  La mérule attaque principalement les bois résineux mais il arrive également qu’elle s’attaque aux chênes ou autre espèce de bois feuillus.

Ce champignon redoutable peut également dissocier des joints de maçonnerie ou encore disjoindre du béton armé ce qui facilite sa diffusion dans un bâtiment.

Condition de son développement

 La mérule n’a pas besoin de beaucoup d’eau pour se développer et continue sa progression dès qu'un environnement atteint un taux d'humidité d'au moins 22% dans des milieux confinés et tièdes. Elle peut résister quelques mois si son taux d’humidité dans le bois reste constant jusqu'à 35%. De même, elle ne résiste pas à une température élevée : 6h à 35°C et 15min à 40°C.

Ses étapes de développement sont les suivantes :

  • Fructification des spores
  • Germination
  • Dissémination
  • Croissance avec développement de filaments

Elle se diffuse rapidement entre les pièces.

Les spores produits peuvent résister deux ans avant de germer. Il faut de la lumière pour qu’ils germent.

Il faut faire attention à l’eau sous forme liquide ou gazeuse qui peut être la source du développement de la mérule. Il faut donc veiller à la ventilation de toute la maison et notamment des endroits inaccessibles d’où le champignon pourra commencer son développement.

Aspect

La mérule se manifeste de différentes manières au fur et à mesure de son développement

Incidence sanitaire

Traitement et prévention

Le traitement de la mérule nécessite de remplacer les éléments atteints par le champignon et de les incinérer sur place lorsque cela est possible. Il est fortement déconseillé de transporter les bois infestés pour les brûler ailleurs que sur leur lieu d’apparition afin d'éviter la diffusion du champignon. Néanmoins, dans le cas où il y aurait une impossibilité de les faire disparaître sur place, il est obligatoire de les traiter avant tout transport.

Afin d'éviter toute apparition de champignons lignivores dans un bâtiment, quelques règles préventives s'imposent :

  • Aérer régulièrement l'intérieur du bâti et surveiller toute apparition d'humidité notamment à proximité de canalisations ou de fenêtres.
  • Surveiller les bois posés ou encastrés.
  • Empêcher l'étouffement d'un plancher en bois sous un revêtement de sol étanche à l'air.
  • Utiliser des matériaux et un enduit respirant adaptés et non pas un enduit étanche qui conserve l'humidité au cœur d'un mur.
  • Surveiller si la toiture n'a pas d'infiltration qui pourrait endommager la charpente.
  • Ventiler le plafond
  • Proscrire les isolations thermiques inadaptées favorisant la condensation mais utiliser des matériaux et techniques respirants.
  • Surveiller tout bois posés sur le sol ou contre les murs, mais aussi les meubles en bois accolés à un mur.

Maisons anciennes, humides, sans ventilation ou maisons inhabitées.

Les bois posés sur le sol,  contre les murs, les bois de charpente, à proximité des fenêtres, derrière un meuble accolé au mur, local humide, à proximité des canalisations, volume confiné, plafond non ventilé, derrière une isolation thermique inadaptée ou mal posée favorisant la condensation. Enduit étanche

Pour éviter l’apparition des champignons ou empêcher son développement, il faut aérer en permanence le bâti et surveiller toute apparition d’humidité. Il faut ainsi éviter les matériaux absorbants et l’étouffement de ces matériaux sous des surfaces hermétiques.

l'instauration d'un dispositif d'information.

Pour faciliter la lutte contre la mérule, la loi Alur[1] préconise d’établir la cartographie de l’infestation. Tout occupant ou propriétaire d'un immeuble infesté par la mérule doit en faire la déclaration à la mairie. Si la mérule est présente dans les parties communes d’un immeuble soumis à la loi sur la copropriété, la déclaration doit être faite par le syndicat de copropriété.

De même, cette information doit être donnée à l’acquéreur en cas de vente

Bibliographie

  • DELCAMBRE P. (2001), Les désordres des bâtiments anciens: la biodégradation, Revue Maisons Paysannes de France, n°142, 4T, pp.34-35.
  • FONTAINE M. (2008), Attention mérule! Revue Maisons Paysannes de France, n°169, 3T, pp. 28-30.
  • HERNANDEZ J. (2017), La mérule pleure dans les maisons humides, Revue Maisons Paysannes de France, n°203, 2T, p.15.
  • POUGNET A. (2010), Le bâtiment à risque et ses pathologies : humidité, infiltrations, mérule et champignon lignivores, Revue TIEZ BREIZ - Maisons et Paysages de Bretagne, n°25, pp.27-31.