Mérule et autres champignons

De Maisons Paysannes de France
Mérule Photo Anah (Agence nationale de l'habitat) © issue de l'ouvrage Prévention et lutte contre les mérules dans l'habitat, Recommandations pour une réhabilitation durable, avril 2006.

Les champignons font partie des biodésordres susceptibles de menacer le bâti ancien ou contemporain. Ils surviennent à la suite d’un apport d’humidité constant et prolifèrent grâce à des conditions environnementales qui leur sont favorables comme une température constante peu élevée, de l’obscurité ou encore un espace confiné.

Les bâtiments anciens, souvent constitués de matériaux naturels sont des cibles privilégiées des biodégradations. Il est donc nécessaire de les surveiller même si un bâti bien construit et entretenu et qui n’aura pas fait l’objet d’une infestation biologique pendant de nombreuses années a peu de chance d’en être maintenant la cible. La contamination a plus de risque de survenir lors de travaux de modernisation où les techniques et matériaux employés sont inadaptés au bâti ancien. Il existe deux catégories de champignons dont la prolifération peut altérer le bois superficiellement ou en profondeur.

Types de champignons du bâti

Champignons lignicoles

 Les champignons lignicoles se développent à l’intérieur du bois sans pour autant le détruire. Ils provoquent des altérations esthétiques comme des moisissures, le « bleuissement » des résineux ou encore des échauffures mais n’affectent a priori pas les propriétés mécaniques du bois si leur développement est limité.

Champignons lignivores

Pourriture cubique

 Les champignons lignivores sont particulièrement redoutés car ils détruisent les composants du bois en sécrétant des enzymes qui hydrolysent la cellulose mais n’attaquent pas la lignine du bois. Cela a pour effet de changer la composition du bois qui devient alors sèche, changée en poudre brune (manifestation de la fructification du champignon), provoquant une décomposition en portions rectangulaires appelée « pourriture cubique ». Le bois perd alors toute qualité mécanique et peut s'effondrer.

Mérule

L’un des champignons les plus courant et redoutable est la (ou le) mérule qui attaque le bois et affecte ses propriétés mécaniques. L'espèce la plus connue est appelée Serpula lacrymans (ou Gyrophana lacrymans) dite mérule pleureuse. Elle tire son nom de son processus de digestion où la cellulose du bois est transformée en glucose que le champignon métabolise tout en libérant de l’eau et qui assure ainsi la suite de son développement.

Appelée également « champignon des maisons » ou « cancer du bâtiment », son apparition doit être prise au sérieux et très vite traitée au risque de voir la dégradation rapide et irréversible du bâti.  La mérule attaque principalement les bois résineux mais il arrive également qu’elle s’attaque aux chênes ou autre espèce de bois feuillus.

Ce champignon redoutable peut également dissocier des joints de maçonnerie ou encore disjoindre du béton armé ce qui facilite sa diffusion dans un bâtiment.

Condition de son développement

 La mérule n’a pas besoin de beaucoup d’eau pour se développer et continue sa progression dès qu'un environnement atteint un taux d'humidité d'au moins 22% dans des milieux confinés et tièdes. Elle peut résister quelques mois si son taux d’humidité dans le bois reste constant jusqu'à 35%. De même, elle ne résiste pas à une température élevée : 6h à 35°C et 15min à 40°C.

Ses étapes de développement sont les suivantes :

  • Fructification des spores
  • Germination
  • Dissémination
  • Croissance avec développement de filaments

Elle se diffuse rapidement entre les pièces.

Les spores produits peuvent résister deux ans avant de germer. Il faut de la lumière pour qu’ils germent.

Il faut faire attention à l’eau sous forme liquide ou gazeuse qui peut être la source du développement de la mérule. Il faut donc veiller à la ventilation de toute la maison et notamment des endroits inaccessibles d’où le champignon pourra commencer son développement.

Aspect

La mérule se manifeste de différentes manières au fur et à mesure de son développement

Incidence sanitaire
Traitement et prévention

Surveiller les bois adossés ou encastrés

Maisons anciennes, humides, sans ventilation ou maisons inhabitées.

Les bois posés sur le sol,  contre les murs, les bois de charpente, à proximité des fenêtres, derrière un meuble accolé au mur, local humide, à proximité des canalisations, volume confiné, revêtement de sol étanche à l’air enfermant un plancher en bois, plafond non ventilé, derrière une isolation thermique inadaptée ou mal posée favorisant la condensation.

Pour éviter l’apparition des champignons ou empêcher son développement, il faut aérer en permanence le bâti et surveiller toute apparition d’humidité. Il faut ainsi éviter les matériaux absorbants et l’étouffement de ces matériaux sous des surfaces hermétiques.

Bibliographie

  • DELCAMBRE P. (2001), Les désordres des bâtiments anciens: la biodégradation, Revue Maisons Paysannes de France, n°142, 4T, pp.34-35.
  • FONTAINE M. (2008), Attention mérule! Revue Maisons Paysannes de France, n°169, 3T, pp. 28-30.
  • HERNANDEZ J. (2017), La mérule pleure dans les maisons humides, Revue Maisons Paysannes de France, n°203, 2T, p.15.
  • POUGNET A. (2010), Le bâtiment à risque et ses pathologies : humidité, infiltrations, mérule et champignon lignivores, Revue TIEZ BREIZ - Maisons et Paysages de Bretagne, n°25, pp.27-31.