Bâti rural du Périgord

De Maisons Paysannes de France
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La variété du bâti rural du Périgord reflète la diversité d'un terroir. Les matériaux employés sont choisis localement, ce qui implique des architectures diverses qui contredisent un modèle unique de maison périgourdine.

Pays du Périgord

Carte Maisons Paysannes de France © Délégation de Dordogne-Périgord

Type de bâti suivant les régions

Région de Verteillac

Chartreuse périgourdine en Région de Verteillac

Croquis de Nicole Vlès ©

On trouve particulièrement des chartreuses périgourdine, c’est à dire des bâtiments longs, agrémentés à chaque extrémité d’un pavillon délimitant parfois une terrasse. Ce type de demeure n’a pas d’étage, juste des combles plus ou moins élevés.

Dans le Périgord, les maisons à pans de bois sont essentiellement implantées dans deux "pays" voisins dont les caractères communs sont nombreux, séparés par la vallée de l'Isle: le Landais et la Double.

La Double

Maison à pan de bois dans La Double

Croquis de Nicole Vlès ©

La Double est située à l'ouest du département, limitée par les vallées de l'Isle au sud, de la Beauronne à l'est, de la Rizonne et de la Drôme au nord et à l'ouest. L'extrémité fait partie de la Gironde.

Dans ce pays, l’absence de pierres, la richesse de la forêt et la présence permanente de l’argile ont conduit les constructeurs à bâtir en pans de bois (colombage, du latin columna, colonne) et en torchis. (A visiter : le Parcot, près d’Echourgnac). Les  sols sont constitués de sables, de graviers siliceux, d'argiles, et contiennent des rognons de silex, des galets de quartz. La forêt était constituée principalement de chênes associés à d'autres essences: charmes, châtaigner, ormes ainsi que de pins maritimes. Ces ressources locales ont influencé la construction qui était ainsi économique, légère et rapide.

Maison forte à Monbos avec appentis ajouté de nos jours. Croquis Nicole Vlès ©

Le chêne constitue l'ossature du bâtiment et la charpente. Les piliers de bois sont posés sur des blocs appelés "chiffres" trouvés sur place et dont l'origine peut être diverse. Les pans de bois sont garnis de torchis, mélange d'argile, de paille ou de jonc et d'eau, malaxé puis posé en grosses boules tassées puis lissées. Un enduit de chaux et de terre en forte teneur en sable recouvrait le torchis dans sa totalité ou juste sur une partie afin de le protéger des intempéries. Les enduits extérieurs pouvaient parfois être badigeonnés au lait de chaux. Le bois reste quant à lui apparent.

Les toitures sont couvertes en tuiles plates ou tuiles canal en fonction de la pente des versants, celles-ci ayant remplacé le chaume dès le XVIIIème siècle. C'est à cette époque que s'installèrent des tuileries et briqueteries dans la région.

Monbos (canton de Sigoulès)

Dans ce lieu-dit, il n’y a plus qu’une église avec des chapiteaux primitifs remarquables et une maison forte.

Habitation avec toit à la Mansart, environs de Sigoulès

Croquis de Nicole Vlès ©

Environs de Sigoulès

On trouve particulièrement des maisons dont le volume des combles a été agrandi avec un toit à la Mansart terrasson est en tuiles canal tandis que le brisis très pentu sur les côtés est en tuiles plates. Lorsque le terrasson est à forte pente, la totalité de la toiture est en tuiles plates. Au point de rencontre des arêtiers sont disposés deux épis de faîtage.

Environs de Lalinde

Maison proche de Lalinde

Croquis de Nicole Vlès ©

La richesse des propriétaires viticoles et l’envie de rivaliser avec les seigneurs des châteaux ont incité les bourgeois à construire, à l’exemple de leurs voisins bordelais, de 1650 à 1850, ces grandes maisons de campagne appelées chartreuses. Dans la moitié ouest du département, on en compte près de 200 dont plusieurs sont superbement restaurées.

Issigeac

Ferme d'Issigeac

Croquis de Nicole Vlès ©

Le plateau en relief aplani est riche en cultures céréalières (blé, maïs).

On y trouve des fermes, souvent très basses et recouvertes de toiture en tuiles canal. Ces bâtiments, vastes carrés dont les longs toits descendent près du sol, contiennent une partie des locaux de l'exploitation.

Une extrémité de l'habitation est composée d'une pièce principale avec cheminée, accolée à une chambre. L'autre partie de l'habitation comporte une porte pour les bestiaux et une grange-étable. A proximité, se situent le chai et le pressoir. Tous ces bâtiments sont de plain-pied et ne disposent généralement pas de cave.

Cette architecture est généralement sombre à l'intérieur et un aménagement pour y apporter de la lumière s'avère risqué car il pourrait dénaturer le bâtiment.

Beaumont

Maison dans le Beaumont

Croquis de Nicole Vlès ©

On y trouve une petite maison presque classique avec houteau (menuiserie triangulaire) dit rampant, bec d’évier à gauche de la fenêtre. Le portail possède un linteau en bois. La petite fenêtre au pignon possède un appui débordant en pierre.

Belvès ou Villefranche du Périgord

Maison à Villefranche du Périgord

Croquis de Nicole Vlès ©

Situé à l’extrême sud-est du département. On y trouve des demeures aux vastes volumes dont la proximité avec le Quercy est visible : escalier intérieur, bolets (ou balets) dans le centre-est avec un accès à une petite cave sous la terrasse ou un renfoncement pour le bois ou le chien.

Le bolet est un accès extérieur constitué d'un escalier conduisant à une galerie ou terrasse couverte par une avancée du toit soutenue par des piliers de pierre ou de bois. Cette terrasse donne directement sur l'habitation qui est située à l'étage, à l'abri de l'humidité.

Le toit peut comporter des lucarnes traditionnelles et épis de faîtage.

Sarladais

Maison salardaise à toit de lauzes

Croquis Nicole Vlès ©

Toitures à fortes pentes (60°) en lauzes de calcaire (600kg au m²). Une cour, avec porche en anse de panier, sépare l’habitation des annexes. Parfois, on trouve un pigeonnier dans le pignon. La maçonnerie est en pierre calcaire liée avec un mortier d'argile trouvé localement. Ces habitations possèdent des piédroits et pierres d'angles taillées réalisés en pierre tendre de la Beune et du Sarladais.

La maison salardaise s'accompagne d'annexes : puits et cabanes à cochons, eux aussi couverts d'un toiton de lauzes.

Canton de Thenon

Maison en moellons du Canton de Thenon, située entre Périgueux et Terrasson

Croquis de Nicole Vlès ©

Ce canton comportait de nombreux moulins qui produisaient une force motrice pour tous usages.

Le bief et la retenue d’eau étaient maçonnés en bonnes pierres et l’eau, après avoir entraîné la roue, s’échappe par deux sorties cintrées sous le bâtiment.

Canton de Terrasson

Maison dans le Canton de Terrasson

Croquis de Nicole Vlès ©

On y trouve de solides maisons avec murs en moellons de calcaire blanc et de grès rose. La proximité des ardoisières de Villac de d’Allassac explique ces toitures d’ardoise (schiste noir bleuté) dont le goût s’est étendu bien au-delà de cette petite région.

Aujourd’hui, cette tradition se perpétue mais les ardoises viennent d’Espagne ou d’Angers.

Près de Lanouaille

Ferme à Jumilhac le Grand, près de Lanouaille.

Croquis de Nicole Vlès ©

La région comporte des fermes typiques à deux niveaux. Les murs crépis sont faits de moellons de grès. Angles et jambages en pierres de taille de calcaire. Toit en tuiles plates, avec coyaux à la base et deux ou trois houteaux pour ventiler les combles.

Commune de Miallet, au nord de Thiviers

Maison dans la Commune de Miallet

Croquis de Nicole Vlès ©

Jean-Marie Bélingard estime à un millier le nombre des Maisons Fortes en Périgord à la guerre de Cent ans, pratiquement au moins une par village[1]. Edifices massifs aux murs très épais (de 1 à 2 mètres) parfois entourés d’un fossé ; ces maisons défensives protégeaient les exploitations environnantes. Un escalier dans la tour donnait accès à l’étage.

Abjat

Humble maison à l'Abjat

Croquis Nicole Vlès ©

On y trouve des humble maisons représentative du bâti ancien en Nontronnais. Elle dispose de portes et volets en bois, forts linteaux, encadrements et angles en granit. Les murs de pierres sont disparates et colorés.

Le faîtage fléchi contraste avec la bordure souple du toit.

Près de Brantôme

Maison près de Brantôme

Croquis de Nicole Vlès ©

Maison avec jonction entre deux bâtiments réalisée avec une construction basse.

Recommandations de restauration

Bien que l'architecture des maisons paysannes en Périgord soit diverse, quelques conseils de préservation ou restauration sont valables pour tout bâtiment.

Toitures

Il est essentiel de garder la pente d'origine du toit et de respecter les pentes adaptées suivant les couvertures : tuiles plates, tuiles canal, ardoises, pierres.

Il faut vérifier que les génoises soient bien de tradition locale.

Les galeries couvertes doivent être conservées.

Cheminées

Si la cheminée est en pierre taillée, il ne faut pas y toucher. Si elle est à l'origine recouverte d'enduit, il faut le réaliser avec du sable de pays non lavé et non tamisé.

La souche de la cheminée avec son appui massif doit être conservée.

La bouche de la cheminée doit être laissée à découvert ou recouverte d'un chapeau de tuiles canal ou pierre plate en accord avec la couverture du toit en tuiles ou pierres.

Murs

Les murs des maisons sont réalisés de différentes manières suivant la région et la pierre locale. Dans le cadre d'une restauration, il est nécessaire de garder le même revêtement que celui d'origine ou celui des architectures proches.

Un mur en pierre sèche doit être restauré en l'état tandis qu'un mur en pierre enduit doit laisser le cœur apparent de la pierre.

Dans le cas où les murs sont totalement enduits, l'enduit est réalisé avec du sable grossier du pays et de la chaux grasse. Un badigeon de chaux blanche sera posé autour des ouvertures et dans certains cas, il n'y aura pas de joints creux.

Ouvertures

Portes

Les portes anciennes en bon état peuvent être conservées ou dans le cas contraire être refaites à l'identique. Il est cependant difficile d'établir un modèle unique et chaque porte doit faire l'objet d'une analyse particulière.

Fenêtres

La restauration d'une maison ancienne implique une conservation des ouvertures existantes.

Clôtures

Il n'y a pas de grillages autour du bâti rural du Périgord mais des palissades en bois, des haies en végétaux de pays.

Bibliographie

  • BAYARD R., MACHERAS M.1978), A propos du Périgord, Quelques conseils, Revue Maisons Paysannes de France, n°48, 2T. p.13.
  • CORNET J., VLES N. (2007), Le Périgord des maisons paysannes, Pilote 24 Edition.
  • SENAUD M., RAPNOUIL J.,(1988), La double en Périgord, Revue Maisons Paysannes de France, n°87, 1T. p.23.
  • STEIN A. (1991), Périgord Quercy, Massin Editeur, La maison dans sa région.
  • MAISONS PAYSANNES DE FRANCE, DELEGATION DE DORDOGNE-PERIGORD, CORNET J., VLES N., L'habitat rural en Périgord.

Références

  1. Bélingard, J.M.(1999), Le Périgord des maisons fortes, Editeur Pilote 24.