Glacière à glace naturelle

De Maisons Paysannes de France
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Les glacières sont des constructions généralement enterrées permettant de conserver la glace naturelle récoltée en hiver jusqu'aux périodes chaudes de l'année allant de la fin du printemps à tout l'été. Bien que la conservation de la glace existait déjà à l'Antiquité dans des fosses peu profondes recouvertes de branchages, ce n'est qu'au XVIème siècle que se développèrent des constructions à l'architecture plus élaborée. Leur construction sera continue jusqu'à la moitié du XIXème siècle puis sera dès lors en décroissance jusqu'en 1914 où l'on n'en recensera plus de nouvelles.

Ces constructions servaient à stocker de la neige ou des plaques de glace récoltées sur des glaciers de montagne, des lacs ou rivières gelés ou des étendues planes appelées bassins de gel.

Site

Les glacières étaient souvent situées dans un domaine bourgeois, en retrait dans les bois, les jardins, bosquets ou champs, de préférence sur un terrain sec. La végétation alentour permettait d'assurer la fraîcheur du site et donc de la cuve.

Architecture d'une glacière

La glacière comporte un réservoir à glace ou cuve partiellement ou totalement enfouie. Elle dispose d'une enveloppe permettant d'assurer une bonne isolation thermique avec une partie supérieure couverte et un système d'évacuation d'eau dans sa partie inférieure. Il est essentiel que l'eau de fonte soit évacuée car la présence d'humidité diminue fortement l'isolation thermique et donc engendre la fusion de la glace tout en réduisant la conservation. Il est donc primordial que la glacière soit implantée sur un terrain sec ou drainé.

La glacière dispose d'un ou de plusieurs accès permettant de la charger ou décharger en glace avec généralement une ouverture menant au haut de la cuve orienté au nord. Cet accès est fermé par deux petites portes délimitant un sas d'entrée couvert par un avant toit, généralement ombragé par de la végétation afin de le garder au frais.

Plus le volume de glace dans la cuve est important et homogène, plus celle-ci est conservée. Une masse minimum de 4000kg de glace doit être conservée dans la cuve afin de pouvoir en disposer en été.

L'architecture des glacières se divise en deux types : les glacières en bois et les glacières maçonnées.

Glacière en bois

Glacière en bois

Dessin Jean Martin ©

Les glacières en bois ont aujourd'hui disparu parce qu'étant fabriquées avec des matériaux putrescibles, elles étaient sujettes à une dégradation rapide. Il subsiste parfois un grand trou dans le sol témoignant d'une telle construction.

Néanmoins, leur architecture était souvent similaire, constituée d'une cuve conique en terre, dont les parois étaient recouvertes de madriers de bois permettant d'éviter les éboulements. Le sol du fond de la cuve étaient recouvert de petits cailloux favorisant l'écoulement et le drainage de l'eau de fusion. Cette glacière était couverte d'une charpente en bois posée sur le sol et couverte de chaume. Elle disposait d'un plancher réalisé avec des rondins et l'accès s'y faisait par un petit couloir d'entrée adjacent.

Glacière maçonnée

Glacière maçonnée

Dessin Jean Martin ©

De nombreuses glacières maçonnées sont encore existantes en France mais leur état diffère suivant la conservation qui en a été faite. La glacière est une sorte de silos maçonné de forme cylindrique, tronconique ou de section carrée, aux dimensions variant de 6 à 10m de diamètre pour 2,5 à 5m de haut et de profondeur. Leur enfouissement dans le sol est généralement de 2/3 ou 3/4 de la cuve. Celle-ci peut disposer d'une paroi simple ou double, avec un espace vide permettant une meilleure isolation et évitant l'humidité (bien que ce dernier modèle soit peu répandu). Le fond de la glacière est aménagé avec un puisard ou une tuyauterie pour évacuer l'eau de fonte.

La partie supérieure de la glacière est couverte d'une coupole sphérique maçonnée plus ou moins aplatie lorsqu'il s'agit d'une cuve à section circulaire. Lorsque la cuve est de section carrée, elle est couverte d'une voûte en berceau. Une fois cette cuve fermée sur sa partie haute, il arrive qu'elle soit recouverte d'une butte de terre végétalisée ou d'une charpente couverte de tuiles, de lauzes ou de chaume.

Une glacière maçonnée peut conserver entre 5 et 100m3 de glace.

Usage actuel

Autrefois, la conservation de la glace naturelle ne pouvait se faire que dans de bonnes glacières bien isolées et drainées, d'où l'importance de leur entretien constant. Avec l'arrivée de l'électricité, ces constructions ont été abandonnées et oubliées et leur état s'est peu à peu délabré jusqu'à ce qu'on en retrouve certaines lors de travaux de défrichage d'un site.

Au contraire, certaines glacières ont été préservées mais ont parfois perdu leur fonction d'origine et certaines servent maintenant de réservoir d'eau ou de dépotoir tandis que d'autres, une fois la cuve comblée, sont transformées en remise ou cave.

Ces bâtisses longtemps délaissées font pourtant partie de notre patrimoine et doivent à ce titre être préservées et restaurées.

Bibliographie

  • FORISSIER P. (2004), Restauration d'une glacière du 18e siècle, Revue Maisons Paysannes de France, n°151, 1T, pp-31-33.
  • HAMEAU A. & P. (2000), Trois constructions pour trois métiers d'autrefois, Revue Maisons Paysannes de France, n°137, 3T, pp.32-36.
  • de LAROULLIERE R. (1997), En Isère à Vertieu, Une glacière surgie des bois, Revue Maisons Paysannes de France, n°126, 4T, pp. 4-7.
  • MARTIN J. (1997), Les glacières françaises, Histoire de la glace naturelle, Editions Errance.
  • MARTIN J. (2002), Les glacières rurales à glace naturelle, Revue Maisons Paysannes de France, n°144, 2T. pp.4-6.