Grès éocène

De Maisons Paysannes de France
Ceci est la révision approuvée de la page, et aussi la plus récente.



Le grès éocène, à grains fins, dit également grès à Sabalites, servait anciennement pour la construction et les pavés. Il a été énormément utilisé au Mans, mais également en différents endroits de la Sarthe et de l’Ouest de la France.


Géologie:

Sa formation résulte d’un dépôt de sables de quartz cimentés par de la silice dans un environnement de type continental sous un climat tropical humide (présence de Sabalites, palmiers fossiles). Ces grès, dans la région du Mans, sont en étroites relations avec des dépôts calcaires, saumâtres ou lacustres à Hydrobies (gastéropodes des lacs). Ces grès peuvent être également fluviatiles comme en témoignent « la pierre levée » adossée à la cathédrale du Mans: le menhir qui est en fait le résultat du remplissage d’un petit chenal de rivière il y a 40 millions d’années (sur la photo ci-contre: le menhir réorienté et au-dessous le remplissage d’un chenal fluviatile subactuel). Des gisements existaient notamment entre Coulaines et Sargé (près de La Tuerie), entre Le Mans et Parence (Le Sablon blanc), à Pruillé-le-Chétif (Les Tréfins), à Fyé (Les Hauts Rochers, Les Garennes) et sans doute dans bien d’autres endroits de la région. Le grès éocène se présente en carrière sous forme de bancs rocheux plus ou moins épais, accompagnés en général de beaux sables clairs aptes à la construction.


Utilisation:

C’est ce matériau qui a servi à ériger les mégalithes. Un peu délaissé à l’époque gallo-romaine, son emploi est devenu courant au Moyen-âge. Solide, insensible au gel et d’une couleur ocre clair agréable, il a servi pour la construction de la base de la cathédrale Saint-Julien, supportant les 13 chapelles du cœur gothique. Il entre également dans la composition du palais des Comtes du Maine et de la collégiale Saint-Pierre-La-Cour. Ensuite, et jusqu’au 19ème siècle, il a massivement été exploité pour la construction et les pavages. A priori, cette roche très dure était difficile à exploiter. Pourtant, nos prédécesseurs ont réussi à extraire et à tailler de magnifiques pierres de chaînage (Sargé, Saint-Ouen-de-Mimbré), des poteaux d’entrée de champs (secteur de Beaumont), des dalles de pont (Piacé) et même des futs de colonne (abbaye de Champagne à Rouez-en-Champagne). Au Bas Possé, à Assé-le-Riboul, certaines dalles du petit pont jouxtant le moulin mesurent plus de 2,30 m pour une largeur de 42 cm et une épaisseur de 30 cm, soit un volume de 0,30 m3, ce qui représente un poids de 0,75 tonne par dalle, la masse volumique du grès étant d’environ 2500 kg/m3.


Extraction:

On a actuellement du mal à imaginer le travail que représentaient l’extraction de ces blocs, les techniques utilisées pour fendre la roche de façon à sortir des dalles assez régulières, longues parfois de 2,50 m, les manutentions et les transports par charrois en utilisant des chemins pas toujours bien entretenus. Les conditions ont pu évoluer selon les époques, mais le pire était peut-être au 19ème siècle quand les carriers travaillaient douze heures par jour et six jours sur sept.


Conclusion:

Plus discret et moins emblématique que le grès roussard, le grès éocène n’en est pas moins un matériau incontournable de l’architecture du département de la Sarthe, que l’on retrouve aussi bien sur de simples bordages que sur des bâtiments prestigieux. Mais ce qui étonne le plus, c’est la capacité de nos prédécesseurs à tirer parti de cette pierre si difficile à travailler. Lors d’une promenade, vous serez peut-être amenés à passer sur un petit pont de dalles de grès ; pensez aux efforts qu’il fallut aux bâtisseurs, maçons ou simples paysans, pour les amener jusque là et construire de si beaux ouvrages.


Bibliographie:

Revue annuelle 2021 de "Maisons Paysannes de la Sarthe" pages 16 et 17: un matériau très présent en Sarthe, le grès éocène par P. Dejust et G. Cattanéo.