Fermes du secteur Gerbier-Mézenc : Différence entre versions

De Maisons Paysannes de France
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==Caractères généraux du bâti==
 
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L’architecture des constructions du Mézenc est le reflet de l’activité des habitants (notamment l’élevage) ainsi que de son adaptation au climat du territoire. L’hiver y est long et neigeux et la burle, vent froid caractéristique du Massif Central souffle particulièrement sur ce territoire. Les maisons construites pour résister aux saisons froides sont donc massives et trapues.
 
L’architecture des constructions du Mézenc est le reflet de l’activité des habitants (notamment l’élevage) ainsi que de son adaptation au climat du territoire. L’hiver y est long et neigeux et la burle, vent froid caractéristique du Massif Central souffle particulièrement sur ce territoire. Les maisons construites pour résister aux saisons froides sont donc massives et trapues.
  
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Le toit des habitations de la montagne ardéchoise est à quatre versants pour faire face au vent. Sa couverture type est réalisée avec des matériaux trouvés dans son environnement proche notamment du phonolithe pour en faire des lauzes ou de la paille et du genêt pour le chaume. Le toit est à forte pente (60°) lorsqu’il est couvert de chaume afin que la pluie ou la neige ne stagne pas. Une toiture couverture de lauze sera quant à elle moins pentue (37° à 40°).
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Le toit des habitations de la montagne ardéchoise est à quatre versants pour faire face au vent. Sa couverture type est réalisée avec des matériaux trouvés dans son environnement proche notamment du phonolithe pour en faire des lauzes ou de la paille et du genêt pour le chaume. Le toit est à forte pente (60°) lorsqu’il est couvert de chaume afin que la pluie ou la neige ne stagne pas. Une toiture couverture de lauze sera quant à elle moins pentue (35° à 40°).
  
 
Dans le Vivarais, situé en Haute-Loire, les toits sont réalisés en genêts et sont appelés « rigots ». Le genêt est présent en abondance sur le socle granitique du Mézenc et est donc peu cher à l’emploi. Sa cueillette permettait également d'ouvrir des parcelles cultivables<ref>CHAUVET J.-Y. (2013), ''Habitats partagés : les chaumières du Mézenc : (Ardèche et Haute-Loire)'', Revue Maisons Paysannes de France, n°187, 1T, p.34.</ref>.
 
Dans le Vivarais, situé en Haute-Loire, les toits sont réalisés en genêts et sont appelés « rigots ». Le genêt est présent en abondance sur le socle granitique du Mézenc et est donc peu cher à l’emploi. Sa cueillette permettait également d'ouvrir des parcelles cultivables<ref>CHAUVET J.-Y. (2013), ''Habitats partagés : les chaumières du Mézenc : (Ardèche et Haute-Loire)'', Revue Maisons Paysannes de France, n°187, 1T, p.34.</ref>.
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Le chaume étant autrefois peu cher, il était utilisé par les familles habitant dans des fermes les moins riches. Il arrive également qu’une habitation présente deux types de toiture : le chaume pour la partie grange et les lauzes couvrant l’habitation, l’arcas et la cave. Les familles habitant les fermes plus aisées les couvraient de lauzes. Elles avaient les moyens de réaliser une charpente solide capable de porter le poids de cette couverture.
 
Le chaume étant autrefois peu cher, il était utilisé par les familles habitant dans des fermes les moins riches. Il arrive également qu’une habitation présente deux types de toiture : le chaume pour la partie grange et les lauzes couvrant l’habitation, l’arcas et la cave. Les familles habitant les fermes plus aisées les couvraient de lauzes. Elles avaient les moyens de réaliser une charpente solide capable de porter le poids de cette couverture.
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La charpente de ces habitations est souvent haute et robuste. De grands arbalétriers (appelés ''tenails'') d'une section de 30cm chacun sont espacés entre eux de 2m et sont chevillés à la panne faîtière. Ils sont assemblés au sommet et maintenus par un entrait proche du faîtage.
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[[Fichier:Mise en place du genêts.jpg|vignette|Photographie du piquage de genêtsPhoto Bernard Leborne ©]]
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Des grosses lattes de sapins refendues et d'une seule longueur sont chevillées tous les 30cm sur ces arbalétriers.
  
 
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Dessin Pierre Moreau ©]]
 
 
Le plan de ces habitations de montagne est souvent similaire sur les deux versants du Mézenc et se partage entre logis pour les hommes et étable pour les animaux, celle-ci pouvant prendre le 2/3 du volume total du bâtiment et accueillir une trentaine de bêtes.
 
Le plan de ces habitations de montagne est souvent similaire sur les deux versants du Mézenc et se partage entre logis pour les hommes et étable pour les animaux, celle-ci pouvant prendre le 2/3 du volume total du bâtiment et accueillir une trentaine de bêtes.
  

Version du 28 mars 2019 à 13:56

Contexte géographique

Le Massif du Mézenc est situé dans le Massif Central, entre le département de la Haute-Loire (province du Velay) et de l’Ardèche (province du Vivarais).

Caractères généraux du bâti

Plan type de maison en Ardèche

Dessin Pierre Moreau ©

L’architecture des constructions du Mézenc est le reflet de l’activité des habitants (notamment l’élevage) ainsi que de son adaptation au climat du territoire. L’hiver y est long et neigeux et la burle, vent froid caractéristique du Massif Central souffle particulièrement sur ce territoire. Les maisons construites pour résister aux saisons froides sont donc massives et trapues.

Matériaux et mise en œuvre

Les matériaux utilisés pour ces constructions sont issus de l’environnement proche : la pierre pour les murs, le sapin pour la réalisation des charpentes, les lauzes en phonolithe ou le chaume pour couvrir les toits.

Mur 

Les murs sont construits en blocs de granite ou de trachyte bleu et liés avec de la glaise puis rejointés au mortier de chaux. Leur épaisseur se situe entre 0,80m et 1,20m. Le plafond est généralement bas, d’une hauteur de 2,50m.

Toit

Le toit des habitations de la montagne ardéchoise est à quatre versants pour faire face au vent. Sa couverture type est réalisée avec des matériaux trouvés dans son environnement proche notamment du phonolithe pour en faire des lauzes ou de la paille et du genêt pour le chaume. Le toit est à forte pente (60°) lorsqu’il est couvert de chaume afin que la pluie ou la neige ne stagne pas. Une toiture couverture de lauze sera quant à elle moins pentue (35° à 40°).

Dans le Vivarais, situé en Haute-Loire, les toits sont réalisés en genêts et sont appelés « rigots ». Le genêt est présent en abondance sur le socle granitique du Mézenc et est donc peu cher à l’emploi. Sa cueillette permettait également d'ouvrir des parcelles cultivables[1].

Dans le Velay, les toits sont quant à eux plutôt couverts de paille de seigle.

Le chaume étant autrefois peu cher, il était utilisé par les familles habitant dans des fermes les moins riches. Il arrive également qu’une habitation présente deux types de toiture : le chaume pour la partie grange et les lauzes couvrant l’habitation, l’arcas et la cave. Les familles habitant les fermes plus aisées les couvraient de lauzes. Elles avaient les moyens de réaliser une charpente solide capable de porter le poids de cette couverture.

Charpente

La charpente de ces habitations est souvent haute et robuste. De grands arbalétriers (appelés tenails) d'une section de 30cm chacun sont espacés entre eux de 2m et sont chevillés à la panne faîtière. Ils sont assemblés au sommet et maintenus par un entrait proche du faîtage.

Photographie du piquage de genêtsPhoto Bernard Leborne ©

Des grosses lattes de sapins refendues et d'une seule longueur sont chevillées tous les 30cm sur ces arbalétriers.

Architecture

Le plan de ces habitations de montagne est souvent similaire sur les deux versants du Mézenc et se partage entre logis pour les hommes et étable pour les animaux, celle-ci pouvant prendre le 2/3 du volume total du bâtiment et accueillir une trentaine de bêtes.

L’entrée du bâtiment se fait par tous par l’arcas (ou arco), petit porche qui comporte souvent une source ou un abreuvoir. Cette entrée abrite aussi généralement une loge pour les cochons. 

Le logis est réduit à une pièce unique servant de cuisine, de salle à manger et de chambre. Des lits placards sont situés sur le mur de séparation du logement avec l’étable, permettant de bénéficier de la chaleur de cette dernière.

Une cheminée massive est presque toujours placée à l’angle sud-ouest de l’habitation et se détache du toit pour dépasser les couches de neige et réduire les risques d’incendie en été. L’étage de l’habitation est une grange où est stocké le foin pour l’hiver.

Bibliographie

  • CHAUVET J.-Y. (2013), Habitats partagés : les chaumières du Mézenc : (Ardèche et Haute-Loire), Revue Maisons Paysannes de France, n°187, 1T, pp.33-35.
  • LEBORNE B. (2014), De lauze et de genêt, les toitures des grandes fermes de la montagne ardéchoise, Revue Maisons Paysannes de France, n°194, 4T, pp.35-36.
  • MOREAU P. (2001), Autres toitures en genêt : les "rigots" du Vivarois : Carnets de voyage de Pierre Moreau, Revue Maisons Paysannes de France, n°140, 1T, pp.34-35.
  • POIRIER M.-M. (2018), Toiture en genêt et en lauze, Les pailhisses, symboles du pays des sources de Loire, Revue Maisons Paysannes de France, n°209, pp.5-7.
  1. CHAUVET J.-Y. (2013), Habitats partagés : les chaumières du Mézenc : (Ardèche et Haute-Loire), Revue Maisons Paysannes de France, n°187, 1T, p.34.