Restauration d'une maison de village (Orne)

De Maisons Paysannes de France
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Cette maison, appelée le Clos du Verger, est située à Saint-Hilaire-sur-Erre (Orne), au cœur du Parc Naturel Régional du Perche et sur le chemin de pèlerinage du Mont St Michel.

Maison restaurée à Saint-Hilaire-sur-Erre (Orne).

Photo D. & L. Guillemin © Prix René Fontaine de la Maison de Bourg.

Construite entre 1831 et 1890, elle s’inscrit dans le prolongement d’un ensemble de constructions délimitant la place du village sur laquelle s’élève l’église.

Maison visible sur une carte postale de 1915 (Orne).

Photo fournie lors de la candidature au Prix René Fontaine de la Maison de Bourg, 2012.

Avant l’ère industrielle, les maisons donnant sur cette place, de formes et de hauteurs diverses formaient un ensemble uni grâce aux matériaux locaux utilisés par les artisans. Les enduits et décors réalisés au lait de chaux permettaient de mieux relever les parements de pierre des baies, des chaînages d’angle et des corniches et donnaient des indications sur la profession ou le rang du propriétaire dans la société villageoise. Dans les années 1950, plusieurs de ces constructions ont perdu leur spécificité au profit d’ajouts d’éléments standardisés et de matériaux industriels à la mise en œuvre rapide mais non durable. C’est le cas notamment du Clos du Verger et de son jardin.

Les propriétaires actuels en ont décidé la restauration en prenant comme référence une vue de la maison présentée sur une carte postale de 1915. Le projet a été réalisée avec l’aide de Maisons Paysannes de l’Orne et des entreprises adhérentes à la Charte de qualité pour la restauration du patrimoine bâti du parc naturel régional du Perche (notamment pour les travaux extérieurs).

La maison, ses dépendances et son jardin ont remporté le prix René Fontaine en 2012 dans la catégorie Prix de la maison de bourg.

Avant les travaux

Maison avant restauration à Saint-Hilaire-sur-Erre (Orne).

Photo D. & L. Guillemin © Prix René Fontaine de la Maison de Bourg.

Maison

Jardin avant la restauration de la maison à Saint-Hilaire-sur-Erre (Orne).

Photo D. & L. Guillemin © Prix René Fontaine de la Maison de Bourg.

Cette maison a fortement été transformée dans les années 1950 avec la suppression de deux fenêtres, remplacées par une grande baie (aux dimensions plus larges que hautes) et la construction d’une large lucarne rampante souvent appelée par erreur « chien assis ». Les fenêtres comportent des volets pliants en métal.

Les murs sont en moellons et libage de pierre calcaire recouverts d’un enduit ciment (sauf sur le pignon ouest donnant sur le jardin). La façade donnant sur la place du village comporte un parement de fausses pierre en soubassement et un larmier en béton au-dessus de la porte.

Sur le pignon du jardin, seul à ne pas être couvert de ciment, un appentis en parpaing est accolé. 

La toiture en tuiles de terre cuite de pays est en bon état mais repose sur une charpente ancienne usée.

Jardin

L’arrière de la maison comporte une terrasse ainsi qu’un chemin en béton divisant la pelouse en deux. Une haie de thuyas borde le fond de la propriété.

Travaux de restauration

Maison restaurée à Saint-Hilaire-sur-Erre (Orne).

Photo D. & L. Guillemin © Prix René Fontaine de la Maison de Bourg.
Les travaux ont commencé par le piquetage de l’enduit ciment sur les façades avant et arrière de la maison afin de retrouver les maçonneries d’origine devenues très dégradées. Les encadrements d’origine des baies, en pierre, ont été entièrement reprises par l’entreprise de maçonnerie.
Jardin avant la restauration de la maison à Saint-Hilaire-sur-Erre (Orne).

Photo D. & L. Guillemin © Prix René Fontaine de la Maison de Bourg.
Un enduit de chaux aérienne et de sables locaux a été appliqué jusqu’au nu des pierres d’encadrement.

La charpente a été renforcée et les tuiles plates anciennes ont été récupérées pour restaurer la couverture.

L’aménagement des combles a nécessité la création de deux lucarnes à fronton côté sud, donnant sur la place du village. 

L’ancien fournil et l’appentis accolés sur le pignon ont été remis en état et mieux intégrés à l’ensemble. L’appentis en parpaing, visible depuis la rue, a notamment été recouvert d’un bardage en bois afin de s'intégrer au mieux à l'environnement.

A l’intérieur, les planchers en terre crue ont été conservés et restaurés puis couverts d’un parquet en chêne local réalisé et posé par un artisan menuisier du Perche, qui a également réalisés les huisseries.

Pour isoler, la ouate de cellulose a été installée en toiture tandis que les parois verticales ont été isolées avec du chanvre et de la laine de bois. Après séchage des enduits à la chaux, la couleur de la peinture protégeant les fenêtres et portes a pu être choisie pour correspondre au mieux aux teintes des façades. Une peinture naturelle de couleur gris-vert, faisant partie des teintes recommandées par le Référentiel des couleurs du Parc Naturel Régional du Perche[1], a été choisie.

Côté place de village, le trottoir en ciment a été retiré

Côté jardin, la terrasse en béton a été remplacée par une terrasse en pavés de rue et le chemin de béton traversant la pelouse a été supprimé. Des essences locales ont été plantées dans le jardin et la cour à la place du thuya, offrant ainsi plus de relief à cet espace paysagé.

L’installation d’une cuve de récupération d’eau de pluie enterrée, d’un bac à compost et l’enfouissement des réseaux EDF et Télécom sont également des éléments ayant favorisés l’obtention du « Label gîte de caractère, de charme et de qualité environnementale » au Clos du Verger.

La restauration de cette maison est l’un des exemples d’une réversibilité possible d’un bâti, promouvant les savoir-faire d’origine et les matériaux locaux, éléments indispensables à la préservation du patrimoine.

Financement

Ce projet de restauration a reçu une subvention du Conseil général de l’Orne ainsi qu’un fonds de la Liaison entre actions de développement de l’économie rurale (LEADER) soutenant des projets de développement rural dont le but est de revitaliser les zones rurales et de créer des emplois.

Bibliographie

  • LEADER, Présentation de l’association, Article de janvier 2017. Disponible à l'adresse : http://leaderfrance.fr/presentation-de-lassociation/
  • LE LOGIS DE SAINT HILAIRE, Création d'un gîte rural, disponible à l'adresse : http://lelogisdesainthilaire.unblog.fr/
  • MAISONS PAYSANNES DE FRANCE, Restauration d’une maison de village pour un hébergement touristique, Candidature pour le Prix Maisons Paysannes de France - René Fontaine, 2012. Pour plus d'informations, Maisons Paysannes de France, Prix Architecture et Patrimoine : http://maisons-paysannes.org/actualites/?24818_savoir-jury-prix-architecture-patrimoine-mpf-2
  • MAISONS PAYSANNES DE FRANCE, Concours Maisons Paysannes de France René Fontaine, Fondation du Patrimoine, Palmarès 2012. Pour plus d'informations, Maisons Paysannes de France, Prix Architecture et Patrimoine : http://maisons-paysannes.org/actualites/?24818_savoir-jury-prix-architecture-patrimoine-mpf-2
  • PARC NATUREL RÉGIONAL DU PERCHE, Conseils pour la restauration du patrimoine bâti, 2017. Disponible à l'adresse : http://www.parc-naturel-perche.fr/le-parc-en-action/des-patrimoines-proteger/bati  
  • PARC NATUREL REGIONAL DU PERCHE, Les couleurs du bâti percheron, Juin 2019. Disponible à l’adresse : https://fr.calameo.com/read/002490474663e0efebae3
  • PONTVIANNE C., GUILLEMIN L. et D., L’avenir des maisons de village, Concours, Revue Maisons Paysannes de France, n°191, 1T, 2014. pp.4-6.

Références

  1. PARC NATUREL RÉGIONAL DU PERCHE, Les couleurs du bâti percheron, Juin 2019. p.4. Disponible à l’adresse : https://fr.calameo.com/read/002490474663e0efebae3